CHAPITRE SEIZE :

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Les messages de Marigold la faisaient toujours ricaner comme une jeune adolescente qui vit ses premiers émois. Mais elle avait envie de savourer cette douceur et cette tendresse qui avaient tant manqué à ses relations précédentes.
Elles s'étaient toutes soldées par des échecs et des excuses parfois débiles, auxquelles Zéphyr ne répondait jamais, se contentant de sortir les personnes de sa vie, de commander un gros pot de glace et de regarder Mean girls en compagnie de ses copines les plus proches. Et parfois d'Isaak parce qu'il n'y avait personne de plus adapté que lui pour trouver les insultes appropriées en direction des incapables.

Des coups hésitants furent frappés contre sa porte et elle eut juste le temps d'autoriser le visiteur avant qu'il ne débarque dans la pièce :

— Zéphyr, tu peux m'aider avec mon exposé ?

— C'est pour quand ?

— Mardi prochain.

La blonde leva un sourcil accusateur, mais autorisa quand même son petit frère à la rejoindre sur son lit.

— Tu aurais pu t'y prendre avant, non ?

— C'est aussi ce qu'a dit maman, soupira l'adolescent.

Il déposa sur la couette les faibles recherches qu'il avait effectuées, évitant le regard de sa grande sœur comme s'il se sentait coupable.

— Et il porte sur quoi, cet exposé ?

— Sur les cailloux.

—  Zach', tu es conscient que je suis une future médecin, pas géologue ?

Le collégien eut l'air si penaud qu'elle ravala son sarcasme et posa ses mains sur ses épaules, lui assurant que ce n'était pas pour autant qu'elle n'allait pas lui venir en aide.
Certes, ce n'était pas tout à fait comme ça qu'elle avait prévu occuper sa soirée, mais passer du temps avec son petit frère n'était jamais une corvée alors cela lui convenait quand-même.

⧫⧫⧫⧫⧫

Tous bons rendez-vous entre Seven et Zéphyr s'étaient toujours faits au Spill the Tea, et c'était une tradition qui n'était pas près de changer.
Ceci dit, il y a bien une chose qui n'était pas commune : le pli soucieux qui se dessinait entre les sourcils de la photographe.
Mais Zéphyr connaissait son amie, il valait mieux attendre qu'elle ouvre la bouche en premier et que tous les secrets en jaillissent. Une Seven interrogée se fermait comme une huitre, laissant disparaître toutes les informations que les autres désiraient tant découvrir.

Une fois leurs thés servit, l'arménienne se mit à raconter celui pour lequel elle avait convié son amie. Zéphyr ne pipait mot, se contentant de quelques mimiques faciales, parfois des onomatopées silencieuses.
La fête de Teodor, la bagarre et un fichier vidéo retrouvé par miracle et qui lui avait donc permis d'obtenir les réponses aux questions qui avaient tant secoué le campus.

— Mais Seven, je ne comprends pas ton hésitation. Isaak lui-même t'a dit qu'il ne voyait pas d'inconvénient à ce que tu rendes ça public. Quant à l'autre protagoniste... Tu détestes Elios du plus profond de ton être alors je ne vois pas ce qui peut te retenir.

— Oui oui, Isaak a dit. Isaak dit beaucoup de choses. S'il y a bien une chose qu'il sait faire c'est celle-ci : parler.

— Qu'est-ce que tu veux dire ?

Seven fit une pause, joua avec son téléphone en tapotant sur la vitre avec ses immenses ongles. Zéphyr ne la lâchait pas des yeux, comme si la moindre seconde d'inattention allait la faire disparaître.

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