Chapitre 9

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Cela faisait environ deux mois que Tsyuo avait quitté la grande ville

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Cela faisait environ deux mois que Tsyuo avait quitté la grande ville. Étrangement, elle n'avait vu aucune affiche ou avis de recherche la concernant. Elle se demandait si son père la cherchait. En réalité, son père avait longuement réfléchi à la question. En tant que héros numéro 1, il savait qu'une recherche publique sur sa propre fille serait un désastre médiatique. Les gros titres le hantaient : "La fille du numéro 1 en fugue ? Bon héros, mais mauvais père ?" Ce qui l'effrayait davantage, c'était l'idée que cette situation puisse attirer l'attention des criminels et des vilains, déclenchant une chasse à la sorcière contre Tsyuo. Il ne voulait pas imaginer sa fille traquée, et c'est pourquoi il s'était abstenu. La seule chose qu'il pouvait faire désormais était prier pour son retour, saine et sauve.

De son côté, Tsyuo avait quitté la ville et voyageait de village en village. La campagne était paisible, et elle se déplaçait de nuit pour éviter d'attirer l'attention. Elle restait quelques jours dans chaque village, gagnant un peu d'argent en aidant dans les champs. Cette routine lui permettait de se fondre dans le décor, loin de la frénésie de la grande ville. Malgré tout, elle n'avait pas cessé de s'entraîner. C'était comme une seconde nature pour elle, gravée profondément dans son être.

Un matin, alors qu'elle effectuait ses abdos en plein air, une petite voix perça le silence :

« Hé, One-chan ! Petit déjeuner ! » cria joyeusement Yuki Hytoka, une fillette de huit ans. La famille Hytoka avait gentiment accepté d'héberger Tsyuo pendant quelques jours en échange de son aide à la ferme. Elle s'était attachée à cette petite famille simple et chaleureuse.

« J'arrive, Yuki, » répondit Tsyuo en se redressant et en essuyant la sueur sur son front avec une serviette. Alors qu'elle se préparait à suivre la petite fille, elle ressentit une présence, comme si quelqu'un l'observait. Levant les yeux, elle aperçut au loin un vieil homme avec des yeux perçants bleu-gris. Il avait des cheveux blancs, courts et soigneusement coiffés en arrière, des sourcils épais et une grosse moustache blanche. Ce regard l'intriguait.

La petite Yuki lui avait parlé de ce vieil homme. Il vivait au sommet d'une colline dans un dojo d'arts martiaux en ruines, surnommé Shirubā Fangu par les villageois. Calme mais souvent irritable, il était un personnage mystérieux. Chaque matin, il l'observait de loin, mais à chaque fois que Tsyuo croisait son regard, il se détournait et disparaissait.

« Le vieux Fangu fait peur, hein ? » demanda Minato Hytoka, le père de Yuki, en passant à côté d'elle avec une caisse remplie de pommes de terre.

Sans un mot, Tsyuo prit la caisse de ses mains. « Attention ! C'est... » commença-t-il avant de s'interrompre en voyant la jeune fille soulever la lourde caisse d'une seule main avec une facilité déconcertante. « Lourd. » ajouta-t-il avec un petit sourire ironique.

Minato la regarda, abasourdi. « Tu es sûre que tu n'as pas d'Alter ? » dit-il en riant. « Tu es sacrément forte pour une gamine sans pouvoir. »

Tsyuo répondit calmement : « Malheureusement, non, monsieur Hytoka. Aucun Alter. » Elle tourna ensuite les talons pour se diriger vers la maison, portant la caisse comme si de rien n'était.

« Appelle-moi papa~ ! » lança-t-il en plaisantant, un sourire taquin aux lèvres.

« Non, » répondit Tsyuo froidement sans se retourner.

« Si froide !~~ » s'exclama-t-il en riant alors qu'il la suivait en courant vers la maison.

Tsyuo entra dans la maison des Hytoka, portant la caisse de pommes de terre, et rejoignit la petite cuisine où toute la famille l'attendait déjà pour le petit-déjeuner. La maison était modeste mais chaleureuse, remplie de l'odeur du riz et des œufs frits. À la table, Minato Hytoka, l'éternel taquin, était déjà installé, observant sa fille Yuki qui s'affairait avec enthousiasme autour du petit-déjeuner.

« Ah, One-chan ! » s'exclama Yuki en souriant largement. « Viens, viens ! J'ai préparé le repas ! »

Yuki, bien que jeune, avait pris sur elle de cuisiner pour toute la famille depuis que sa mère était décédée. Elle y mettait tout son cœur, et malgré son jeune âge, elle avait appris à faire des plats simples mais délicieux. Ses yeux pétillaient d'une innocence et d'une gentillesse qui réchauffaient le cœur de Tsyuo. La fillette adorait jouer les petites hôtesses, servant ses plats comme si elle était dans un restaurant. Ce matin-là, elle avait préparé du riz, des œufs brouillés et des légumes frais des champs.

Tsyuo posa doucement la caisse près de l'entrée, se dirigeant vers la table où Ren, le fils aîné de la famille, était déjà assis. Il était silencieux, comme toujours. Depuis la mort de leur mère, Ren avait presque cessé de parler. Cela faisait un an maintenant, et personne ne savait exactement ce qui s'était passé ce jour-là dans les bois. Ce silence pesait lourd sur l'atmosphère familiale, et Minato, bien que joyeux en apparence, ne cachait pas son inquiétude pour son fils. Ren, âgé de quinze ans, gardait les yeux baissés, les bras croisés, absorbé dans ses pensées. Il ne disait rien, se contentant de picorer les aliments que Yuki posait devant lui avec attention.

« On dirait que tu as encore fait des miracles, Yuki ! » plaisanta Minato en tapotant le dos de sa fille. « Franchement, tu cuisines presque mieux que ta mère, hein ! »

Yuki rougit de fierté en entendant les éloges de son père. Elle posa les derniers plats sur la table avant de se tourner vers Tsyuo.

« One-chan, j'ai fait des œufs comme tu les aimes, bien brouillés ! » dit-elle avec enthousiasme.

« Merci, Yuki, » répondit Tsyuo avec un sourire sincère, touchée par l'attention de la fillette. Elle s'installa à la table, prenant place aux côtés de Ren, qui évitait toujours le contact visuel.

Minato attrapa une baguette et se tourna vers Tsyuo, l'air malicieux : « Alors, Tsyuo, tu es sûre que tu n'as pas envie de rester avec nous pour de bon ? Avec ta force incroyable, tu serais parfaite pour cette famille de fermiers ! » Il éclata de rire, mais une lueur sincère brillait dans ses yeux. En vérité, il s'était déjà attaché à elle, comme à une fille supplémentaire.

« Hmm, c'est gentil, monsieur Hytoka, mais je dois continuer mon chemin bientôt, » répondit-elle calmement en se servant un bol de riz, elle était rester trop longtemps ici.

Minato feignit une expression de tristesse exagérée. « Toujours aussi froide, hein ? Même après deux semaines, tu ne veux toujours pas m'appeler papa~ ! C'est une tradition, ici, tu sais ? »

Tsyuo esquissa un sourire en coin. Elle commençait à s'habituer à ces blagues répétées, mais elle appréciait secrètement cette atmosphère familiale qui lui rappelait ce qu'elle avait perdu en quittant son propre foyer. Le petit-déjeuner continua dans une ambiance détendue, Yuki babillant joyeusement sur tout et rien, décrivant avec excitation ses idées pour le déjeuner, tandis que Minato la taquinait sur son style de cuisine. Ren, lui, restait dans son mutisme habituel, mais il mangeait lentement, et c'était un signe qu'il appréciait la présence de tout le monde autour de lui, même s'il ne le montrait pas.

À un moment donné, Tsyuo tourna discrètement la tête vers Ren, observant son visage fermé, marqué par quelque chose de plus profond que de la simple tristesse. Elle se demandait souvent ce qu'il avait réellement vécu ce jour-là, dans les bois, avec sa mère. Ce silence, ce poids sur ses épaules... c'était comme s'il portait un secret trop lourd à révéler. Mais jamais elle n'osait poser de questions, par respect pour l'équilibre fragile de cette famille.

Le repas se termina dans une atmosphère relativement légère. Yuki débarrassait la table, sifflotant un air joyeux, pendant que Minato et Tsyuo sortaient pour s'occuper des tâches de la ferme.

Mais ce matin-là, quelque chose restait dans l'air, une tension subtile, comme une présence invisible qui planait au-dessus d'eux. Tsyuo ne pouvait s'empêcher de jeter un coup d'œil vers la colline où se trouvait le dojo abandonné. Shirubā Fangu, ce vieil homme mystérieux, continuait de l'observer chaque jour, et elle sentait que le moment approchait où elle devrait aller à sa rencontre.

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