Chapitre 2 « Séducteur »

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C'est le grand jour, le démarrage d'une nouvelle aventure. L'Université de Californie à Los Angeles est un terrain de jeu beaucoup plus grand que Torrey Santa Fe, mon petit quartier du comté de San Diego, où je vis avec mes parents et ma petite sœur June. Le campus est immense. Tout est différent, plus grand, plus bruyant. Au lycée, je n'ai jamais cherché à être le centre de l'attention ou eu besoin de jouer au roi du bal pour me sentir bien dans mes baskets. J'étais simplement un mec respecté avec mon cercle d'amis restreint. Mon père m'a toujours répété : « Entoure-toi des bons, mon fils. La qualité vaut plus que la quantité. » Un vieux réflexe professionnel, j'imagine. Il faut être un lion pour ne pas finir en proie dans le monde de la finance et surveiller ses arrières. Avec les filles, c'est vraiment autre chose. Ma popularité auprès d'elles n'a fait que grimper au fil des ans. Mais, soyons honnêtes, je ne vais pas m'en plaindre. En revanche, j'ai toujours été très sélectif, gardant une certaine distance et surtout, pas d'attachement. Aucune d'entre elles ne réussira jamais à percer la carapace que j'ai érigée. « Protège ton cœur, mon chéri. Quand l'élue arrivera, tu le sauras. » Comment ? « Tu sentiras le battement le plus fort vibrer dans ta poitrine en la voyant. » Voilà la phrase de ma mère, une éternelle romantique. Je me rappelle encore de ses yeux brillants quand elle disait ça, comme si elle voyait déjà mon futur amour se dessiner. Moi, je suis plus pragmatique. Je me marre intérieurement en y repensant. J'applique sa consigne, mais avec mes règles. Je me dis que ça arrivera un jour, ce battement dont elle parle, mais pour l'instant, je suis bien dans mon rôle de mec détaché. J'ai trop vu de potes se faire briser le cœur par des histoires qui partaient en vrille. Il vaut mieux prévenir que guérir. Chaque fois qu'une fille essaie de s'approcher trop près, une alarme intérieure s'active. Attention, danger ! J'adore passer du bon temps, mais je garde toujours un mur entre moi et elles. Une protection. Certaines rêvent d'être celles qui va réussir à me conquérir, celle qui va transformer le séducteur que je suis en gars bien rangé. D'autres veulent juste être la prochaine conquête éphémère, histoire de dire qu'elles m'ont eu, qu'elles ont goûté à l'interdit. Ma réputation fait des vagues, suscite de l'admiration et de la jalousie chez mes camarades masculins. Certains me respectent, d'autres aimeraient bien me voir tomber. Je suis conscient que ma présence peut parfois être intimidante. Ce n'est pas que je le fasse exprès, c'est juste que ça fait partie du package. Mais c'est ce qui m'aide à me démarquer. On me voit comme un mec qui se la raconte, qui joue les gros bras, mais je suis seulement conscient de mes atouts. Je suis sûr de moi, et ça se voit dans ma façon de me comporter. Il n'y a pas de place pour le doute. J'ai appris à lire les gens, à deviner leurs intentions, leurs faiblesses. C'est presque un jeu. Ce qui ne m'empêche pas d'avoir un cerveau et de savoir m'en servir. La plupart des gens s'imaginent que je suis juste un mec imbu de lui-même, un beau mec sans profondeur. Les gens sont bourrés de complexes et de préjugés qu'ils te font vite passer pour quelqu'un de prétentieux. Comme si c'était interdit d'être bien dans sa peau. L'idée qu'une personne soit consciente de sa valeur dérange. Je ne suis pas uniquement fait de chair et d'os. J'ai de l'ambition, des rêves pleins la tête, mais je les garde pour moi. Je n'ai pas à prouver que je vaux davantage que ce que les gens pensent. La vérité, c'est que j'adore apprendre, explorer de nouveaux sujets. Les gens seraient surpris de voir la pile de livres qui traîne dans ma chambre. Parfois, ça me frustre. Je me dis que les gens passent à côté de tellement de choses en se limitant à ces étiquettes. Je les laisse me sous-estimer, ça m'arrange presque. Comme ça, le jour où je vais vraiment briller, ils seront encore plus étonnés.

Après deux longues heures de route, j'arrive enfin. La fac est située au cœur du quartier de Westwood, et je dois dire que ça en jette. Le campus est immense, avec des dizaines de bâtiments en briques rouges et d'autres plus modernes. Je roule lentement sur l'allée principale, mes yeux se baladent partout, captant chaque détail. L'université est réputée pour son esprit sportif. Ça se voit. Salle de sport, terrain de tennis, de basket, piste d'athlétisme. Dès que je pose le pied dehors, l'excitation monte d'un cran. J'avance dans les allées, traversant les jardins. Des oasis de verdure au milieu du béton, des fontaines imposantes d'où l'eau jaillit avec force. Les arbres sont immenses, les pelouses impeccables. Je me sens à la fois petit face à cette grandeur et puissant d'en faire partie. Le cœur du campus se dresse devant moi, c'est la bibliothèque Powell. Une bâtisse majestueuse qui en impose. Les colonnes massives soutiennent le fronton, donnant à l'ensemble une allure vraiment impressionnante. L'architecture d'inspiration néo-romane, avec ses arcs en plein cintre et ses détails sculptés, dégage une aura mystique. Je m'arrête un moment pour l'admirer, absorbé par la beauté du bâtiment. Sa valeur historique et sa popularité font l'un des symboles les plus marquants d'UCLA. J'ai l'impression de faire un saut dans le temps en la regardant. Il y a quelque chose de solennel et sacré.

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