Tsuyo Yagi.
Depuis mon plus jeune âge, j'avais un rêve : devenir comme mon père. Un héros. Un symbole.
Mais ce rêve ne s'est jamais réalisé.
Pourquoi ?
Parce que mon père a choisi de transmettre son pouvoir à un gringalet sans muscles, un "brocoli"...
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Le lendemain, au sommet du temple, le ciel était gris, chargé d'un vent froid qui balayait les arbres en contrebas. Tsyuo s'échauffait comme à son habitude, mais une étrange lassitude s'était installée en elle. Chaque coup qu'elle portait semblait parfait, chaque esquive calculée à la fraction de seconde. Pourtant, elle n'éprouvait aucune satisfaction. Elle frappait un mannequin d'entraînement avec une telle puissance que le bois se brisa en éclats.
Bang, assis en tailleur sur un rocher proche, observait en silence. Ses yeux perçants ne manquaient aucun détail : la précision, la puissance, mais surtout cette ombre de détachement dans les gestes de son élève. « Tsyuo. »
Elle tourna la tête vers lui, ses cheveux collant légèrement à son front à cause de la sueur.
« Quoi encore, vieux ? » demanda-t-elle avec sa nouvelle habituelle nonchalance.
Bang se releva lentement, ses articulations craquant légèrement.
« Recommence. » dit-il simplement.
Elle fronça les sourcils. « Recommencer quoi ? Ce tas de bois est déjà réduit en miettes. »
Bang pointa un autre mannequin avec son bâton. « Pas pour briser le mannequin. Pour comprendre pourquoi tu te sens ainsi. »
Elle grogna, mais obéit. Son premier "coup" éclater le bois et l'air sans effort. Le second fendit l'air. À la troisième attaque, elle s'arrêta, son poing en l'air. « C'est inutile. » lâcha-t-elle en baissant le bras.
Bang, les bras croisés, hocha légèrement la tête. « Enfin, tu le vois. Ce n'est pas la puissance qui te manque, c'est le sens. »
Tsyuo se retourna vers lui, irritée. « Je m'entraîne pour être plus forte. Qu'est-ce que ça a à voir avec le "sens" ? »
Bang fit quelques pas, son regard fixant les montagnes à l'horizon. « La force, à elle seule, peut devenir un fardeau. Si chaque adversaire tombe trop facilement, si chaque obstacle devient une formalité, que reste-t-il ? »
Elle haussa les épaules. « Peut-être que je n'ai pas encore trouvé un adversaire à ma hauteur. »
Bang éclata d'un rire grave, mais sans moquerie. « Peut-être. Mais fais attention, Tsyuo. La solitude guette ceux qui montent trop haut. »
Ce soir-là, alors qu'ils redescendaient vers la ferme Hytoka, le silence entre eux était inhabituel. Tsyuo, bien que détachée en apparence, ne pouvait s'empêcher de repenser aux mots de Bang. Alors qu'ils atteignaient une clairière baignée par la lumière du crépuscule, il brisa finalement le silence.
« Tsyuo, as-tu déjà eu peur... de devenir trop forte ? »
Elle s'arrêta net, son regard se tournant vers lui. « Trop forte ? Comment est-ce possible ? Je m'entraîne pour être plus forte, pas pour m'arrêter en chemin. »
