Chapitre 25 « Erreur fatale. »

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Je m'éloigne de la foule, j'étouffe. Il me faut un coin tranquille. Je me pose sur un rebord de fenêtre, le dos contre la pierre froide, les pensées en vrac. C'est une putain de tempête dans mon crâne. Ce baiser. Leïla. La seule femme pour qui je tombe raide dingue me fuit chaque fois que je l'embrasse. Elle se met des barrières immenses pour je ne sais quelle raison et ça me bouffe. Je lâche un rire amer. Jordan Davis, le tombeur que toutes les princesses voudraient avoir, tombe pour une reine inatteignable. Quelle ironie. Je revois encore son regard brûlant, ses lèvres gonflées contre les miennes et ce putain de désir qui me consume douloureusement. Chris me sort de mes pensées avec une tape sur l'épaule.

_ Ça va, mec ? me demande-t-il.

_ Ouais, ouais, juste un peu fatigué, je suppose.

Chris tique sur l'intonation de ma voix, mais il ne me pose pas plus de questions. Il me connaît assez pour ne pas avaler cette excuse bidon. Il se contente de me regarder, patient, attendant que je crache le morceau.

_ J'ai embrassé Leïla à action ou vérité, j'avoue enfin. Je suis resté bloqué et elle s'est sauvée.

Je ne précise pas qu'avant ça, un élan de provocation séductrice s'est emparé de ma conscience. Ni que mon côté possessif a pris le dessus en l'imaginant embrasser un autre mec. Je ne rentre pas dans les détails du baiser non plus. Je crois que si elle ne nous avait pas ramenés à la réalité, nous aurions passé un cap qui aurait eu bien plus de conséquences.

_ Plus de doute. Tu es amoureux, Jordan, déclare Chris.

Je l'admets. Je ne m'attendais pas à elle. Leïla est arrivée dans ma vie comme un ouragan, chamboulant tout sur son passage. Et en même temps, elle est tout ce que j'ai toujours attendu. C'était loin d'être prévu, mais c'était tellement évident.

_ Mais pas elle, je prononce amer.

_ Tu te fous de ma gueule, m'accuse Chris, comme si je venais de dire la plus grande connerie du siècle. Elle ne le montre pas, mais elle est tombée aussi, crois-moi. Tu as touché son cœur alors que jusqu'à maintenant, pour elle, l'amour n'était que douleur et cruauté. Je t'ai dit qu'il fallait être patient, me réprimande-t-il.

Ses mots frappent mon cœur. Mon cœur qui est rempli d'elle. Bien trop d'ailleurs. Le visage de Chris se tord de douleur, sûrement pris dans des mauvais souvenirs. Je ne sais pas ce qui s'est passé, mais je devine que Leïla a vécu bien pire qu'une simple rupture mal digérée.

_ C'est-à-dire ? Je tente de demander.

Soudain, des voix éclatent dans le couloir et l'ambiance change du tout au tout. L'atmosphère devient lourde. Mon cœur fait un bond dans ma poitrine, et je reconnais une voix. Cette intonation qui m'a crié dessus un nombre incalculable de fois. Je lève les yeux vers Chris, la panique dans son regard. Il comprend tout de suite, il sent le truc venir. Un mauvais pressentiment se répand comme un poison dans mes veines. Mon esprit s'emballe et l'appréhension monte en flèche.

_ Merde, s'exclame Chris.

Sans même réfléchir, nos jambes se mettent en mouvement, poussée par une force invisible. Mes pieds battent le sol avec une urgence désespérée, chaque pas me rapprochant d'une certitude que je redoute. Je balaye la pièce et comme si elle avait senti ma présence, cette voix hurle :

_ JORDANNN !

Je croise enfin son regard, ses yeux brillent de terreur. Tout s'efface, elle est la seule chose qui compte.

_ Putain, Leïla, je crie.

Une brusque montée d'adrénaline me secoue, mon sang commence à bouillir dans mes veines. Mes poings se ferment involontairement, les muscles de mes bras se tendent à l'extrême. La scène devant moi m'arrache le cœur, faisant passer ma colère à une rage brûlante. Un mec, complètement ivre, avec une attitude agressive, tente de s'immiscer sous la robe de Leïla. Une vague de dégoût et de furie me submerge. Mon cœur bat à un rythme effréné, chaque pulsation résonne dans mes tempes comme un tambour de guerre. Mon regard s'enflamme, une lueur dangereuse et déterminée danse dans mes iris. Je suis prêt à tout, incapable de rester spectateur d'une telle merde. Je fonce, me frayant un chemin comme un bulldozer. Les murmures inquiets commencent à se répandre, accompagnés d'une vague de chuchotements et de regards alarmés. Je perds de vue tout ce qui n'est pas cet enfoiré et Leïla. Chaque seconde me paraît une éternité alors que je m'approche du bâtard. Arrivé à sa hauteur, je pose ma main sur son épaule avec une force qui laisse peu de place à l'interprétation. Je le tire en arrière avec brutalité, mon regard incendiaire fixé sur lui.

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