Interlude 15 : Hide

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Ça fait plus d'une semaine que je n'ai pas touché Lola. Pour la fête de Sanja, avec l'abstinence obligatoire. Puis les trois jours en cellule... Mais lorsque je la prends dans mes bras, de retour à la maison, je la sens se raidir. Elle n'est pas comme d'habitude. Visiblement, ce que je lui ai expliqué ne l'a pas convaincue.

Elle me laisse lui embrasser la nuque et les épaules sans réagir, raide comme un bout de bois. L'enlacer de plus en plus passionnément et caresser son ventre et ses seins. J'ai envie d'elle au point où ça en est douloureux... mais elle ne dit rien, ne participe pas.

Elle a pas envie.

Et moi, je ne touche pas une femme qui n'a pas envie.

— Qu'est-ce qui se passe ?

Lola se dégage de mon étreinte et hausse les épaules. D'habitude, j'aime bien quand elle fait ce geste, je trouve ça exotique et mignon. Mais aujourd'hui, ça a une autre signification.

— T'as pas envie ?

— Je sais pas, me répondit-elle.

— Comment ça, tu sais pas ? Soit t'as envie de baiser, soit t'as pas envie. C'est pourtant simple.

— J'ai pas envie, alors.

C'est la première fois qu'elle me dit ça. Mais c'est sûrement sincère, alors je n'insiste pas.

— Ok... Bon.

Je me retourne, ouvre le frigo et attrape une cannette de bière.

— Tu veux faire quoi ? Regarder la télé ? Il est encore tôt. On peut regarder un film.

— Oui, on peut, me répond Lola d'une drôle de voix blanche.

Elle est bizarre. Je m'installe devant la télé avec ma bière, l'allume. Je zappe sans trop de conviction, tombant sur une émission avec Beat Takeshi, le comique qui imite bien les yakuzas. Je m'allume une clope. Les blagues me font rire un peu, oublier la tension qui émane de Lola. Mais je la vois du coin de l'œil s'installer à côté de moi.

Je sens que la discussion n'est pas terminée.

— C'était pas trop dur, presque deux semaines sans sexe ? finit-elle par attaquer.

Qu'est-ce qu'elle insinue ? Je décide d'ignorer la provocation pour l'instant.

— Je peux m'en passer, réponds-je sans quitter des yeux les pitreries de Kitano à l'écran.

Lola pose sa main sur mon ventre, l'air de rien.

— C'est marrant, Noa disait que t'avais besoin de baiser beaucoup, quand je travaillais au club, assène Lola.

Putain. Encore Naho.

— Ah bon ? Elle a dit ça ? Je suis le premier étonné... mais bon. Tu sais bien que Naho raconte ce qu'elle veut.

— Non, je pense qu'elle y croyait vraiment. Après tout, elle te connait bien.

Je me penche en avant pour attraper ma bière.

— Oui et non. Naho a sûrement cette image de moi parce que j'ai été avec elle juste après ma sortie de prison. Mais je crois surtout qu'elle a raconté ça pour te faire chier.

Ce serait bien son genre.

— C'est pour ça que tu t'es mis avec elle ? Parce que t'avais envie de baiser à ta sortie de prison ?

FEMME DE YAKUZA (sous contrat d'édition chez BLACK INK)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant