Chapitre 34 « Mirage ou réalité ? »

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L'air marin me caresse la peau, un souffle léger qui apaise un peu mon cœur en vrac. J'ai fait le ménage dans ma vie. Fini le Sunset Bistro, j'ai claqué la porte. Et puis, j'ai fini par tout raconter à mes grands-parents, sur ce qui s'est passé il y a trois ans. La confrontation avec la mère d'Aaron m'a complètement retournée, mon visage était tellement marqué par cet échange que je n'avais aucun moyen de mentir. En prime, lundi, je vais devoir affronter Jordan. Alors, le Week-end que Solyne m'a proposé arrive à point nommé. Solyne m'a emmené à Santa Barbara, dans l'une de leurs nombreuses maisons secondaires. Je marche pieds nus sur le parquet en bois, me dirigeant vers la cuisine ouverte, avec un plan de travail si grand que j'ai envie de préparer un repas de roi. Mauvaise idée, car piètre cuisinière. Solyne attrape deux bières dans le frigo et nous nous laissons tomber sur un des canapés, les yeux fixés sur l'océan à travers les vitres. Solyne lève sa bouteille et déclare :

_ À notre week-end. Cent pour cent filles, précise-t-elle, sourire en coin.

J'imite son geste, mais, tic sur le ton de sa voix, bien trop malicieuse pour être honnête. Mais je ne m'attarde pas sur le sujet et avale une grande gorgée.

_ Fini les mecs, je lâche en soupirant.

Solyne arque un sourcil.

_ Pour toujours ? demande-t-elle, les yeux écarquillés.

_ N'abuse pas, je ris.

_ Enfin une parole sensée ! s'écrie-t-elle en exagérant son soulagement, une main sur le cœur.

Solyne change brusquement d'attitude, son expression devient plus sérieuse, presque inquiète, tandis qu'elle se tourne vers moi, son bras se posant sur le dossier du canapé.

_ Je peux te poser une question ? enchaîne-t-elle.

Ma gorge se serre si fort que je hoche simplement la tête, sceptique, et elle poursuit :

_ Si Jordan débarquait ici, tu ferais quoi ?

Je sens la panique monter d'un coup et mon corps se tend. Mon regard se met à balayer la pièce frénétiquement, comme s'il allait surgir à n'importe quel moment. Mes yeux fouillent chaque recoin, chaque ombre, cherchant une trace de lui. Solyne éclate de rire, me ramenant à la réalité.

_ Respire, Leïlou, il n'est pas là.

Je suis presque déçue. Presque.

_ Et bien... pour être honnête, je n'en sais rien, j'avoue, fébrile.

Je me sens perdue rien que d'y penser. Mes mains tremblent tellement que je pose ma bière sur la table basse de peur de faire une connerie. Le silence qui s'installe après ma réponse est lourd, chargé de tout ce que je n'ose pas dire. Je me sens vulnérable, à découvert. Je déteste cette sensation d'être exposée. Même si Solyne fait partie des rares personnes à qui je peux tout dire, pour une fois, je n'y arrive pas. Je détourne le regard et fixe l'immense cheminée en pierre, comme si elle pouvait me livrer des secrets enfouis au fond des flammes qui dansent. Je ne sais pas trop ce que j'attends, mais il y a une partie de moi qui espère que le feu va me souffler des réponses, me dire quoi faire.

_ Spa, feu de camp sous les étoiles, commence-t-elle à énumérer, me sortant de mon semi-coma.

Pieds dans le sable, verre de vin et marshmallows grillés, continue Solyne.

_ Ça me paraît parfait, j'approuve en esquissant un petit sourire.

_ Par contre, on va y mettre un peu de glamour avec des tenues de soirée, m'annonce-t-elle.

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