Chapitre 9

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"Le présent est une des clés du bonheur" Christophe André

Je m'arrache à la contemplation des immeubles qui défilent sous mes yeux pour contempler Tammy qui gigote contre ma poitrine. Je rajuste sa position dans l'écharpe qui me sert de porte-bébé, puis caresse son dos jusqu'à ce qu'elle sombre de nouveau dans le sommeil. Je me demande si c'est une bonne idée de l'amener avec moi dans un bar si tard le soir. Je jette un coup d'œil au tableau de bord pour lire l'heure : 21h12.

― N'y pense même pas ! m'avertit Evy, assise à mes côtés dans le taxi.

Je lui souris. Depuis une semaine qu'elle vit avec moi, j'ai découvert qu'Evy avait un sens aiguisé de l'observation. La gestuelle des personnes n'a apparemment aucun secret pour elle.

― Tu vas te détendre en écoutant de la bonne musique, explique-t-elle en caressant la joue de sa nièce.

― Tu n'aimes ni le jazz ni le blues.

Elle hausse les épaules.

― J'ai juste besoin d'un cocktail et de sortir de chez toi.

― Tu n'as pas l'âge de boire de l'alcool.

Elle lève les yeux en l'air d'un air exaspéré. Comme si ça ne suffisait pas, elle pousse un soupir à fendre l'âme.

― Le patron fera bien une exception pour moi, minaude-t-elle. D'après Julia, il ne pourra rien te refuser.

Une part en moi est heureuse qu'elle ait fini par considérer ma meilleure amie comme une femme cool selon ses termes alors que l'autre part maudit Julia de prendre sa revanche quand je m'immisçais dans sa vie intime et tumultueuse avec Matt pour lui balancer un max d'infos.

― Certainement pas, asséné-je. Il pourrait avoir des problèmes.

― ... t'es chiante, marmonne-t-elle.

Les derniers mots prononcés sont assez compréhensibles pour m'indigner.

― Pardon ?!

― Dans mes souvenirs, t'étais une rebelle qui assumait !

― Rebelle dans la légalité. Et maintenant, j'ai d'autres responsabilités.

― Comme si ça t'empêchait de rester fun, ajoute-t-elle, butée.

Là, j'ai vraiment envie de retourner chez moi. Ma réflexion est interrompue par l'arrêt du taxi. Mes yeux sont attirés par l'enseigne sur ma droite : The Nouna. Nous y sommes. J'avoue qu'une curieuse excitation m'envahit à l'idée de découvrir enfin ce lieu emblématique que j'ai scruté sur Instagram.

― Ce soir, j'ai bien l'intention de fêter mon séjour à New York ! me défie Evy qui sort en claquant la portière.

Je souffle et avoue que j'aurais préféré profiter de cette soirée sans avoir un œil vigilant sur ma p'tite sœur. Je paie le chauffeur et rejoins Evy qui m'attend à l'entrée du bar. Je contemple la devanture. La vitrine affiche plusieurs photographies géantes en noir et blanc de groupes et chanteurs de jazz sur scène, affublés d'une contrebasse, d'une guitare, d'un piano ou d'une trompette. Des personnalités qui me sont vaguement familières. Mais peu importe, les clichés dégagent un air d'antan qui diffuse la bonne humeur et le sourire.

Le ciel nocturne disparaît quand nous pénétrons le seuil d'entrée, laissant place à une atmosphère intimiste. Les notes d'une chanteuse à la voix aérienne nous enveloppent d'un voile de bien-être. Un sentiment qui m'envahit au point que je ferme les yeux pour en imprégner chaque cellule de mon corps. Je pouffe quand Tammy émet un soupir d'aise. Enfin, c'est ce que j'ai envie de croire. Mes lèvres se posent sur sa tempe avec tendresse.

La mélodie du bonheurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant