Le lendemain, levé aux aurores, Sigváld s'habilla d'une cape et d'un justaucorps de cuir et manda à un page d'aller quérir les quatre prêtres afin de partager une fois de plus leur repas.Quelques temps plus tard, le même serviteur annonçait leur arrivée au prince. Ceux-ci paraissaient étonnés qu'après leur entrevue plus ou moins concluante de la veille, Sigváld demande à les revoir avant leur entretien avec le roi. C'est avec un grand sourire que celui-ci les accueilli, il les salua chaleureusement et commença pars'excuser de son attitude lors du dîner:
«-Veuillez pardonner mon ton effronté d'hier soir, je suis encore fatigué de mon expédition et mes côtes brisées m'empêchent toujours de dormir convenablement.
Apparemment surpris, Thorvald s'empressa de rassurer le prince et le salua poliment. Ses trois frères suivirent et ils s'installèrent à la table du prince alors que les premiers rayons de soleil perçaient à travers la grande vitre de ses appartements. Par chance, Ome, qui s'était assis à la gauche de Sigváld, paraissait beaucoup moins anxieux que lors de leur dernière entrevue. Et c'est Rurik qui fut le premier des quatre à questionner le prince suite à son affrontement contre Dramélor:
-Nous avons été tenu au courant de votre combat et des blessures que celui-ci vous a coûté mais les versions qu'on nous a rapportées diffèrent toutes les unes des autres.
-Oh, eh bien j'imagine que vous souhaiteriez connaître tous les détails avant de rencontrer le roi? Bien, dans ce cas je vous conseille de remplir vos assiettes car l'histoire risque d'être un peu longue.»
Après avoir narré aux prêtres la même version de son combat qu'au peuple, le repas fut terminé et Sigváld raccompagna instinctivement les religieux jusqu'à leur chambre.
«- Je m'en vais voir le roi, leur dit-il une fois arrivé au seuil de la porte, je viendrai vous chercher personnellement lorsque sa majesté sera prête à vous accorder une audience.»
Ils se quittèrent rapidement et le prince se dirigea directement vers les appartements du roi. Une fois arrivé, Sigváld trouva son père déjà prêt et habillé, comme il le pensait. Avec son magnifique glaive paré de pierres précieuses glissé dans son fourreau en bois d'if et sa longue cape bleu roi ornée des armoiries de la maison royale, il ne manquait plus que la couronne à Angvár pour siéger sur son trône et accueillir les prêtres du Temple.
«-J'ai pris l'initiative de les inviter à partager ma table père.
-Bien, peut-être seront-ils ainsi plus confiants. Aucun renseignements supplémentaires qui pourraient nous servir?
-Malheureusement non, mais ils m'ont tous l'air plus rassurés.
-Alors fais les venir, je les attendrai dans la salle du trône.
-Bien, sire.»
Sur ces mots, père et fils sortirent tous deux des appartements du roi et Sigváld se dirigea vers l'aile réservée aux invités d'honneur afin d'accompagner personnellement les prêtres jusqu'à leur seigneur.
Après avoir terminé sa prière matinale, Ome se consacra quelques temps aux écrits qu'il avait ramené du temple jusqu'à ce qu'un page annonce le retour du prince. Grand, jeune et musclé, Sigváld avait à coup sûr une allure royale et l'épée d'argent qu'il portait à la ceinture imposait directement le respect à quiconque lui adressait la parole. Avec sa longue chevelure blonde, lisse et raide, en partie nattée lui tombant jusqu'au creux du dos, le prince avait quelque chose de rassurant, un visage tout à la fois amicale mais ferme, sûr de lui. Après leur avoir expliqué que le roi était prêt à les recevoir en audience, il les guida à travers les couloirs de son immense demeure. N'étant que très rarement sorti hors du temple d'Amon, c'était la première fois que le jeune prêtre parcourait des couloirs aussi longs et tortueux. Après plusieurs minutes de marche, tous les cinq arrivèrent devant une gigantesque porte de bois massif où étaient sculptées avec la plus grande précision des scènes de batailles représentant deux armées croisant le fer. Assez entrouverts pour permettre le passage d'au moins dix personnes marchant côte à côte, les deux battants de la porte paraissaient si lourd qu'Ome en arriva à se demander si ceux-ci pouvaient être déplacés. Lui mis à part, tous les prêtres étaient déjà venus au moins une fois dans la capitale et ne semblaient pas impressionnés le moins du monde par toute la splendeur que reflétait la salle du trône. D'immenses poutres de bois soutenaient la charpente d'un plafond s'élevant au moins jusqu'à trente pieds au dessus des planches que foulaient les quatre prêtres et leur guide. Le roi lui même, juché sur son estrade face à la grande porte était imposant. Son visage dur et autoritaire ne laissait trahir aucune émotions et de sa taille et de sa carrure hors normes transparaissait une vigueur impressionnante pour un homme de son âge. Épée au fourreau, coiffé d'une couronne aux reflets d'or, le roi descendit de son estrade où il se tenait debout depuis leur entrée dans la salle pour aller saluer les quatre messagers.Dominant d'une bonne tête le plus grand d'entre eux, le roi se présenta à eux de manière froide mais polie. Les mèches grisonnantes de son front tombant en fine boucle derrière ses oreilles, sa couronne cachait une longue chevelure poivre coiffée en nattes jusqu'aux épaules. Ses yeux bleu perçants fixèrent un moment le jeune Ome qui baissa les yeux, gêné. Contrairement à ce qu'il avait pensé, le roi ne leur tint pas audience debout face au trône mais les emmena dans un couloir se situant proche de ses appartements, derrière la salle du trône. Une fois arrivés devant une simple porte de bois au milieu du couloir, Angvár l'ouvrit lui même et invita son fils ainsi que les quatre prêtres à s'installer autour de la table placée au milieu de la pièce. Celle-ci était sombre, à peine éclairée par une petite fenêtre au cadre de bois et quelques bougies déjà allumées disséminées sur les étagères.Avec un regard anxieux lancé derrière son épaule droite, Ome vit se refermer la porte avec un claquement, les plongeant tous dans une semi-pénombre à la fois chaleureuse et quelque peu oppressante. Sans un souffle, il s'assit à la table du roi et s'apprêta à réciter d'un bloc le message pour lequel il avait été envoyé.
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La Dernière Marche du Nord
FantasiDans les royaumes du Nord, où le roi Angvár règne d'une main de fer, une créature incomprise et impitoyable décime la population avoisinante dans un désir de vengeance malsaine. Le fils du roi, Sigváld, décide de libérer ses terres du fléau qui l'ha...