-PROLOGUE-

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Ce que vous vous apprêtez à lire, qui que vous soyez, implique d'être prêt à croire en mon histoire. Car celle que je m'apprête à vous conter à travers ces pages n'est autre que celle du prince Sigváld et de la manière dont il défit Dramélor et débarrassa ses terres du dit cyclope terrorisant bergers et troupeaux. Pour comprendre cette histoire laissez moi tout d'abord vous narrer celle de la création de l'univers dans lequel nous vivons, vous éclairant de cette manière sur ce qui a poussé Dramélor à sortir de son sommeil séculaire pour venir troubler la paix installée dans les plaines du nord.

Au commencement, il y a des milliards et des milliards d'années, tout n'était que vide intersidéral. Du néant le plus absolu se forma un être gigantesque aux proportions inimaginables. Ce géant n'était ni homme ni femme et fut la première forme de vie créée dans l'univers. Des siècles et des siècles s'écoulèrent avant que ce premier être ne parvienne à bouger son bras droit, un geste si chargé de puissance qu'il en déchira la galaxie qui l'entourait. S'il ne pouvait bouger sans risquer de provoquer d'énormes dégâts ce prodige était capable de quelque chose d'autre, quelque chose qu'il mit des milliers d'années à comprendre et plus encore à réaliser: il pouvait créer par la pensée.

La première chose à être créée ainsi fut son nom, le premier être que notre univers vit naître portait désormais un nom, il s'était nommé Gauriandre. La deuxième chose qui fût créée était son œil, un œil unique lui permettant d'observer tout ce qu'il désirer voir autour de lui. Malheureusement il s'aperçut au bout de quelques décennies que cet univers constitué de vide n'avait rien d'intéressant, aussi décida-t-il d'entreprendre sa troisième création, la plus merveilleuse et la plus grande chose créée de tous les temps, Gauriandre créa notre planète, immense sphère constituée d'énergie pure. Au prix d'un travail colossal, il y ajouta la vie, se sentant seul dans cet univers glacial. Il créa alors la chaleur pour permettre à toutes formes de vie d'exister convenablement. A partir de ce moment, Gauriandre le géant hermaphrodite continua de façonner le monde, il n'existait plus que pour lui, consacrant tout son temps et son énergie à ajouter de nouvelles races animales et végétales, créant, feuilles par feuilles, brins d'herbe par brins d'herbe.

Lorsque son ouvrage lui parut parfait, Gauriandre ressentit un déchirement, une terrible tristesse mêlée à un sentiment de profonde solitude. Son œuvre achevée, il n'avait plus aucunes raisons d'exister. C'est alors qu'une idée lui parvint, il façonnerait des êtres lui ressemblant partageant les mêmes sentiments et centres d'intérêts que lui, il créerait les cyclopes. Et c'est ainsi que naquit la race la plus puissante de notre planète, Gauriandre décida que mis à part lui, personne ne pourrait tuer un cyclope et que leur force serait par dix fois supérieure à celle des ours. Peu de temps après, par une erreur du géant univers, la race des hommes fût créée. Gauriandre souhaitant créer une nouvelle espèce de singe fut distrait par un couple de fourmis s'accouplant, il négligea son travail et se vit contraint d'arranger ceci comme il le pouvait par la suite. Seulement, les humains se développèrent bien plus qu'il ne l'avait prévu et devinrent vite l'espèce la plus menaçante pour sa chère planète. Parmi les millions d'existences futiles vécues par ceux-ci, il y en a eu certaines, très peu qui ont eu le mérite d'être digne d'intérêt pour Gauriandre. On racontera, j'en suis sûr, dans des centaines d'années encore comment Sigváld pourfendit Dramélor de son épée d'argent.

Alors que la race humaine n'était créée que depuis quelques centaines d'années seulement, une jeune femme du nom de Siverine réveilla pour la première fois un cyclope de son sommeil léthargique. C'était une jeune adulte à peine sortie de l'adolescence, elle était douce et belle et venait, une fois par semaine cueillir des fleurs aux pieds de ce qu'elle pensait être une statue de pierre. Dramélor l'observa longuement avant de décider que cette femelle serait sienne. Un magnifique jour d'automne, alors que les arbres alentours perdaient peu à peu leurs feuilles, créant un magnifique tapis orangé sur le sol de la forêt, le cyclope rassembla ses forces et réussit un prodige qu'aucun avant lui n'avait réussi: il se réveilla. Lorsque le jeune fille leva la tête et vit ce qu'elle avait toujours pris pour un menhir gravé s'animer sous ses yeux, elle poussa un hurlement qui retentit à travers toute la forêt et s'enfuit en courant rejoindre les siens. Ce fut un choc terrible pour le cyclope et celui-ci entra dans une rage folle. Il se mit à courir après Siverine, la rattrapa en quelques enjambées et la hissa sur son dos. Cette dernière tenta de se dégager de la prise et se brisa la nuque. Réalisant ce qu'il venait de faire, Dramélor lâcha le cadavre qui s'en alla rouler sur les feuilles détrempées. Fou de chagrin, la créature jura de punir les humains pour leur faiblesse et anéanti le village natale de sa bien-aimée.

La Dernière Marche du NordOù les histoires vivent. Découvrez maintenant