Chapitre 2

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Tsyuo observait silencieusement Shouta Aizawa, ou « Oni-chan » comme elle l'appelait secrètement dans sa tête

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Tsyuo observait silencieusement Shouta Aizawa, ou « Oni-chan » comme elle l'appelait secrètement dans sa tête. L'homme était assis, fatigué, la tête appuyée sur sa main, luttant pour rester éveillé pendant leur leçon. Les cheveux ébouriffés, les cernes creusées sous ses yeux, et son regard absent révélaient un épuisement profond. Papa lui avait expliqué que Shouta travaillait souvent de nuit en tant qu'Eraser Head, et qu'il dormait très peu. Sa fatigue constante n'avait pas échappé à Tsyuo, qui ressentait un attachement grandissant pour lui. Shouta n'était pas qu'un professeur pour elle. Il était devenu une présence rassurante, une sorte de grand frère sur lequel elle pouvait compter, un pilier dans son quotidien.

Voyant l'état de son « Oni-chan », Tsyuo eut une idée. Elle se leva discrètement de sa chaise et se faufila jusqu'à la cuisine. Elle se rappelait que son père, lui aussi, buvait souvent du café lorsqu'il avait besoin d'énergie. Elle décida donc de préparer quelque chose pour aider Shouta à rester éveillé : une salade de fruits et un café bien fort.

Mais la cuisine, tout comme sa tâche, devint rapidement un champ de bataille. Le couteau lui glissa des mains, et elle se coupa le doigt. Dans la panique, elle renversa le café tout juste préparé sur le comptoir, puis sur le sol. Les fruits qu'elle avait patiemment coupés s'éparpillèrent, certains écrasés sous ses pieds dans l'effervescence du moment. Elle regarda le désastre devant elle, désespérée et frustrée. Elle voulait aider Shouta, mais tout ce qu'elle avait fait était de créer un bazar monumental.

Le bruit des objets tombant au sol alerta Shouta, qui émergea de son demi-sommeil. En entrant dans la cuisine, il aperçut le chaos. Fruits écrasés, café renversé, et au milieu de tout ça, une petite fille avec un doigt en sang, tentant maladroitement de réparer les dégâts.

« Tsyuo, qu'est-ce que tu as fait... » marmonna-t-il, la voix fatiguée mais teintée d'une légère inquiétude.

À l'instant où elle l'entendit, Tsyuo courut vers lui, les larmes aux yeux. « Shouta ! Je voulais juste te préparer des fruits et du café... pour que tu sois moins fatigué... » balbutia-t-elle en agitant ses mains, étalant sans le savoir son propre sang un peu partout.

Aizawa soupira, à moitié exaspéré, mais quelque peu attendri. Il la souleva avec aisance, la tenant sur sa hanche. « Allez, viens. On va nettoyer ça et s'occuper de cette coupure avant que tu ne t'évanouisses de perdre tout ton sang. »

Dans la salle de bain, Aizawa nettoya doucement la plaie de Tsyuo, tout en lui mettant un pansement décoré du visage de son père, All Might. La scène semblait presque absurde. Il prenait soin de la fille du plus grand héros de l'histoire, et pourtant, ici, dans cet instant, il n'était qu'un simple professeur, tâchant de réparer les erreurs d'une enfant déterminée à bien faire.

« Désolée pour tout à l'heure, » murmura Tsyuo timidement.

Shouta sourit à peine, mais ses yeux fatigués brillaient d'une tendresse qu'il ne montrait que rarement. « T'inquiète pas pour ça. Merci pour les fruits et le café... et le carnage. »

Tsyuo éclata d'un petit rire nerveux. Puis, avec l'innocence d'une enfant, elle demanda quelque chose qui le surprit : « Shouta, pourquoi es-tu toujours fatigué ? Papa dit que c'est parce que tu travailles beaucoup la nuit... mais tu ne te reposes jamais ? »

Aizawa haussa les épaules. « Le travail d'un héros n'a pas vraiment d'horaires. Il faut être prêt à n'importe quel moment. Mais... » Il hésita, regardant la petite fille dans les yeux. « Ton père n'est pas souvent là, n'est-ce pas ? »

Tsyuo baissa les yeux, jouant avec les manches de son pull. « Non, papa est souvent occupé. Mais j'ai toi. » Elle releva ensuite les yeux, une lueur de curiosité traversant son regard. « Et toi, Shouta ? Est-ce que ton papa est souvent là pour toi ? »

Le cœur de Shouta se serra légèrement. Il poussa un petit rire amer, presque inaudible. « Non, » murmura-t-il finalement, ses mots lourds de significations non dites. « Je n'ai personne. »

Il s'attendait à une réponse maladroite, à ce silence gênant que les adultes lui offraient parfois lorsqu'il parlait de son passé. Mais au lieu de cela, Tsyuo le regarda avec une sincérité touchante et, sans hésitation, elle déclara joyeusement : « Tu m'as moi, Shouta ! Tu fais partie de ma famille ! »

Ces mots frappèrent Aizawa d'une manière qu'il ne pouvait expliquer. Il se rappela la première fois qu'il avait rencontré Tsyuo. Nezu lui avait proposé un poste d'enseignant à mi-temps, une manière douce de le plonger dans l'éducation, loin de l'action des rues. Il n'avait pas imaginé, à l'époque, qu'il deviendrait le tuteur personnel de la fille d'All Might. Mais dès l'instant où il avait vu Tsyuo courir vers son père, le serrant avec une joie pure et innocente, il avait su qu'elle était spéciale. Son innocence, sa gentillesse, et cette lumière qu'elle portait en elle étaient contagieuses. Il s'était rapidement attaché à elle, bien plus qu'il ne l'aurait cru possible.

La fillette baissa alors les yeux et murmura quelque chose qui le fit frémir : « J'ai commencé à m'entraîner... mais je n'ai pas d'alter. Comment puis-je devenir un héros si je ne peux même pas sauver ma propre maman ? Papa m'a dit qu'elle est morte à cause d'un méchant... et si je ne peux pas sauver les mamans des autres ? »

Aizawa sentit son cœur se briser pour elle. Il connaissait la douleur de la perte, même s'il n'en parlait jamais. Il savait ce que c'était que de porter un poids qu'on ne devrait pas porter à un si jeune âge. « Tsyuo... » commença-t-il doucement, cherchant ses mots. « Les héros ne peuvent pas sauver tout le monde. Ce n'est pas une question de pouvoir, mais de circonstances. Parfois, même les plus grands héros échouent. »

Elle hocha la tête, ses yeux remplis d'une sagesse inattendue pour une enfant de son âge. Mais Aizawa voyait bien qu'elle luttait encore contre ces pensées sombres. Il la serra doucement contre lui, prenant soin de ne pas trop se mêler de ses propres émotions. « Ton père te manque, pas vrai ? » demanda-t-il après un moment.

« Oui, » répondit-elle avec honnêteté. « Il me manque tout le temps, mais je sais qu'il est important pour le monde. Être un héros, c'est plus important que d'être mon papa, et je comprends ça. »

Aizawa fronça les sourcils à cette réponse. Il admirait la maturité de Tsyuo, mais il ne pouvait s'empêcher de penser que c'était injuste. Un père devrait être là pour son enfant, pas seulement pour le monde entier. Mais il savait aussi que la réalité des héros était bien plus complexe. Il soupira en silence, essuyant le café renversé tandis que Tsyuo ramassait les fruits écrasés.

« Il m'aime, » dit-elle simplement, presque comme si elle se convainquait elle-même.

Aizawa la regarda, touché par sa résilience et sa force. « Tu es une bonne enfant, Tsyuo, » murmura-t-il, ses mots teintés d'amertume mais aussi d'une profonde affection. Et dans cette cuisine en désordre, Aizawa sut que, d'une manière ou d'une autre, ils se guérissaient mutuellement, lentement mais sûrement.

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