La mélodie du bonheur

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Ses yeux se fixent sur un dessous de verre qu'elle prend entre ses doigts et qui est une reproduction du logo de mon enseigne.

― C'est du morse ? s'enquiert-elle en passant son doigt sur les quatre petits traits irréguliers.

― Nop, m'amusé-je qu'elle demande. C'est un symbole qui associé au prénom Nouna signifie mon nouveau départ. C'est comme un porte-bonheur si tu préfères.

Tout comme Kris, elle fronce les sourcils, paumée dans mon explication.

― Tu l'as créé par rapport à un souvenir avec ta grand-mère ?

Je secoue la tête.

― Je n'ai rien eu à inventer ou à imaginer. Il s'est imposé à moi comme une certitude que j'avais fait le bon choix de m'installer à New York.

Elle plisse les yeux, pas dupe de mon manège à éluder la véritable signification. Elle repose l'objet cartonné sur mon bureau, puis me décoche un sourire entendu. On se laisse porter par la mélodie lente d'une guitare et d'un piano. C'est si simple, si évident entre nous que je pourrais rester des heures à savourer ce moment avec Tammy blottie contre moi.

― Nouna est un beau prénom. C'est quelle origine ? me questionne-t-elle.

Mon sourire s'élargit. Cette anecdote, j'en suis fier.

― C'est arabe. Mais ma grand-mère était italienne. Tout petit, je l'appelais Nouna au lieu de Nonna. Impossible de le prononcer autrement. Ça a fini par amuser ma famille jusqu'au jour où ma grand-mère a découvert la signification.

Un coude posé sur son genou, le menton en appui sur son poing, ma révélation la subjugue.

― Nouna signifie être une femme chaleureuse, accueillante, qui communique son enthousiasme à son entourage. Sans le savoir, j'avais trouvé le surnom parfait pour elle. Elle a adoré et, depuis, ça ne l'a jamais quittée. Tout le monde a fini par l'appeler comme ça.

― J'adore ton histoire ! déclare-t-elle en jetant un regard circulaire dans la pièce. Elle doit te manquer ?

Je pose une main sur ma poitrine.

― De ne plus la voir, oui, mais elle continue de me guider au quotidien.

Elle penche la tête sur le côté, comme si elle me jaugeait.

― Et quels sont tes défauts ?

Je me marre.

― Pourquoi veux-tu connaître mes défauts ?

― Parce qu'entre ton affection pour ta Nouna, ton côté protecteur envers Kristen et ta facilité à t'occuper de ma fille, ça doit bien cacher quelque chose ?

J'éclate de rire face à son ton taquin.

― Je ne cherche que le bonheur des personnes que j'aime.

Je la couve d'un regard appuyé. C'est peut-être trop tôt, trop direct, mais mes sentiments ne m'ont jamais fait peur et les exprimer, encore moins. Abby ne semble pas mal à l'aise. Elle est plutôt relaxe quand elle se blottit dans le fond du fauteuil, un sourire aux lèvres. Je prends ça comme un signe pour poursuivre.

― Et pour mes défauts, tu auras tout le temps de les découvrir.

― C'est une invitation à ce que l'on se revoie ?

Je hausse un sourcil, incrédule.

― Je n'ai pas été assez clair ?

C'est à son tour de rigoler.

― Parfaitement clair.

Un court silence s'ensuit avant qu'elle ajoute :

― Avant Tammy, j'aurais fermé cette porte à clé pour qu'on passe un bon moment tous les deux.