CHAPITRE VINGT-DEUX :

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Certaines personnes se pensaient très discrètes, croyant être capable de jeter une multitude de coups d'œil sans se faire repérer par la personne ainsi observée. Malheureusement pour le garçon inconnu qui l'avait ainsi épié, Seven ne faisait pas partie de cette catégorie de personne à qui tout échappe.
A l'instar des lentilles des caméras les plus perfectionnées, elle captait le moindre mouvement. Peut-être que cette affirmation était un peu exagérée mais l'esprit était là.

Ainsi, elle l'avait remarqué, ce garçon aux cheveux noirs en batailles, aux chaussures énormes et au style vestimentaire étudié. Elle avait compris les regards qu'il lui glissait, dès qu'il la voyait, lorsqu'il venait chercher son ami aux cheveux bleus. Elle se demandait combien de temps il lui faudrait encore pour oser venir lui adresser la parole, ne serait-ce qu'à travers un "bonjour" banal mais cordial.
Son nom, elle se doutait qu'il le connaissait déjà. Non pas pour se vanter et s'inventer une renommée égalant celle des Saint-Yves ou du fils de Monteil, simplement il fallait reconnaître que pas mal d'étudiants étaient capables de l'identifier.
Par contre, elle aurait bien aimé connaître le sien...

Chose qu'elle n'avouerait pas devant Zéphyr ceci dit. Elle connaissait bien son amie, elle savait qu'elle rirait et qu'elle s'empresserait d'alerter le reste de la bande pour les prévenir que quelqu'un plaisait à Seven. Et les membres de la clique avaient un don pour se montrer particulièrement gênants, lorsqu'ils le désiraient.
Les actes qui feraient naître l'embarras de Seven se résumaient en quelques mots, un concept qui les amusaient toujours beaucoup quand il ne s'appliquait pas à eux, mais beaucoup moins lorsqu'ils en étaient la cible. Un tribunal de validation, destiné à juger la personne qui avait plu à l'un des membres, avec tout un tas de questions plus stupides les unes que les autres.

Mais Zéphyr était sa meilleure amie, elle avait besoin de lui raconter les choses, de lui décrire ce garçon et de lui dire pourquoi il commençait à lui plaire, même sans avoir échangé le moindre mot.

svnnrssn
🙂

zephyrcolasss
Bonjour Seven !
Tu es bien matinale aujourd'hui.

svnnrssn
il est 9 heures passées Barbie
et on est jeudi

zephyrcolasss
Qu'as-tu à me demander ?

svnnrssn
rien à demander
qqch à dire
nuance

zephyrcolasss
Je suis TOUT à toi.

svnnrssn
incorrigible

svnnrssn
bref, tu vois le type
dont je t'avais parlé
celui qui me guette là

zephyrcolasss
Celui qui te guette avec un regard
de lover, tu veux dire ?
Oui oui, je m'en souviens.
Pourquoi ?

zephyrcolasss
OH !!

zephyrcolasss
Dis moi que c'est ce que je crois.
Par pitié.
J'ai besoin d'un peu de thé bouillant
dans ma vie.

svnnrssn
oui
🙂

Comme prévu, les moqueries de l'étudiante en médecine fusèrent mais Seven sentit qu'il y avait quelque chose d'étrange. Même si elle ne la voyait pas et qu'elle n'entendait pas sa voix, elle percevait que quelque chose sonnait faux.
Il n'y avait pas le réel entrain dont elle faisait preuve d'habitude.
Seven n'était pas idiote, elle savait pertinemment ce qui causait une telle humeur chez son amie. La situation avec Marigold n'était pas des plus agréables.

Zéphyr refusait cependant toute aide que l'artiste tentait de lui proposer, prétendant être très forte et en tout cas, plus forte que cela.
Mais Seven la connaissait assez pour savoir que tout cela n'était qu'un tissu de mensonges.
Elle pouvait citer quelques anecdotes datant de la période lycée - ou même certaines plus actuelles - pour prouver ses dires. Notamment la fois où elle s'était écroulée au plein milieu du gymnase presque désert, pendant leur année de seconde, tandis que le reste de la classe partait se changer après deux heures éreintantes. Tout cela parce que leur professeur de sport l'avait prise en grippe et ainsi décidé de lui pourrir sa moyenne générale. Elle s'était cependant rapidement ressaisie et avait joué à l'enseignant un tour qui lui avait fait regretter d'oser poser des notes en dessous de sept à quiconque.
Si Seven avait une bonne mémoire, c'était précisément ce jour-là que Regina George avait pris possession du corps de Zéphyr pour ne plus jamais la quitter.

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