Chapitre :23

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BONNE LECTURE 📖

Les jours qui suivirent la mort de mon père furent comme un long cauchemar dont je ne parvenais pas à m'éveiller. Chaque matin, je me réveillais avec ce vide profond qui semblait dévorer mon cœur. La maison familiale à Mbour était remplie de gens venus pour soutenir notre famille, mais malgré leur présence, je me sentais seule, perdue dans un océan de douleur.

Ma mère, bien que forte en apparence, semblait avoir vieilli de plusieurs années en seulement quelques jours. Elle restait silencieuse, ses yeux souvent rivés sur le vide, comme si elle cherchait encore mon père quelque part dans l'air qui nous entourait. Khadim, quant à lui, faisait de son mieux pour être présent pour elle, mais je pouvais voir la souffrance qu'il tentait de cacher derrière son rôle de fils aîné.

De mon côté, la culpabilité me rongeait. Pourquoi avait-il fallu que ce soit ce jour-là, celui de mon départ pour Dakar ? Avais-je manqué un signe, un avertissement ? J'aurais voulu rester plus longtemps, être là pour lui, le soutenir davantage. Mais il était trop tard.

Un après-midi, je me retirai dans le jardin, loin du brouhaha des voix à l'intérieur de la maison. Le soleil brillait, implacable, et je m'assis sous l'ombre d'un arbre, cherchant un répit dans la nature autour de moi. C'est alors que Mouhamed me rejoignit. Il était venu aussi souvent qu'il le pouvait depuis l'annonce de la nouvelle, m'offrant un soutien silencieux mais constant.

« Comment tu te sens ? » demanda-t-il doucement, s'asseyant à côté de moi.

Je pris une grande inspiration, mais aucun mot ne me vint. Que pouvais-je dire ? La douleur était bien trop grande pour être exprimée.

« Je suis là, Amina. Je sais que c'est difficile, mais tu n'es pas seule. »

Ses mots, bien qu'apaisants, ne pouvaient pas effacer la réalité. Le manque de mon père se faisait sentir chaque minute, chaque seconde. Mais je savais que Mouhamed avait raison : je devais me raccrocher à ce qu'il me restait. À ma famille. À lui.

Le lendemain, les funérailles eurent lieu. C'était un moment lourd de chagrin et de recueillement. La cour de la maison débordait de proches, d'amis, et de membres de la famille élargie. Certains, que je n'avais pas vus depuis des années, étaient là pour honorer la mémoire de mon père. Mais au milieu des visages familiers, il y avait aussi ceux qui, malgré leur présence, apportaient des tensions.

Les familles, comme c'est souvent le cas dans nos traditions, ne sont jamais à l'abri des conflits latents. Celles du côté de mon père se murmuraient encore à propos de ma mère, certains l'accusant de l'avoir « éloigné » d'eux, comme si elle avait voulu le garder pour elle seule. Je savais que ces tensions étaient nées bien avant la maladie de mon père, mais elles prenaient une autre dimension dans ce moment de deuil.

Khadim et moi faisions de notre mieux pour rester concentrés sur l'essentiel, pour soutenir notre mère et honorer la mémoire de notre père. Nous savions que nous devions surmonter ces différends familiaux, mais la douleur du deuil amplifiait chaque mot, chaque regard.

Après les funérailles, alors que le soleil se couchait sur cette journée éprouvante, je m'éloignai un peu pour prendre un moment de solitude. Les larmes que j'avais retenues tout au long de la cérémonie jaillirent finalement, et je m'abandonnai à ce flot de tristesse. La perte de mon père n'était pas seulement un départ physique ; c'était aussi la fin d'une époque, celle où il était là pour me guider, pour m'offrir ses conseils et son amour.

Mouhamed me retrouva à cet instant, une fois de plus silencieux mais présent. Il me laissa pleurer, me laissant le temps de libérer cette douleur que je portais depuis plusieurs jours.

Ce soir-là, alors que la nuit s'installait, je pris une décision. La douleur serait longue à apaiser, mais je devais continuer, pour moi, pour ma famille, et pour honorer la mémoire de mon père. Il m'avait donné tant de valeurs, tant d'amour, et je savais qu'il aurait voulu que je reste forte, que je suive mon chemin.

Le lendemain, je retournais à Dakar, avec la promesse silencieuse de toujours porter son héritage dans mon cœur.

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