Derrière la façade - Attal & Bardella

Turbulences

Petit disclaimer pour les âmes sensibles : la lecture de ce chapitre ne sera pas une partie de plaisir.
Il contient des scènes de violence.

Faites attention à vous.

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Dans la voiture, Jordan se permit d'observer furtivement Gabriel qui s'endormait à ses côtés. Le moment avait une douceur inattendue, enveloppé par un calme fragile. Ils traversaient Paris à un rythme ralenti, pris dans les embouteillages, mais ils n'étaient pas pressés. Leur simple présence suffisait à apaiser les tourments qui les avaient accompagnés tout au long de la soirée. Dehors, la pluie tombait avec force, martelant la voiture, et le tonnerre grondait au-dessus d'eux. Les passants défilaient sous leurs parapluies, et les voitures alentour ralentissaient, rendant la scène encore plus surréaliste.

Jordan effleura la joue du plus âgé, incapable de détourner les yeux de son visage serein, presque angélique, profondément endormi à ses côtés. La respiration de Gabriel était régulière, paisible, et le doux martèlement de la pluie contre les vitres rajoutait de l'apaisement à l'atmosphère. Jordan se surprit à sourire, absorbé par ce moment rare de tranquillité, où le monde extérieur semblait s'effacer pour ne laisser que la présence rassurante de Gabriel. Il savourait cette parenthèse silencieuse, son cœur apaisé par la simple proximité de celui qu'il chérissait.

« Je ne pourrais pas me passer de toi... » pensa Jordan.

Arrivés devant son immeuble, il remarqua immédiatement la silhouette familière de la voiture de son père, garée juste devant l'entrée, comme une menace silencieuse. Un frisson d'angoisse le parcourut. La lumière de la rue éclairait le véhicule immobile, accentuant la tension qui alourdissait l'air. Jordan se raidit, sentant son cœur s'accélérer et ralentit doucement la voiture pour se garer. Chaque fois qu'il se retrouvait face à son père, l'inévitable affrontement le rendait nerveux, réveillant un mélange d'appréhension et de résignation.

« Putain, fait chier ! Il ne me lâchera jamais... » pensa Jordan, serrant le volant pour tenter de contenir la frustration qui bouillonnait en lui. Il prit une profonde inspiration, espérant apaiser sa colère, mais un coup sec contre la vitre de la voiture le fit sursauter violemment. Son père se tenait là, le regard dur, les sourcils froncés, visiblement impatient de mettre les choses au clair. « Depuis combien de temps m'attend-il sérieusement ? »

Jordan sentit un nœud se former dans son estomac tandis qu'il levait les yeux pour affronter ce visage familier et imposant. Son père tapota de nouveau la vitre avec une insistance froide, l'air de dire qu'il n'avait pas de temps à perdre.

- Sors, s'il te plaît. Il faut qu'on parle, dit son père, les yeux plantés dans ceux du jeune homme, intransigeant.

Jordan jeta un dernier coup d'œil à Gabriel, qui dormait profondément, et inspira profondément avant de descendre de la voiture, sentant déjà la confrontation inévitable qui l'attendait. La pluie tombait maintenant en torrents, battant contre la chaussée. L'atmosphère était lourde, presque suffocante, comme si même le ciel en avait assez.

Jordan sortit lentement de la voiture, ses mouvements hésitants, ressentant l'intimidation qui émanait de son père. Plus grand, la stature droite et massive, ses traits durs accentués par des années de contrôle et de pouvoir, il se tenait devant lui, le regard perçant. Sa mâchoire, sévère et contractée, trahissait une colère prête à exploser. Il prit soin de fermer la porte de la voiture derrière lui.