Chapitre 11 « Colis piégé »

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Le premier semestre touche presque à sa fin et j'ai l'impression qu'il a filé à la vitesse de la lumière. Je n'ai pas vu le temps passer, entre les partiels, les soirées, les filles... et Leïla. Avec elle, c'est toujours la guerre, chaque dispute est une bataille acharnée. On se prend la tête comme des gamins, elle a quelque chose qui me pousse à chercher le conflit. C'est bizarre, mais ça m'attire autant que ça me saoule. Elle a ce truc qui m'énerve, qui me fait péter les plombs, mais je ne peux pas m'empêcher de vouloir plus. C'est comme une drogue, un shot d'adrénaline qui monte chaque fois qu'on se confronte. Ses yeux qui s'embrasent, sa voix qui s'élève... ça m'arrache la gueule de le dire, mais ça me fait vibrer. Chris est persuadé que Leïla et moi sommes liés d'une manière ou d'une autre, qu'on le veuille ou non. Et ça me coûte encore de le dire, mais je crois qu'il a raison. Je ne sais juste pas encore par quel lien. Nous sommes dans une danse tordue, un jeu dangereux dont je ne peux pas me passer. Et bordel, je ne sais pas pourquoi. Tout comme j'ignore pourquoi j'ai eu cette impulsion débile de la coller contre moi à cette foutue soirée. Mais les insultes gratuites qu'elle se prenait sur son physique, ont fait bouillir mon sang. Je ne supporte pas ça. J'ai vu en direct ce que ma petite sœur pouvait endurer, et c'était impossible pour moi de ne pas intervenir. Même si Leïla se défend très bien toute seule, c'était plus fort que moi, instinctif. Et puis il y a eu ce moment. Ce putain de moment où nos souffles se sont synchronisés, sa tête contre mon torse. Je n'ai pas la moindre idée de pourquoi j'ai aimé ça. Pourquoi j'ai aimé qu'elle soit près de moi, à ce point ? Chaque fibre de mon être hurlait son nom, alors que je la hais. C'est tellement confus, tellement... foutrement compliqué. Oh, trésor, tu m'énerves. Si fort. Je sens encore la chaleur de son corps contre le mien, sa respiration saccadée. J'aurais dû la repousser, mais quelque chose en moi m'en empêchait. C'était comme si mon corps avait pris le contrôle, refusant de lâcher prise. Je me souviens de chaque détail. Sa peau douce contre mes doigts, son parfum léger de vanille. Ça m'a retourné le cerveau. Je me rassure en me disant que ce n'était qu'un simple moment de faiblesse.

Il est minuit passé et on a cours demain matin, mais ni Chris ni moi ne trouvons le sommeil. Sa chambre est plongée dans une semi-pénombre, juste éclairée par la lampe du bureau. Je suis adossé au mur, tandis que Chris est assis en tailleur sur son lit.

_ Alors, Jo', quel est ton secret pour séduire autant de filles ? lance-t-il, le regard brillant.

La conversation tombe à pic. Ça m'évitera de me perdre dans mes propres pensées et d'obséder sur sa casse-pieds de copine.

_ Il faut juste savoir lire les signaux, être charmant, et surtout, ne jamais hésiter à prendre des risques, j'explique avec un petit sourire en coin. Voilà un sujet que je maitrise. Par exemple, je continue, tout à l'heure à la cafèt', il y avait cette fille, Ava. Elle me lançait des regards en douce et sa gestuelle parlait pour elle. Je me suis avancé pour lui offrir un café et lui ai clairement dit mes intentions, je termine.

_ Et alors ? s'impatiente Chris.

_ Elle a accepté, je conclus en riant.

La vérité, c'est que je n'ai rien conclu du tout. Parce que je n'en avais pas envie. Parce que mon esprit était ailleurs. Tu fais chier, Sanchez.

_ Tu n'as pas peur de te planter, s'esclaffe Chris, ou de te prendre une gifle ?

_ Non. Même si ça ne finit pas toujours comme prévu, au moins j'aurais essayé. Et puis... parfois, les risques, ça paie, je réponds avec un hochement d'épaules.

_ Mais au fond, tu ne veux pas quelque chose de réel ? Tout ça ne te lasse pas ? m'interroge-t-il plus sérieusement, son regard cherchant le mien avec une intensité particulière.

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