Le cycle du Früshtà : Genèse des légendes

10.2. Avenir : Ana

Rùbish amorça sa descente vers le sol. Egdal se jeta sur l'héritière :

"Tu n'as pas le droit de demeurer si longtemps en vol !

-Je suis de retour, c'est ce qui importe non ?"

Elle s'éloigna sans écouter les paroles de son professeur. Elle se sentait en colère, même si elle n'avait aucune raison de lui en vouloir. Elle aperçut alors son ami, qui l'avait lui aussi attendue.

"Que fais-tu encore là ?

-J'avais envie de te raccompagner au palais."

Cette annonce fit sourire le cœur de la jeune fille mais elle le força à se calmer.

"J'apprécie cette attention, mais je suis capable de marcher seule.

-Je n'en doute pas."

Ana se détendit quelque peu. Il entama la route et elle le suivit.

"Alors, qu'as-tu décidé ?

-J'écrirai. Mais je ne chercherai pas à le rencontrer tout de suite, ce serait trop dangereux dans le climat politique actuel."

Belos acquiesça.

"Tant que c'est ta décision, cela me va.

-Qu'est-ce qui te pousse à diriger ta fidélité vers moi et non plus ma tante ?

-Je ferai partie de ton gouvernement et non du sien.

-Ce n'est pas tout.

-Qu'est-ce qui te fait dire ça ?

-A force d'insensibilité tu n'as pas développé la capacité de dissimuler tes pensées."

Belos sourit.

"J'ai eu une vision à ton sujet dont je n'ai pas le droit de parler. Je sais que tu vas me poser mille questions, mais je refuse d'y répondre.

-Que faisais-je dans ta vision ?

-Ana...

-J'étais déjà reine ?

-Tu es si prévisible !"

Belos rit doucement. Le cœur d'Ana battait la chamade.

"Elle s'est imposée à toi sans raison ou avais-tu cherché à connaître mon futur ?

-Je n'ai pas le droit de te répondre. Tu ne voudrais tout de même pas m'attirer d'ennuis ?"

Non, évidemment, mais Ana peinait grandement à se contenir.

"Si tu m'as incité à écrire à mon père, c'est que mon destin est lié à lui !

-Non, cela veut dire que ma vision m'a convaincue qu'il fallait te laisser le choix. Ne modifie pas ta décision en fonction de mon aveu, je t'en prie."

Ana sentit une bouffée de colère gronder dans sa poitrine. Elle s'empara du bras de Belos et le força à se tourner vers elle :

"Pourquoi te refuses-tu à me le dire ? Tu ne me donnes qu'une demi-vérité et attends de moi que j'agisse comme si ce moment n'avait jamais existé ! A quoi joues-tu ? A l'elfe mystérieux qui parvient à sauver le monde, devenant le héros solitaire que personne ne comprendra jamais ? Je veux être l'autrice de ma propre histoire, et cela ne pourra pas avoir lieu si je dois simplement te suivre aveuglément !

-Il n'est nullement question que tu me suives aveuglément ! Ne comprends-tu donc rien ? Je te demande justement de ne pas me prendre en compte !

-Je ne peux pas !"