chapitre 9

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(Précédemment)

« Je veux que tu la protèges », dit-il. « Si un jour tu la retrouves, quand elle sera grande. Tu dois lui promettre de veiller sur elle. Mon père ne doit jamais l'approcher à nouveau. Elle aura besoin de quelqu'un pour la protéger, quelqu'un qui saura ce que c'est que de grandir dans la peur, qui saura la comprendre. »

Ses mots me laissèrent sans voix. Il me demandait de veiller sur une fille que je n'avais jamais rencontrée, une fille que je n'étais même pas sûr de retrouver un jour. Mais je pouvais lire dans son regard que c'était important pour lui. Sa sœur était la seule chose qui comptait encore pour Adrien. Tout ce qu'il avait perdu, tout ce qu'il endurait, tout se résumait à elle.

« Tu me le promets, Came ? » insista-t-il, son regard brûlant d'une intensité que je ne lui avais jamais vue auparavant.

Je baissai les yeux, hésitant. Comment est-ce qu'on pouvait promettre une chose pareille ? J'étais qu'un gosse, brisé, qui ne savait même pas si j'allais m'en sortir moi-même. Et pourtant... quelque




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POV CAME

L

’air de la pièce était lourd, saturé par les bips monotones des machines qui veillaient sur elle. Je suis assis là, dans ce coin sombre de la chambre d’hôpital, une cigarette éteinte entre les doigts. Juste pour occuper mes mains, un geste machinal qui m’empêche de me perdre complètement. Le silence, interrompu seulement par le souffle régulier des appareils, me ronge. Tout semble figé dans le temps, comme si le monde entier s’était arrêté à l’instant où elle s’est écroulée ce soir-là.

June. Allongée, immobile, presque étrangère dans cette pâleur cadavérique. Son corps ne bouge pas, son visage est lisse, impassible sous le masque à oxygène qui l’aide à respirer. Elle a l’air loin, tellement loin. Le simple fait de la regarder me rend malade, une colère sourde et glaciale grandissant en moi. Tout ça à cause de lui, de ce salaud de Camill. Je devrais être dehors, en train de le traquer. Mais je reste là, comme un chien enchaîné à son maître, incapable de la laisser.

Je me lève brusquement, ne supportant plus l’idée de rester assis à la regarder sans rien faire. Depuis combien de temps est-elle dans le coma ? Trois semaines ? Peut-être plus. Je n’ai plus la notion du temps, juste cette douleur constante, cette impatience qui me brûle de l’intérieur. Mon corps est tendu, prêt à exploser à chaque instant.

Je marche dans la pièce, mes pas résonnant sourdement contre le carrelage froid. Une partie de moi sait que je devrais sortir, prendre l’air, m’éloigner. Mais je ne peux pas. Je suis coincé ici, prisonnier de cette attente infernale. De temps en temps, je jette un coup d'œil à June. Elle ne bouge pas, et ça me tue. Elle n’aurait jamais dû être là ce soir-là, jamais dû se retrouver mêlée à ça. Mais elle est là, entre la vie et la mort, et je suis impuissant.

Une infirmière entre dans la pièce. Elle fait ce qu’elles font toutes, elle vérifie les machines, ajuste quelques trucs, mais je l’ignore. Je ne veux pas entendre leurs excuses, leurs "cela dépend d’elle". Tout ce que je veux, c’est qu’elle se réveille, qu’elle ouvre les yeux. Rien d’autre.

"Elle va se réveiller bientôt ?" Ma voix sort plus dure que je ne l’aurais voulu, mais je n’ai plus la patience pour ces discours rassurants.

L’infirmière hésite, puis répond de cette voix trop douce, trop mesurée : "Nous ne pouvons pas le dire, cela dépendra de sa volonté de se battre."

Je ne dis rien. Je me détourne, mes mâchoires serrées. Ce n’est jamais qu’une autre manière de me dire qu’ils n’en savent rien. Ils sont tous inutiles. Je reste dans mon coin, les bras croisés, à la regarder. Je ne m’approche pas. Je n’ai jamais été tactile, surtout pas avec elle. Tout ce qui me relie à elle, c’est ce putain de chaos dans lequel on s’est tous les deux plongés.

La porte se referme derrière l’infirmière, et je me retrouve seul à nouveau avec elle. Mes yeux se posent sur son visage immobile. Je me demande parfois si elle sait que je suis là, si elle peut m’entendre quand je lui parle. Mais je ne lui parle pas souvent. Les mots me paraissent dérisoires maintenant.

Je m’avance finalement, mais je ne vais pas jusqu’à elle. Je m’arrête à quelques pas du lit, les mains dans les poches, comme si la proximité me brûlait. Je la fixe, cherchant quelque chose, n’importe quel signe de vie.

Et puis, je le vois. Un mouvement imperceptible. Ses paupières, elles ont bougé. Mon cœur rate un battement.

"Non..." Ma voix se brise dans le silence. Je n’ose pas y croire. Ce n’est peut-être qu’un réflexe, une illusion.

Mais non. Ça se reproduit. Plus net cette fois. Ses cils frémissent, ses doigts se crispent légèrement sur les draps. Je me fige, le souffle court. Elle revient. Elle essaie de revenir.

"June…" je murmure, sans bouger, sans m’approcher davantage. Ma gorge se serre, mais je reste à distance. Trop d’émotions se bousculent en moi, et je ne sais pas comment les gérer. L’espoir, la peur, la rage… tout se mélange, tout me traverse.

Ses paupières s’ouvrent finalement, lentement, comme si chaque geste demandait un effort surhumain. Ses yeux, vitreux, perdus, parcourent la pièce. Elle ne semble pas comprendre où elle est, ni ce qui se passe. Je ne dis rien, je ne fais rien. Je reste là, immobile, les poings serrés dans mes poches. C’est tout ce que je peux faire pour ne pas flancher.

Elle essaie de parler, ses lèvres bougent à peine, mais aucun son ne sort. Je fais un pas en arrière, sans même m’en rendre compte, comme si l’intensité du moment était trop forte. J’ai attendu ce moment pendant des jours, des semaines. Mais maintenant qu’elle est là, réveillée, je ne sais plus quoi dire. Qu’est-ce que je suis censé lui dire ? Que je suis désolé ? Que j’ai merdé ?

Je serre les dents. "Ne parle pas," je souffle enfin, ma voix basse et rauque. "Repose-toi."

Je ne m’approche toujours pas. Je ne la touche pas. Je ne suis pas doué pour ça, pour les gestes tendres, pour les étreintes. Ce n’est pas mon rôle. Tout ce que je peux faire, c’est veiller.

Elle ferme les yeux, épuisée par l’effort qu’elle vient de fournir. Son corps retombe dans l’immobilité, mais cette fois, je sais qu’elle est revenue. Elle a ouvert les yeux, elle a repris conscience. C’est tout ce qui compte, pour l’instant.

Je recule encore, jusqu’à la fenêtre, mon regard toujours rivé sur elle. Je m’efforce de contrôler ma respiration, de réprimer cette vague d’émotions qui menace de tout balayer sur son passage. L’infirmière revient, se précipite vers elle, mais je ne lui prête aucune attention. Elle va bien. C’est tout ce qui m’intéresse.

Je tourne la tête vers la ville, son souffle régulier derrière moi me rappelant que je suis toujours là, coincé dans cette salle blanche avec elle.

Je n’ai jamais été celui qui s’occupe des autres. Ce n’est pas dans ma nature. Alors je reste à ma place, à distance, et j’attends. Parce que maintenant qu’elle est réveillée, une nouvelle guerre commence.



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Coucouuuu guys 👋

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A.🩷🎗

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