Chapitre :17

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BONNE LECTURE 📖

Le matin suivant, la lumière du soleil filtrant à travers les rideaux n'apporta pas la sérénité que j'espérais. L'appel de Ndeye Daba résonnait encore dans mon esprit. Pourquoi Malick, ce prétendant d'autrefois, réapparaissait-il maintenant ? J'avais tant évolué depuis le lycée. Mes priorités avaient changé, et surtout, j'avais construit quelque chose de solide avec Mouhamed. Mais cette nouvelle perturbation réveillait en moi une inquiétude sourde. Je savais que cette situation risquait de créer des tensions que je préférais éviter.

Malgré cette agitation intérieure, la vie à l'école de journalisme poursuivait son cours. J'avais acquis une réputation enviée, presque malgré moi. Brillante, appliquée, et toujours curieuse, je me démarquais facilement. Mes professeurs ne cachaient plus leur admiration, et plusieurs fois déjà, ils m'avaient citée en exemple devant toute la classe. Cependant, ce succès n'était pas sans conséquences.

Depuis quelque temps, je percevais une certaine froideur chez certains de mes camarades. Ce n'était pas toujours explicite, mais leurs regards en disaient long. Quelques murmures s'élevaient parfois à mon passage dans les couloirs, et bien que je feignais de ne pas entendre, leur jalousie devenait de plus en plus palpable.

Un jour, après une présentation particulièrement réussie, je surpris une conversation entre deux étudiantes de ma classe.

« Elle se croit trop parfaite celle-là, avec ses notes et ses profs qui l'adorent, » lança l'une d'elles, pensant que je ne l'entendais pas.

« Oui, elle fait toujours comme si tout était facile pour elle, c'est insupportable, » renchérit l'autre.

Ces mots, bien que mesurés, résonnèrent douloureusement. Il ne s'agissait pas de la première remarque de ce genre, et je savais que ce ne serait pas la dernière. J'avais beau travailler dur pour arriver là où j'étais, ce succès créait aussi de l'animosité autour de moi. Mais je m'efforçais de garder la tête haute, comme mon père me l'avait toujours enseigné.

« Reste concentrée sur tes objectifs, » me disait-il souvent. « Les critiques viennent souvent de ceux qui n'ont pas la force d'accomplir ce que tu fais. »

Ces paroles, je les gardais précieusement dans mon cœur. Pourtant, en cette période, je ressentais son absence avec une acuité nouvelle. Mon père, ce pilier dans ma vie, m'avait toujours guidée et encouragée. Sa sagesse m'avait aidée à surmonter bien des obstacles. Mais depuis que j'avais quitté Mbour pour poursuivre mes études à Dakar, je n'avais pas eu beaucoup de nouvelles de lui. Son absence me pesait de plus en plus, surtout dans ces moments où j'aurais tant voulu lui parler.

Alors que je me dirigeais vers la bibliothèque après les cours, mon téléphone vibra. C'était un appel de mon frère Khadim.

Moi : « Allô, Khadim ? Comment ça va ? »

Khadim : « Amina... il faut que tu saches quelque chose. Papa est malade. »

Le sol sembla se dérober sous mes pieds.

Moi : « Malade ? Qu'est-ce qu'il a ? »

Khadim : « Il a refusé de t'en parler parce qu'il ne voulait pas que tu t'inquiètes, mais il a vraiment besoin de repos. Son état s'est dégradé ces derniers jours. Maman et moi avons jugé qu'il était temps de te prévenir. »

La nouvelle me paralysa. Mon père, cet homme toujours fort et présent, était désormais vulnérable. Pourquoi ne m'avait-il rien dit ? Peut-être parce qu'il savait combien il comptait pour moi, et qu'il ne voulait pas que cela m'affecte. Mais comment pourrais-je rester concentrée sur mes études en sachant qu'il était malade ?

Moi : « Je viendrai dès que possible, Khadim. Je ne peux pas rester loin alors qu'il n'est pas bien. »

Khadim : « Ne t'inquiète pas. Maman veille sur lui, et on fait tout ce qu'il faut ici. Concentre-toi sur tes études, mais je te tiendrai au courant. »

Après avoir raccroché, je restai un moment figée, les pensées tourbillonnant dans ma tête. Mes soucis concernant mes camarades, la jalousie ambiante, et même l'étrange réapparition de Malick semblaient soudain bien futiles. Mon père, cet homme qui avait tant sacrifié pour nous, se trouvait en difficulté, et je n'étais même pas à ses côtés.

Les jours suivants, je peinais à me concentrer. En classe, même les discussions animées avec Idriss, qui habituellement allégeaient mes journées, ne parvenaient plus à dissiper cette lourdeur qui pesait sur moi. Idriss, fidèle à lui-même, perçut rapidement que quelque chose n'allait pas.

Idriss : « Amina, tu es sûre que ça va ? Tu n'as pas l'air dans ton assiette ces derniers jours. »

Moi : « J'ai juste beaucoup de choses en tête, Idriss. Rien de grave. »

Je ne voulais pas lui parler de la maladie de mon père. Pas encore. C'était encore trop récent, trop douloureux. Mais chaque nuit, avant de m'endormir, je ne pouvais m'empêcher de penser à lui. Je revisualisais les moments passés à Mbour, ses conseils sages, ses encouragements. Il avait toujours été une figure de force et de stabilité dans ma vie. Imaginer qu'il puisse faiblir me terrifiait.

Un soir, incapable de dormir, je décidai d'envoyer un message à Mouhamed.

Moi : « Bonne nuit, Mouhamed. J'espère que tu vas bien. »

Il répondit quelques minutes plus tard, comme à son habitude.

Mouhamed : « Bonne nuit, Amina. À demain, prends soin de toi. »

Ses mots simples m'apportèrent un certain réconfort, mais mon esprit restait troublé. J'aurais dû lui parler de la situation de mon père, mais je ne savais pas comment aborder le sujet. Notre relation, bien que forte, était encore récente. Comment lui expliquer que je vivais une tourmente intérieure tout en essayant de tout garder sous contrôle ?

Le lendemain, alors que je consultais mes mails entre deux cours, je reçus un message de Khadim. Il m'annonçait que l'état de papa s'était stabilisé, mais qu'il restait sous surveillance. Ce petit soulagement me permit de mieux respirer, mais je savais que la situation demeurait précaire.

Dans tout ce tourbillon d'émotions, je me rendis compte que la jalousie de mes camarades n'avait plus d'importance. Ma priorité était désormais claire : ma famille et la santé de mon père. Les critiques et les tensions à l'école n'étaient rien face à ce que je vivais à l'intérieur. Chaque jour qui passait, je devais trouver un équilibre entre mes études, mes relations, et mes inquiétudes familiales.

Ce soir-là, sous le ciel étoilé de Dakar, je pris un moment pour réfléchir. Les étoiles brillaient d'une lueur douce, comme pour me rappeler que, malgré les obstacles, il y avait toujours une lumière qui nous guidait à travers les épreuves. J'étais déterminée à faire face à tout cela, à protéger ce que j'avais construit avec Mouhamed, à affronter la jalousie de mes camarades avec dignité, et à rester forte pour mon père, où que je sois.

Entre Amour& Ambition Où les histoires vivent. Découvrez maintenant