Best of ennemies

Chapitre 10 « Tout doux le loup »

La main chaude de Max se presse contre ma taille. Je ne suis pas à l'aise avec sa proximité, mais je prends sur moi. Je dois aller de l'avant. Je suis un peu rassurée, il y a du monde et Solyne n'est pas loin. Nos corps se mouvent, son souffle régulier contre ma joue. Du coin de l'œil, j'observe Jordan maintenant adossée contre un mur, le regard fixé sur moi. Ses yeux me transpercent, mais son expression est indéchiffrable. Deux filles lui tournent autour en gloussant et en jouant avec leurs cheveux, mais il reste immobile, comme si elles n'existaient pas. La confusion s'installe puis la raison prend le dessus : il doit être complètement raide.

_ Tu danses vraiment bien, murmure Max contre mon oreille, ses mains toujours posées sur mes hanches.

Je souris, sentant une bouffée de chaleur monter en moi à cause de son corps contre le mien, de l'intensité de nos mouvements. Et de Jordan.

_ Je fais de mon mieux, je réponds en souriant, tentant de garder un ton léger malgré le tumulte intérieur.

_ Ça te dit de prendre l'air ? demande Max, sa voix douce et rassurante. Je vais nous rechercher à boire. Surtout, ne disparais pas, ajoute-t-il avec un sourire avant de s'éloigner.

Je reste plantée au milieu du salon, mon cœur résonnant dans mes oreilles. La chaleur de ses mains sur mes hanches est toujours présente. Trop d'ailleurs. Je le regarde s'éloigner, sa silhouette se fondant parmi les autres, et un étrange sentiment me tire le ventre. J'ai un moment de recul quand Jordan apparaît devant moi.

_ Pas de rouge ce soir ? commence-t-il en me scrutant des pieds à la tête. Fais attention à ce mec, me conseille-t-il.

J'ai mille questions, mais pas le temps de commencer mon interrogatoire que Max revient déjà. Son regard passe du parasite à moi et son sourire se fige. Mon cœur s'accélère, comme si une bombe à retardement venait d'être déclenchée. À tout moment, je sens que ça pourrait dégénérer. Je prends le gobelet rouge que Max me tend, mais Jordan me le vol et le vide au sol. J'espérais tellement que la vodka me brûle la gorge et m'anesthésie quelques secondes.

_ On y va ? m'interroge mon cavalier, une lueur d'inquiétude dans les yeux.

Je hoche la tête, essayant de ne pas trembler. Jordan et son ombre imposante ne bougent pas. Ses iris bleus me jaugent, cherchant une réponse à une question que j'ignore. Nous nous éloignons, laissant l'indésirable derrière nous, mais son regard continue de peser sur mes épaules. Max essaie de me distraire, mais mon esprit reste coincé sur Jordan et ses paroles.

_ Qu'est-ce qu'il te voulait ? demande-t-il en scrutant attentivement ma réaction.

_ Rien, il... il aime juste semer le trouble, dis-je, évitant son regard. C'est compliqué.

Max répond d'un simple mouvement de tête. Une fois dehors, à l'écart de la foule, j'angoisse. Dommage, car la terrasse est plutôt sympa. Des lanternes sont suspendues ci et là, reflétant leurs lumières sur les murs en pierre. Mais seule avec Max, je me sens étouffée. Une balle de golf s'est logée dans ma gorge, m'empêchant de respirer normalement. Max, lui, a l'air détendu, à l'aise, comme si c'était la chose la plus naturelle du monde d'être ici, avec moi. Il me regarde avec un sourire à faire tomber toutes les filles. Ce sourire qui, dans un autre monde, aurait pu me faire fondre, mais là, il me met mal à l'aise. Je fais de mon mieux pour paraître détendue, mais je pince des lèvres, trahissant mon inconfort. Je respire profondément, essayant de me calmer, mais rien n'y fait. Mon cœur cogne dans ma poitrine, et je sens une sueur froide perler le long de ma nuque.

_ Tu veux t'asseoir ? propose-t-il en désignant un banc.

Je hoche la tête, incapable de parler, et m'assois à côté de lui. Max me regarde, ses yeux brillants dans la pénombre. Il s'approche un peu plus près, son regard fixe sur le mien, et je sens la tension monter.