Chapitre 13

47 7 48
                                    




-  Donc c'est comme ça qu'on finit 5 ans après ? Tout ça pour ça ? Il a raison le vieux tu es devenue complètement faible ! Je suis folle de rage en voyant ce que tu es aujourd'hui ! Après tout ce temps où est passé ton envie de te venger ! De te libérer !? Tu me dégoûtes, tu es pathétique!


Elle me hurle ces mots au visage, je n'oses même pas la regarder en face. Je pense être dans ce trou à rat depuis trop longtemps maintenant, et mon esprit me joue des tours à présent. Face à mon visage elle continue.

- Tout ça pour revenir à la case départ, dans ce trou pourris. En plus tu connais déjà le schéma hein !

Je n'arrives qu'à hocher la tête pour acquiescer. Alors je lève mes yeux vers elle, je l'observe quelques secondes et elle fait de même. La jeune fille face à moi est amaigrie, ses joues son creusent, et je peux voir la forme de ses cotes à travers son t-shirt trop serré pour sa taille. Ses cheveux sont mal coiffés et visiblement en mauvaise santé.

J'essaye alors d'humidifier mes lèvres en passant ma langue dessus, afin de lui répondre, je constate que mon état n'est pas meilleur que le sien, aussi bien physique que mental. Pour preuve je suis en train de lui parler en ce moment même. Je tente d'inspirer profondément mais l'air étant rempli de poussière et d'humidité je me mets à tousser avant de lui répondre.

- Tu es une ado en colère contre la vie qui a été injuste avec toi, depuis toujours, je ne suis pas faible j'ai simplement acceptée qui je suis et ce qu'on me dit de faire. J'ai juste acceptée mon sors.

- Une ado en colère c'est à ça que tu me réduis, après tout ce qu'on a vécue tu ose te réduire seulement à une « ado en colère » !? Et Ezra t'as aussi acceptée hein ? Et je te rappel que c'est pour ça que t'es là ce soir ! Putain mais t'es devenue une merde à ce point !? Au point où même lui tu l'a laissé avoir le putain de dessus sur toi ENCORE UNE FOIS ! Putain je rêvais de lui faire la peau ! On devait se venger de tous ceux qui nous on fait du mal, puis mener la vie dont on rêvait ! Tu as oublié ? Dis moi que tu n'as pas oubliée...

Suite à ces mots elle se met à pleurer, les larmes coulent sur mes joues également. Bien sûr que je n'ai pas oublié ce que désirait cette enfant, celle que j'étais. Mais se résigner et obéir était plus simple que se battre pour ce que je voulais. La vie dont je rêvais, celle où je me lève chaque matin sans images sanglante, sans contraintes, sans être tenue par une dette qui n'est pas la mienne et dont je n'y suis pour rien.

On ne choisi pas sa famille. Et je n'ai pas choisie cette vie.

Nous continuons de pleurer ensemble, lorsqu'elle vient s'asseoir à mes côtés en posant sa tête sur mon épaule. Nous restons ainsi un moment, sans bouger, nous laissons notre tristesse et notre désarrois perler le long de nos joues.

- Je déteste ce qu'on est devenue, ce n'est pas ce qu'on voulait à dix-sept ans. S'il te plaît libère nous de tout ça.

Ses mots résonnent dans ma tête tel un murmure lorsque je me rends compte que la Elyanore de dix-sept ans n'est plus à mes côtés.

Le temps s'écoule sans que je ne saches si il s'agit de minutes ou d'heures. Mon esprit divague vers d'anciens souvenirs, vers de vieilles pensées. Alors je me revois arpenter les rues de la ville qui a fait de moi celle que je suis aujourd'hui. Marcher seule dans la nuit, seule dans les couloirs du lycée et seule chez moi.

Je revois maintenant mon père, celui qui ne s'est jamais comporté comme un père en réalité. Son regard remplis de dégoût, le seul regard qu'il ait posé sur moi d'ailleurs. Ses poings marquant chaque centimètre de ma peau, moi trop faible pour riposter, recroqueviller sur le sol. Ses mots étant plus durs à supporter que ses coups.

Il me rappelé sans cesse à quel point j'étais une erreur, que c'était moi qui aurait du mourir ce jour là.

Puis je le revois, étendu sur son lit, la mousse coulant de sa bouche, la vie ayant quitté ses yeux.

- Pa... papa.. papa...

Ces mots sortent de ma bouche comme des supplications, des appels à l'aide, ou à la mort.

- Ça y est tu as vraiment perdue la tête meuf !

Cette voix à la fois la familière mais aussi étrangère me sort de la « trance » dans laquelle je me trouvais.

Ma gorge est sèche, je me reprends plusieurs fois avant de pouvoir avaler correctement ma salive. Face à ce retour à la réalité je me rends compte que je tremble de tout mon être. Les liens en métal tranchants mes poignets à chacun de mes mouvements. Et petit à petit ma situation me revient à l'esprit. Un rire sans joie m'échappes. J'en oublie mon interlocuteurs se tenant de l'autre côté de ma cellule.

- J'ai perdue la tête il y a quelques années déjà. Un son grave se voulant ressembler à un rire s'échappe de ma gorge. Je peux avoir un peu d'eau avant de mourir desséchée s'il te plaît ?

Je peine à lever la tête pour voir la personne à qui je m'adresse. Avant de me répondre il se racle la gorge comme gêné par ma demande soudaine.

- Bah quoi ? Tu pensais me retrouver à moitié morte ? Sans pouvoir parler et me laissant faire comme une poupée de chiffon ? J'ai déjà vécue ça je te rappelle. Étape numéro une : on affaiblis mon corps et mon esprit afin de me rendre docile au possible. Étape numéro deux : On me sort d'ici pour un entraînement physique et j'ai de nouveau droit à de la nourriture. Et enfin étape numéro trois : Le renforcement mental où je suis obligée de tuer, découper et me débarrasser de personne qui me sont inconnus. Pour ensuite en faire mon quotidien.

Lorsque je termine d'énumérer ce qui va m'arriver je suis à bout de souffle, déjà trop éreinter je continue à perdre le peu d'énergie qui me reste bêtement.

La personne qui se tient devant moi, mais dont je n'arrives toujours pas à discerner ni les traits de son visage, ni le corps m'écoute sans m'interrompre, alors essoufflée je n'ajoute rien, attendant qu'on me mène exécuter la suite du plan que je viens de dépeindre. Un silence s'installe alors entre nous et je pense même que ce dernier à s'en aller informer le chef que je ne suis pas encore assez calmée.

J'ai raté ma chance de revoir le soleil. J'ai encore raté.

Entendant un raclement de gorge je comprends qu'il est toujours là. D'un côté cela me rassure, sentir une présence qui ne provient pas de mon imagination.

- Je m'excuse je ne savais pas. Pour ce que tu as vécu et ce que tu allais vivre. Vraiment.

Ses mots me paraissent trop sincère pour être quelqu'un travaillant ici. Mon esprit m'aurait vraiment quitté au point de m'inventer une voix masculine comme ami imaginaire ?

- Qui es-t...

Je ne termines pas ma question qu'il m'interrompt.

- Je dois t'emmener quelques part, tu n'as rien à faire ici.

Ne sachant quoi répondre je me taire dans le silence, Ils avaient modifié leur script pour mieux m'avoir ? Me sachant coupée de tout contact avec une personne extérieur, ils pensaient que je ne me rendrai compte de rien ?

Pendant que je me faisais cette réflexion, l'homme inconnu s'introduit dans ma cellule et se rapproche de moi. Je panique ne peux pas bouger, mes chaînes m'empêchant de m'échapper, de me défendre. Je suis vulnérable face à un homme, une nouvelle fois, comme toujours.

Un tissu entre au contact de mon visage enveloppant ma mâchoire de mon nez à mon menton. Et bientôt mes yeux se ferment, je me laisse emporter par le profond sommeil qui s'offre à moi.




Fin de ce chapitre

Hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé !

 A bientôt Elya ❤️


Amour FouOù les histoires vivent. Découvrez maintenant