Chapitre :24

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BONNE LECTURE 📖

Mon retour à Dakar fut bien plus difficile que je ne l'avais imaginé. Le trajet en voiture me semblait interminable, et chaque kilomètre parcouru me rappelait que je m'éloignais de l'endroit où j'avais vu mon père pour la dernière fois. Lorsque j'arrivai à la maison de ma tante, tout me semblait à la fois familier et étranger. Rien n'avait vraiment changé, mais tout semblait différent sans l'ombre de mon père planant sur ma vie.

Ma tante, toujours attentive, m'accueillit avec son habituelle chaleur. Bien que présente physiquement, elle savait que c'était ma mère qui avait le plus besoin de soutien à cet instant. Dès mon arrivée, elle me prit dans ses bras, mais son silence me montra qu'elle comprenait : aucun mot n'aurait pu apaiser la douleur que je ressentais.

« Je sais que c'est dur, ma chérie, mais tu dois rester forte. Ta mère et Khadim auront besoin de toi plus que jamais. »

Je hochai la tête sans dire un mot, mon esprit encore engourdi par les événements des derniers jours. Ce soir-là, alors que je m'installais dans ma chambre, l'endroit où j'avais passé tant de nuits paisibles, une vague de souvenirs m'envahit. Les moments passés avec mon père, les conseils qu'il me donnait, ses encouragements à toujours suivre mon chemin malgré les obstacles. Il n'était plus là, mais ses paroles résonnaient encore en moi.

La reprise des cours s'annonçait, mais l'idée de retourner à l'école de journalisme me semblait presque incongrue. Comment pourrais-je me concentrer sur mes études alors que mon monde venait de s'effondrer ? Pourtant, au fond de moi, je savais que c'était ce que mon père aurait voulu. Il avait toujours été fier de mes progrès et de mes ambitions. Ne pas poursuivre ce que nous avions commencé ensemble aurait été une trahison à sa mémoire.

Quelques jours après mon retour à Dakar, Mouhamed proposa de me retrouver dans un café pour discuter. Il s'inquiétait pour moi, je le savais, mais je n'étais pas encore prête à partager le poids de ma douleur. J'acceptai tout de même, pensant qu'un moment hors de la maison pourrait me faire du bien.

Nous nous retrouvâmes dans un café au cœur de la ville, loin de notre habituel refuge sur la corniche. L'endroit était calme, et l'odeur du café fraîchement moulu remplissait l'air, créant une atmosphère apaisante. Mouhamed s'assit en face de moi, son regard empreint de tendresse et de souci.

« Comment tu te sens, Amina ? » demanda-t-il doucement, comme s'il craignait de réveiller mes démons en posant la question.

Je pris une gorgée de mon café avant de répondre. « Je ne sais pas... C'est difficile de mettre des mots sur ce que je ressens. Tout semble irréel, comme si mon père était encore là quelque part, et que je vais rentrer à la maison et le retrouver assis à sa place habituelle. Mais en même temps, je sais que ce n'est pas possible. »

Mouhamed posa sa main sur la mienne, un geste simple mais réconfortant. « Je comprends. Tu prends ton temps. Je suis là, d'accord ? Ne te force pas à être forte tout le temps. »

Ses mots me touchèrent profondément. Il n'y avait pas de pression, juste de la compréhension et du soutien. Et c'est exactement ce dont j'avais besoin.

Après ce moment avec Mouhamed, je commençai doucement à me réadapter à la vie quotidienne à Dakar. Les cours reprirent, et bien que l'école de journalisme fût un espace familier, j'avais l'impression de voir le monde avec un regard différent. Les petites rivalités entre camarades, les préoccupations autour des projets ou des notes me paraissaient tellement futiles à présent. La perte de mon père avait bouleversé mes priorités.

Un jour, alors que je m'isolais dans la bibliothèque pour échapper à l'agitation des discussions en classe, Idriss vint me rejoindre. Il était l'un des rares à comprendre l'immensité de ce que je traversais, sans pour autant me poser de questions intrusives.

« Tu vas revenir sur le projet d'enquête qu'on faisait ? » demanda-t-il doucement.

Je le regardai, un peu perdue. Ce projet, qui avait autrefois tant d'importance pour moi, me semblait si lointain maintenant.

« Je ne sais pas, Idriss. Je ne suis pas sûre d'avoir encore la tête à ça. »

Il hocha la tête en silence, respectant mon hésitation. « Je comprends. Mais quand tu seras prête, on reprendra ensemble. On t'attend. »

Ce petit moment me rappela que, malgré la perte immense que je portais, il y avait encore des choses à accomplir, des rêves à poursuivre. Mon père n'aurait pas voulu que je m'enferme dans la douleur. Il m'aurait encouragée à continuer, à avancer, à faire honneur à sa mémoire en vivant pleinement.

Et c'est ce que je comptais faire, doucement, un pas après l'autre.

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