Interlude 16 : Hide

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Je suis assis à mon bureau, le téléphone à l'oreille, le regard perdu dans le vide. J'hésite à passer ce coup de fil. Mais Nobutora décroche à la première sonnerie, et j'entame la conversation d'une voix ferme, cherchant à percer ce mystère qui m'inquiète.

Oyaji, il faut que tu m'expliques la présence d'une femme dans le grenier à riz. Qui est cette Kiryūin Yami ?

Il semble hésiter un instant, un silence lourd s'installe. Puis, avec une voix qu'il essaie de rendre tranquille, il répond.

— C'est... c'est la mère de Hanako. Elle a une lourde pathologie psychologique. J'ai juré de l'aider.

Je fronce les sourcils, la tension dans ma mâchoire se renforce. La mère de Hanako. Une femme qu'il a engrossée parce que Saeko ne pouvait pas lui donner d'enfant.

— Et tu penses qu'aménager un appartement cossu pour sa maîtresse dans le grenier à riz est une solution ? m'enquis-je d'une voix plus râpeuse qu'escompté.

Il éclate de rire.

— Kiryūin-san n'est pas ma maîtresse, Hidekazu ! Juste quelqu'un dont j'ai juré de m'occuper, qui n'a plus personne pour s'occuper d'elle.

— Je vais venir la voir. Je prends l'avion ce soir, lui annoncé-je.

— Tu viens quand tu veux, embraye Nobutora avec une drôle de voix. Mais elle est agoraphobe. Elle passe ses journées à peindre, sans jamais vouloir sortir. À cause de l'incident avec les chiens, elle a fait une crise. Elle a dû être amenée à l'hôpital.

Je me frotte le front, un mélange de frustration et de compréhension. L'explication me satisfait, mais un sale pressentiment m'envahit. Quelque chose me dérange profondément dans cette histoire. Même si ce n'est pas sa maîtresse, l'idée que Nobutora garde une femme enfermée chez lui me met mal à l'aise. Qu'est-ce qu'il ne me dit pas ? Je suis sur le point d'émettre une nouvelle question, mais une autre brûle sur mes lèvres.

— J'ai encore une question. Pourquoi as-tu considéré Kiriyama Reizei comme un candidat potentiel pour épouser Hanako ?

Il se racle la gorge, et je peux presque sentir son embarras à travers le téléphone.

— Je pensais qu'une alliance entre l'un de mes jeunes cadres prometteurs et Hanako serait une bonne chose. Mais j'ai changé d'avis depuis, m'explique-t-il dans un grognement.

Je m'appuie contre le dossier de ma chaise, le sang me monte à la tête.

— Kiriyama a abusé de Naho, la sœur jumelle de Miyako. Pour cette raison, je ne pense pas qu'il soit un bon parti pour Hanako. Et surtout, elle n'a pas envie de l'épouser.

— Il a fait ça ? s'étrangle Nobutora. Le petit con... Je vais le convoquer immédiatement. Reste en ligne, je l'appelle.

Il grommelle encore quelques injures salées à l'attention de Kiriyama tout en ordonnant à son secrétaire d'appeler Kiriyama. Après tout, Yama était aussi son protégé. Sauf qu'il a mal tourné. J'aime pas être celui qui le rappelle au boss, mais là, je devais le faire. Cette gamine n'a rien demandé à personne. Encore moins de naître dans une famille de yakuzas. Au moins, il a l'air d'avoir compris que Kiriyama n'est pas le fiancé idéal, pour elle.

Cela dit, ma méfiance persiste. Je ne peux m'empêcher de penser que cette affaire est louche. Qu'est-ce qui se cache derrière la façade de bonté de Nobutora ? Le vieux tigre a des valeurs, certes, mais il n'agit jamais sans raison.

FEMME DE YAKUZA (sous contrat d'édition chez BLACK INK)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant