Journée à rallonge

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Je suis très heureuse de vous partager le tout premier chapitre de cette histoire « Derrière la façade ». J'ai déjà quelques chapitres sous le coude, que je vous transmettrai rapidement.
N'hésitez pas à me faire part de votre retour 🫶🏻
Bonne lecture 📖

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La soirée touchait à sa fin, et le plateau télévisé s'était vidé peu à peu. Gabriel Attal observait les techniciens démonter les caméras et ranger les câbles, tandis que son esprit était encore en pleine ébullition, hanté par les derniers échanges musclés du débat. Face à lui, son rival Jordan Bardella se tenait droit, toujours impeccable dans son costume sombre, discutant avec l'un des journalistes, le visage impassible.

Le débat avait été éprouvant, mais Gabriel ne pouvait s'empêcher de reconnaître la maîtrise avec laquelle Jordan avait défendu ses positions. Cette pensée lui arracha un léger sourire amer. Malgré la confrontation, il savait qu'ils partageaient quelque chose de plus profond, de plus intime, que ces luttes idéologiques mises en scène sous les projecteurs.

Alors que le dernier technicien quittait le plateau, Jordan se retourna vers Gabriel. Leurs regards se croisèrent brièvement, et il sembla hésiter un instant avant de s'approcher de lui.

- Vous avez l'air épuisé, Monsieur Attal. Vous devriez rentrer.

Gabriel, surpris par la douceur de son ton, haussa les épaules.

- Je le suis. Mais je ne suis pas certain de vouloir rentrer tout de suite.

Jordan esquissa un sourire, un peu fatigué lui aussi. Il jeta un coup d'œil autour de lui, vérifiant que personne ne les écoutait.

- Si vous voulez, nous pouvons aller chez moi. Juste pour se poser un moment. Vous n'avez pas l'air de tenir sur vos jambes, plaisanta-t-il.

Gabriel resta silencieux un instant, pesant ses options. Une partie de lui savait que ce n'était pas raisonnable, mais l'autre, celle qui aspirait à un peu de calme après cette journée interminable, lui soufflait qu'il méritait bien une pause et ne souhaitez pas retrouver son appartement vide. Après tout, c'était juste pour se reposer, rien de plus.

- Pourquoi pas. J'ai besoin de souffler un peu, admit-il finalement.

Ils quittèrent le plateau en silence, leurs pas résonnant dans le hall déserté du studio. L'air de la nuit les accueillit avec une fraîcheur apaisante, et quelques minutes plus tard, le chauffeur de Jordan les accueillait. Il ouvrit les portières arrières de la voiture, les invitant à s'installer. D'un geste fluide et assuré, il veilla à ce que tout soit parfaitement en place. Son visage, impassible, ne trahit aucune surprise à la vue de Monsieur Attal. Il se contenta d'un discret hochement de tête, ne posant aucune question. Professionnel jusqu'au bout des ongles, il referma doucement les portières et retourna à sa place au volant, prêt à démarrer sans un mot, comme s'il avait été préparé à cette situation depuis toujours.

Durant le trajet, les deux hommes échangèrent des regards discrets. Ils savaient que la situation était peu commode, mais une sorte de complicité tacite s'était installée entre eux, comme si l'épuisement de la journée avait brisé une barrière invisible et les avait rapprochés.

Une fois arrivés, l'atmosphère feutrée de l'appartement de Jordan les enveloppa immédiatement. En allumant les lumières, Gabriel découvrit la décoration digne d'un magazine. Les meubles en bois noble, les luminaires tamisés diffusant une lumière douce, et les cadres accrochés aux murs formaient des compositions aux couleurs délicates, évoquant les palettes de Monet. Des plantes luxuriantes ornaient les étagères, tandis qu'un parfum boisé mêlé à des notes d'orange flottait dans l'air. Tout semblait avoir été choisi avec un soin méticuleux.

La décoration sobre et soignée, ponctuée de touches personnelles comme les photos encadrées de sa famille, contrastait avec l'image publique rigide que Jordan renvoyait habituellement. Sur une des photos on le voyait dans une bassine un grand sourire aux lèvres. Ses fossettes n'avaient pas disparu, songea Gabriel un sourire au lèvres.

Gabriel se laissa tomber sur le canapé, exténué, tandis que Jordan disparaissait un instant dans la cuisine pour revenir avec deux verres d'eau.

- Tenez, buvez un peu. Vous avez l'air à bout, lui dit Jordan en s'installant à ses côtés.

Gabriel prit le verre, bu une grosse gorgée et posa le verre sur la table basse. La fatigue l'avait envahi tout entier, et sa tête, lourde, trouva naturellement appui sur le canapé.

- Je m'excuse, les journées sont vraiment chargées, murmura-t-il.

Jordan le regarda, l'air amusé.

- Ça se voit, ne vous inquiétez pas. Détendez-vous.

Lentement, sans même réfléchir, Gabriel se laissa glisser sur le côté, posant sa tête sur les jambes de Jordan. Ce dernier tressaillit légèrement, surpris par ce geste, mais ne bougea pas. Un silence apaisant s'installa, seulement brisé par les bruits étouffés de la ville à l'extérieur.

Les doigts de Jordan, presque instinctivement, commencèrent à glisser dans les cheveux ondulés de Gabriel, un geste doux et réconfortant. Ce dernier ferma les yeux, à ce simple contact, tel un chat cherchant l'affection de son maître. Il y avait quelque chose de profondément apaisant dans ce moment suspendu, loin des caméras, des critiques et des attentes du monde extérieur.

Jordan, tout en caressant les boucles brunes de Gabriel, repensait à la manière dont ils en étaient arrivés là, à cette étrange proximité née d'un monde qui les voulait adversaires.

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Vous en avez pensé quoi ? 🤭

Derrière la façade - Attal & BardellaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant