Amour Fou

Chapitre 17

Ses mains sont toujours sur mon visage. Ses yeux sont toujours ancrés dans les miens. Sa respiration se veut forte et je n'ose pas bouger d'un centimètre. Ma gorge devient soudainement sèche, mon regard allant de sa cicatrice à ses yeux.

Je ne peux m'empêcher de me demander comment une telle marque a pu arriver sur son visage, ce même visage dont j'étais folle plus jeûne. Mon cœur se serre pendant que je repense à tout l'amour que je portais à cette personne qui est maintenant devenue un inconnu. Un inconnu qui prétend toujours m'aimer malgré le temps qui s'était écoulé depuis son départ de ma vie. Je sens que l'émotion me submerge, mais je ne veux pas pleurer, pas devant lui. Même si je l'admet, son touché m'a manqué, sa présence, sa voix, son regard, tout son être m'a manqué. Mais je ne peux pas, je ne peux plus le laisser me hanter et emporter mon cœur, une nouvelle fois. Même si actuellement il est vrai qu'il bat à cause de sa proximité.

Je ne tiens à ce qu'il perçoit le trouble qu'il me cause, j'essaye tant bien que mal de garder un regard inexpressif face à lui. Même si mes pensées sont toutes autres.

J'entends Jack se lever, avancer vers Ezra et poser sa main sur son épaule.

• - C'est bon, elle te regarde, tu as toute son attention. Tu peux retourner t'asseoir s'il te plaît ? Lui demande-t-il avec une voix douce, presque pour le rassurer.

Face à ces mots, il baisse alors la tête ce qui rompt notre contact visuel et me demande dans un murmure

• - S'il te plaît ne m'ignore plus.

Sa demande me paraît comme une supplication, mon cœur déjà dans tous ses états, se serre affreusement. Ne parvenant pas à lui répondre, à cause de ma gorge beaucoup trop asséchée dû à toutes les émotions qui m'ont traversé, je me contente d'hocher la tête.

Chacun des hommes reprend alors sa place, je croise le regard désolé de Jack, mais n'ose pas y répondre. Le repas reprend alors son cours, seul le bruit des couverts vient perturber le silence de plomb qui domine la pièce.

Une fois le supplice du souper terminé, Ezra est remonté dans ce que je pense être ses appartements. Je reste aider Jack pour débarrasser la table et nettoyer la cuisine. Il n'a d'ailleurs pas dit un mot depuis la scène de ce soir. Je me demande vraiment quel est leur lien et pourquoi Ezra a réagit dès le l'instant où Jack lui a demandé, et cette voix suppliante ce n'est pas l'homme que je connais, celui que je connais aurait envoyé mon ami dans le mur à peine ce dernier aurait ouvert la bouche.

Je ne comprends rien à ce qu'il se passe ici.

Alors que Jack termine de ranger la vaisselle, je reste à ses côtés et pousse un long soupir.

• - Oui ? Me demande-t-il avec un sourire narquois au coin des lèvres.

• - Rien, je me demande simplement comment vous avez pu devenir aussi proche. Que je sache, vous n'avez aucun point commun, si ?

• - Et si tu allais t'installer dans le salon ? Je te rejoins dans quelques petites secondes. Sa demande étant plus un ordre poli.

Je ne m'attarde pas et me rends dans la pièce à vivre. Je m'allonge de tout mon long sur le canapé et scrute en détails la pièce en attendant que mon ami me rejoigne. Elle est décorée comme ma chambre et j'imagine le reste de la maison, sobrement. Il y a une cheminée où un feu y crépite, permettant à la pièce de se réchauffer un peu. Je me lève pour me rapprocher de la source de chaleur, je ne sais pas si c'est à cause de la fatigue ou de mon état physique mais je meurs de froid malgré ma tenue déjà chaude.

Alors que toute mon attention est entièrement aspirer par les flammes qui dansent devant moi, un plaid se dépose sur mes épaules. Mon regard quitte alors le spectacle de feu qui s'offrait à moi pour rejoindre la silhouette du rouquin qui s'installe à mes côtés. Ce dernier me tend une tasse fumante. Je souris en l'acceptant avec plaisir.