Chapitre 15

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- Lâche moi, je peux marcher. Lâche-je dans un murmure.

Il ne me répond pas, ce qui m'exaspère, mais je suis bien trop fatiguée pour m'énerver contre lui à ce moment-là, je laisse ça pour plus tard. Tandis qu'il me porte, nous avançons vers cette immense demeure.

Dans un silence de plomb il me ramène dans la chambre où je me suis réveillée plus tôt, mes yeux ne voient plus très clair lorsqu'il me dépose délicatement sur les draps du lit. Suite à cela je sens un côté du lit s'affaisser sous son poids. J'ai envie de le confronter, de lui hurler de me laisser tranquille, de me laisser partir.

Mais je parviens à peine à garder mes yeux ouverts pour le regarder, affronter son regard, puisque je n'ai accès qu'à ça, le reste de son visage étant masqué. Et ce que je  perçois dans ses pupilles me laisse perplexe, un mélange de tristesse et de frustration. Je ne lui dis rien, et lui non plus, nous restons ainsi, jusqu'à ce que je m'endorme. Au moment où mes yeux se ferment, je peux sentir sa main passer sur ma joue. Et je sombre et les bras de Morphée m'emportent.

Mon sommeil est perturbé par des songes toujours aussi sombres. Je cours en essayant de fuir des chaînes, des cordes et des mains voulant m'emprisonner. Je cours à en perdre haleine ne souhaitant qu'une chose, être le plus éloignée possible de ces personnes qui veulent m'enfermer dans un rôle, une vie, que je ne désires pas. La terreur m'envahis alors que ces dernières menaces se rapprochent dangereusement de moi, je veux m'enfuir. Alors que je m'apprête à sauter dans le vide, une de ces mains m'attrape par la gorge, elle m'étrangle tout en me traînant en arrière vers ces ténèbres dont je m'acharne à échapper.

Alors que je sens le manque d'oxygène me faire défaillir,  je me réveille en sursaut, la sueur perlant sur mon front, essoufflée je m'assois sur le lit. Mon mouvement est ralenti par un bras autour de ma taille. Je remarque alors Ezra, à visage découvert, endormi à côté de moi. En un bond je sors du lit, ce qui le réveille par la même occasion. Celui-ci s'assoit sur le lit dos à moi.

- Avant que tu ne me tue saches que si j'étais dans cette position c'est pour ton bien. M'annonce-t-il encore à moitié dans les vapes.

- Alors à moins que dormir à côté d'une personne sans son consentement est ta définition du « bien » il n'y a vraiment aucune raison valable à ce que tu sois là maintenant. Lui ai-je rétorqué en levant le ton sur lui.

- Humm.. Non ce n'est pas ça, tu étais en hypothermie. Courir à moitié nu dans la neige, sachant que tu étais déjà mal au point. A peine allongée sur le lit tu t'étais endormie, tu t'es ensuite mise à trembler et je t'ai serré contre moi pour faire monter ta température. Je jure que mes intentions étaient bonnes.

Je ne sais pas ce qui m'agace le plus entre le fait qu'il ait peut être raison, qu'il ne me parles pas en face ou que je lui sois redevable désormais.

Je ne peux m'empêcher de voir à quel point il à changé physiquement, en effet le haut de son corps est dénudé, ce dos mon Dieu, ses muscles son bien définis, il s'entretient et ça se voit. Je ne réponds rien pendant que je l'observe de l'autre côté du lit. Ce dos est décoré d'un d'un serpent le long de la colonne vertébrale avec en arrière plan un paysage astrale. C'est harmonieux, je me demande si il en a d'autre.

Il ne m'avait pas fait part de son envie de se faire tatouer à l'époque. Mais je lui avait parlé du fait que j'aimais les reptiles. Il avait trouvé ça amusant venant d'une fille.

- Ma nébuleuse je te parles, tu peux te reconnecter à la conversation s'il te plaît ? Me demande-t-il en penchant à moitié sa tête sur le côté.

Je peux maintenant voir son profil.

Je sors de mes pensées en secouant la tête, je suis rester à le fixer pendant je ne sais combien de temps. Je ressens mes joues se réchauffer mais je ne tiens pas à ce qu'il perçoive ma gène. Et le fait qu'il ose continuer de m'appeler par ce surnom, un mélange de colère et de nostalgie m'envahit.

- Sors. Crache-je sèchement.

- Pardon ? Me demande-t-il avec une note d'incompréhension dans la voix.

- Je t'ai dis de sortir putain. Sors ! Je ne veux pas te voir ! Je ne veux pas de toi ! Et par dessus toi je ne veux plus t'entendre m'appeler comme ça  Ai-je fini par lui crier. 

- Bon, j'insiste pas, je te laisse.

Il sort enfin de la chambre, fermant la porte derrière lui. Alors je restes planté là, pleine de ressentiments. Maintenant qu'il n'est plus là, la pièce me semble immensément vide. Et ne sachant pourquoi cette solitude me serre le cœur, je tombe à genoux sur le sol froid. Mes yeux me brûlent tandis qu'ils se remplissent de larmes.

Je veux m'enfuir mais tout mon corps me fait souffrir autant à l'intérieur qu'à l'extérieur. Je sais bien que je ne suis pas au top de ma forme. Mais dès que je pourrai, je le tue dans son sommeil et je lui vole sa voiture, si il en a une. En attendant je n'ai qu'à être patiente, reprendre des forces et tout ira mieux. Je n'en peux plus d'être toujours la prisonnière de quelqu'un.

Après un moment à pleurer j'entends qu'on toque à la porte, on dirait bien qu'il n'a pas compris ce que signifie me laisser seule. Je ne bouge pas espérant que ce dernier changera d'avis et n'osera pas ouvrir cette porte. Sans surprise il ose !

Une touffe rousse apparaît dans l'entrebâillement, puis toute une tête, un visage souriant que je connais. Je n'en crois pas mes yeux. Ses boucles rousses, ses yeux bleus pétillants et son sourire plein de malice, Jack est devant moi, la seule personne que je n'ai jamais considéré comme un ami.

- Je suis encore en train d'halluciner c'est ça ? J'vais imaginer chaque personne qui ont compté un minimum dans ma vie ?

- Non, ma vieille, je suis bien là. Me répond ce vieil ami devant moi tout sourire.

En le voyant les larmes reprirent de plus belle, je me diriges en courant vers lui pour le prendre dans mes bras. Enfin une personne qui ne me veut pas du mal ou m'utiliser. En pensant cela je me demande ce que ce garçon fait ici.

- Jack. Qu'est-ce que tu fais là ?  Lui ai-je demandé ma tête toujours plaquée contre son torse.

- Et bien dans un premier temps je suis venu t'informer que tu as une salle de bain à disposition ainsi que des vêtements. Mais maintenant je t'avoue que je préfères recevoir des câlins. M'informe-t-il en me serrant davantage contre lui.

- Non je voulais dire. Pourquoi es-tu présent dans cette maison ? Toi aussi il t'a  kidnappé ? Tu es forcé de travailler pour eux ? Toi aussi t'as une dette ? Le questionnais-je en attrapant ses épaules.

Il me caresse doucement la tête et rit tout bas tout en secouant la sienne.

- Alors je ne sais pas ce que tu as vécu depuis le lycée mais tu te trompes totalement, je travaille avec Ezra parce que je le veux et encore plus maintenant que tu es là.

Je me sens soulagée de savoir qu'il est ici de son propre chef. Mais d'un autre côté j'aurai aimé qu'on soit dans la même situation, l'union fait la force, nous aurions pu nous évader ensemble. De plus,  avec son timbre de voix, je comprends qu'il est ravi de me voir ici avec eux. Je ne sais pas si je dois me sentir rassurée de le voir là où au contraire me méfier de sa présence.

Je ne lui montre pas mon trouble pour le moment, je verrai bien selon son comportement dans les jours à venir.

Voyant que je reste sans réponse, il reprend.

- Le dîner sera prêt à dix-neuf heures trente,  tu pourras te débarbouiller et te changer. On t'attendra dans la salle à manger au rez-de-chaussée. Je serai ravi de t'avoir à table, c'est moi qui cuisine.

Je le remercie, il repart en me laissant à nouveau dans ce silence. Je n'ai pas envie d'être attabler avec Ezra et de partager un repas comme si cette situation était normale. Malgré tout, mon estomac me hurle de le remplir.









Fin de ce chapitre.

J'espère qu'il vous plaira, hésitez à me partager vos avis.

A bientôt, Elya ❤️

Amour FouOù les histoires vivent. Découvrez maintenant