Chapitre :20

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BONNE LECTURE 📖

Les jours passaient, et l'inquiétude ne cessait de croître. Mon père restait alité, sous surveillance constante, et son état semblait stagner. Chaque matin, je me réveillais avec l'espoir de bonnes nouvelles, mais les médecins étaient toujours réservés. Leur prudence renforçait mon anxiété. Khadim et moi avions appris à gérer ce stress à notre manière, chacun prenant sur lui pour alléger le fardeau de l'autre. Notre mère, quant à elle, ne quittait presque jamais l'hôpital, refusant de laisser mon père seul une seule seconde.

Un après-midi, alors que je sortais de l'hôpital après une longue journée, je tombai sur une discussion animée entre deux membres de la famille paternelle. Je les entendais chuchoter, sans savoir que je pouvais les entendre.

« Elle est là, jour et nuit, comme si elle avait le monopole sur lui, » murmura l'une. 
« C'est bien ce qu'elle veut depuis toujours, » répondit l'autre. « Le garder pour elle, loin de nous. »

Ces propos étaient devenus familiers, mais cette fois, quelque chose en moi se brisa. Je serrai les poings en silence. Comment pouvaient-ils penser ainsi alors que mon père luttait pour sa vie ? Leur jalousie, nourrie par des années de rancœur, semblait être la seule chose qu'ils voyaient.

Quand je retrouvai Khadim un peu plus tard, je lui en parlai.

« Ils ne changeront jamais, Amina, » me dit-il calmement. « Mais ça ne doit pas nous atteindre. Maman fait tout pour papa, et c'est ça qui compte. »

J'acquiesçai, mais l'amertume restait. J'essayais de me concentrer sur l'essentiel, sur ma famille immédiate, mais les tensions me rongeaient intérieurement. Pourtant, il fallait rester forte. Pour Khadim, pour maman, et surtout pour papa.

Le soir, je reçus un appel de Mouhamed. Sa voix, douce et réconfortante, m'apportait toujours un peu de paix.

« Comment tu tiens, Amina ? » demanda-t-il avec une inquiétude palpable. 
« Ça va... enfin, j'essaie de tenir le coup, » répondis-je, cherchant à minimiser mes émotions.

Il savait que je n'aimais pas m'étaler sur mes peines. Mais il insista : « Si tu as besoin de parler, je suis là, tu le sais. Je ne veux pas que tu portes tout ça seule. »

Ses paroles me touchèrent profondément. Pendant un instant, j'eus envie de tout lui dire, de lui confier mes angoisses, mes frustrations, mais je n'en trouvais pas le courage. À la place, je changeai rapidement de sujet, parlant de choses plus légères. Pourtant, je savais que tôt ou tard, je devrais lui ouvrir mon cœur.

Les jours suivants furent tout aussi difficiles. L'état de mon père ne s'améliorait pas, et ma mère, épuisée, commençait à montrer des signes de lassitude. Chaque visite à l'hôpital devenait plus pesante, mais il était impensable pour nous de baisser les bras.

Un matin, alors que nous étions tous réunis dans la petite chambre de mon père, ma mère, d'une voix tremblante, nous confia qu'elle craignait de ne pas être assez forte pour traverser cette épreuve.

« Je suis fatiguée, Khadim, Amina... Je ne sais pas combien de temps encore je pourrai tenir comme ça, » dit-elle, les larmes aux yeux.

Khadim lui prit doucement la main, lui assurant que nous étions là pour elle. « Maman, tu n'es pas seule dans cette épreuve. On est tous ensemble dans cette bataille, et on continuera à se battre jusqu'à la fin. »

Je hochai la tête en silence, sentant moi aussi la fatigue m'envahir, mais refusant de l'admettre. Nous ne pouvions pas fléchir. Pas maintenant.

Plus tard, en rentrant chez nous, Khadim et moi discutâmes longuement de la situation.

« Je pense qu'il serait bon qu'on fasse venir plus de monde, des amis proches, des gens qui pourront nous soutenir, » proposa Khadim. 
« Oui, peut-être... » répondis-je, peu convaincue. « Mais est-ce que ça ne mettra pas encore plus de pression sur maman ? »

Khadim réfléchit un instant, puis acquiesça. « Tu as raison. Peut-être qu'on devrait simplement être plus présents pour elle, nous deux. »

La conversation s'éteignit d'elle-même, chacun perdu dans ses pensées. La nuit qui suivit, je m'allongeai sur mon lit, le regard fixé sur le plafond, réfléchissant à tout ce qui se passait. J'avais l'impression que la vie nous mettait à l'épreuve, testant notre résilience.

Il était difficile de ne pas sombrer dans l'angoisse. Mais je devais rester forte, pour mon père, pour ma mère, pour Khadim. Tout ce que nous pouvions faire, c'était patienter, espérer, et surtout, ne jamais cesser de croire en la guérison.

Les jours qui suivirent furent rythmés par des visites régulières à l'hôpital, des nouvelles souvent incertaines, et des prières silencieuses. Chacun de nous faisait de son mieux pour ne pas montrer sa fatigue, mais au fond, nous savions que l'épreuve était loin d'être terminée.

Entre Amour& Ambition Où les histoires vivent. Découvrez maintenant