14.3. Fin et commencement : Jem

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"Je vais transmettre tes ordres."

Comme il l'imaginait, les hommes protestèrent. Bon nombre d'entre eux se ruèrent en direction de leur bien-aimé général, qui les accueillit sans sourire.

"Comptez-vous véritablement me laisser une mutinerie en guise de dernier souvenir ?"

Ils hésitèrent, puis finirent par capituler. Alors Jem les observa se préparer en toute hâte, tandis que les mages adverses poursuivaient leur lente progression. Il se répéta en esprit ce qu'il savait de la magie de ses ennemis. Pas grand chose...

Tout ce dont il devait s'assurer était que l'empereur ne puisse pas capturer son âme. Il ne pouvait pas devenir une arme au service de ce malade. Il se battrait jusqu'au bout, pour éviter cette ignominie.

Il entendit le hennissement des chevaux que l'on scellait et des cris lui souhaitèrent au-revoir. Il sourit. Comme il aimait cette armée... Lorsque les hurlements et le son retentissant des montures lancées au galop se calmèrent enfin, Jem sut qu'il était enfin seul. Les mages n'étaient plus qu'à quelques centaines de mètres.

"Alors, que penses-tu qu'est cette arme ultime?"

Jem sursauta et Karanter éclata de rire.

"Tu bondis comme une femmelette.

-Que fais-tu là ??

-C'est bien la première fois que tu ne me reprends pas sur une insulte de la sorte !

-Etre une femme n'est pas une insulte. Et rejoins vite tes troupes !

-Ah voilà enfin notre véritable relation qui fait surface ! Je commençais à nous trouver ramollis."

Jem fronça les sourcils et serra la mâchoire pour lui faire comprendre qu'il ne goûtait pas du tout au plaisir de cette joute verbale. Karanter soupira.

"Je me suis engagé pour être premier lieutenant. Quand Thomas est mort, j'ai été promu second. Mais si tu meurs, je serai celui de ce petit arriviste des boudoirs, et c'est hors de question. Si notre âge doit s'éteindre aujourd'hui, alors je partirai avec lui. Pourquoi souris-tu ?"

Jem posa sa gigantesque main sur l'épaule de son compagnon d'infortune.

"Moi aussi, malgré les désaccords, je t'estimais d'une certaine façon."

Karanter ne répondit pas et libéra son torse. Tous deux se tournèrent vers leurs ennemis dont la forme commençait à devenir suffisamment claire pour les compter.

"Il n'est pas avec ses enfants. Mais il y a Barton. assura Karanter.

-Ils sont six. Dont trois que je ne connais pas.

-Ce sont des gamins..." murmura Karanter, qui venait de discerner les visages de Jack et Nora.

L'empereur se figea, imité par ses compagnons. Un mauvais sourire barrait son visage.

"Je t'ignorai capable de tant de force."

Il s'exprimait en Nayakas, sachant pertinemment que jamais un Skvàlvà ne prendrait le temps d'apprendre la langue des volcans.

"Et toi de tant de folie... grinça Jem pour qui il était presque insupportable de se tenir face à ce monstre. Comment oses-tu revenir sur mes terres ?"

Jack ouvrait grands les yeux, dévorant du regard ce général qui dépassait son père de presque une tête tout en faisant au moins deux fois sa largeur. Ce général en armure scintillante, comme recouverte de feuilles d'or. Ce général, qui était là devant eux, fier, sans la moindre armée derrière et surtout...

Le cycle du Früshtà : Genèse des légendesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant