Amour Fou

Chapitre 16

Je me dirige alors vers une porte qui se situe au fond de la chambre pendant qu'il s'agit de la salle de bain. Bingo, une grande salle de bain, les murs sont en carrelage effet béton gris, le reste des meubles sont noire mat et en bois, équipé d'une grande douche à l'italienne dans les mêmes tons. J'aime beaucoup c'est simple et apaisant.

Je laisse couler l'eau afin qu'elle se réchauffe, avant de m'y glisser. La chaleur me donne la sensation de renaître, un sentiment d'apaisement émerge en moi. Je pousse un soupir de plaisir.

En cherchant de quoi laver mes cheveux, je constate que mes produits habituels sont posés sur une étagère à l'intérieur de la douche. Je lève les yeux au ciel, évidemment, autant me kidnapper avec tout le nécessaire.
Je n'en suis pas moins heureuse de retrouver un minimum de familiarité.

En parlant de familiarité je me mets à penser à Jack, que faisait-il ici ? Et depuis quand travaille-t-il avec Ezra ? Quel est leur lien et depuis quand sont-ils proches ? Est-ce qu'il sont proches même ?

J'ai trop de questions en tête ! Je me recroqueville sur moi même, laissant l'eau se déverser sur ma tête. De toute façon je m'en irai avec ou sans aide, il me faut juste du temps.

Après m'être nettoyée et rasée de la tête au pied trois fois, je sors de la douche en enroulant une serviette autour de moi. Je passe ma main sur le miroir en forme de cercle pour effacer la buée afin de me voir. J'ai une sale tête. Mes joues sont creusées, j'ai des cernes et la peau sèche. Je m'attarde quelques secondes pour regarder les tâches d'acnés présentent sur mes joues. J'aurai bien aimé avoir un petit moment de skincare, je devais en racheter de toute façon je doute qu'il ait pensé à ça aussi. À moins que... j'ouvre un des tiroirs sous le robinet et rien. Enfin rien, pas de skincare mis à part ma crème hydratante, c'est déjà ça.

Je m'en applique généreusement sur tout le corps, je renais à chaque fois que j'apporte quelque chose à mon corps.

Je me demande si Jack cuisine bien, rien que d'y penser mon corps me hurle de me dépêcher de le rejoindre. Il y aura Ezra ? Il y aura des lasagnes ? Quoiqu'il en soit je vais me régaler.

Je me rends ensuite devant l'armoire que j'ouvre en grand. Voyons voir ce qu'il y a de confortable, j'opte pour un survêtement large gris et un sweat de la même couleur.

Ce moment de bien être me fait presque oublier que je suis ici contre ma volonté, alors que je me précipite vers le couloir la réalité me retombe dessus. Je suis encore et encore prisonnière d'un homme qui me gâche la vie. Mes doigts se serrent autour de la poignet de porte en pensant à tout ce que j'ai traversé et ce que je risque encore de vivre.

Je prends une grande inspiration et souffle longuement pour me calmer. Ça ira il suffit que je reste le plus loin possible de l'autre idiot et que je reste près de Jack.

Je sors alors de ma chambre et pars à la recherche de la cuisine, je pense que c'est l'endroit où se trouve Jack. Il est bientôt l'heure du dîner après tout. Je traîne alors dans les couloirs, descendant les escaliers et regardant dans chaque coin à la recherche de la cuisine que je peine à trouver.

Arrivée au rez-de-chaussée je laisse la délicieuse odeur de nourriture me guider. Ayant été en manque de nourriture pendant je ne sais combien de temps, j'ai l'impression que mon odorat est devenu surdéveloppé.

Grâce à mon nez je trouve enfin la cuisine. Jack est, comme je l'imaginais, derrière les fourneaux. Il est vêtu d'un pantalon de costume bleu nuit et d'une chemise blanche, il porte un tablier de ménagère, ce qui me fait doucement sourire. Je ne l'aurai jamais imaginé en parfait cuisinier. J'arrive doucement derrière lui et je le surprends sans le vouloir, il sursaute de surprise. Sa réaction, malgré moi, me fait pouffer de rire. Je n'avais pas ris depuis tellement longtemps. Je m'excuse de lui avoir fait peur et nous rions ensemble. Ce petit moment me donne l'impression que rien n'a changé depuis le lycée, ça me fait un bien fou de retrouver un peu de familiarité dans ce bordel qu'est devenue ma vie.