Interlude 11 : Hide

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Le banquet bat son plein, une cacophonie de rires et de voix qui se mêlent à la musique traditionnelle. Je suis là, mais mon cœur est ailleurs, préoccupé par Lola qui m'attend dans un autre lieu, impatiente, rayonnante dans la robe de mariée que j'ai à peine eu le temps d'apercevoir. Dans mon esprit, je la revois dans son kimono de cérémonie, sa beauté éblouissante, chaque motif brodé sur la soie blanche représentant une part de notre histoire. J'étais si fier d'elle, de la manière dont elle se tenait, confiante, prête à entrer dans ce monde avec moi.

Je me force à sourire, à faire bonne figure, mais l'atmosphère est alourdie par des traditions que je n'ai pas choisies. Sur la table devant moi, des sushis sont disposés sur le corps nu et diaphane d'une femme allongée, les yeux fermés comme si elle était morte. Un raffinement très onéreux, une mise en scène réservée aux évènements les plus exceptionnels... L'oyabun a voulu bien faire, sans savoir à quel point il tombait à côté. Je détourne le regard, mal à l'aise. C'est censé être un moment festif, mais ça ressemble plus à une farce cruelle. Je n'ai jamais aimé ce genre de « réjouissances »... mais encore moins depuis que je suis avec Lola.

Des rires s'élèvent autour de moi, et je sens les yeux de mes condisciples se poser sur moi, attendant des réactions. Kiriyama est assis pas loin. Il remarque tout de suite ma gêne, et fronce ses sourcils.

— Ignore-les, murmure-t-il à voix basse, tout en prenant un morceau de poisson cru avec ses baguettes. Ils essaient juste de provoquer une réaction.

Je lève les yeux vers lui, assez surpris de son changement d'humeur. Visiblement, il ne m'en veut plus d'avoir été nommé numéro 3. Mais déjà, les questions fusent, toutes plus indiscrètes et salaces les unes que les autres.

— Alors, Ōkami, ta femme est-elle aussi délicieuse que ces sushis ? lance un homme en riant, et le groupe éclate de rire.

Je force un sourire, mais au fond de moi, une colère sourde monte. Pourquoi faut-il toujours qu'ils réduisent les femmes à des objets, à des sujets de blagues ? Je revois le visage de Lola, sa fierté dans sa tenue, son courage et sa détermination dans sa volonté de faire sa vie avec moi, un truand, et je me sens encore plus déterminé à la défendre.

— Qu'est-ce qu'elle aime vraiment, ta petite mariée ? continue un autre, un sourire moqueur sur le visage. J'imagine que tu l'as déjà essayée sous toutes les coutures ?

Kiriyama se penche vers moi, l'air préoccupé.

— Ne réponds pas, Kaz. Ils ne cherchent qu'à te provoquer, dit-il, comme pour me rassurer.

Je serre les dents, évitant de réagir. Chaque question m'énerve davantage, et les rires autour de moi deviennent insupportables. Mais Kiriyama a raison. Je sais pourquoi ils font ça. Les yakuzas sont comme des requins, qui n'attendent que le premier sang pour montrer les dents. Je sais ce que ces types recherchent. À me déstabiliser.

— Tu as de la chance, Hidekazu, une femme aussi belle que ça, ça ne se trouve pas tous les jours ! dit un autre, son regard lascif glissant sur le corps nu étalé devant nous.

Kiriyama, voyant mon malaise grandissant, essaie de changer de sujet.

— Alors, qui Lola a-t-elle invité pour célébrer avec sa famille ? C'est un moment important pour elle, n'est-ce pas ?

Mais l'un des cadres, marié comme moi, interrompt, un sourire carnassier sur le visage.

— Je suis sûr que nous pourrions nous joindre à vous pour la nuit de noces, ça promet d'être intéressant !

FEMME DE YAKUZA (sous contrat d'édition chez BLACK INK)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant