Chapitre 33 : Ignatiusa

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Ignatiusa était allongée sur le lit rigide de la chambre d’hôpital, son corps lui paraissait comme un poids immobile qui l’entraînait vers le fond. Autrefois, ses muscles, forts et robustes, ne lui obéissaient plus, et chaque respiration lui coûtait un effort. Elle fixait le plafond, sentant cette voix intérieure qui lui susurrait la peur de l’échec, la crainte que sa détermination ne suffise pas et que ses jambes la trahissent à nouveau, ce qui ne faisait qu'attiser sa colère. La première séance de rééducation était prévue pour aujourd’hui, et elle ignorait par où commencer.

L’infirmière préparait les équipements, tandis qu’Arlan, assis près de la fenêtre, observait en silence. À ses pieds, Lyulph, le loup au regard perçant, veillait, ses yeux passant sans cesse de son maître temporaire à la jeune fille.

L’infirmière s’approcha du lit avec un sourire bienveillant, son regard passant rapidement de l'équipement à Ignatiusa. Elle semblait mesurer l'ampleur de la tâche à venir, mais ne montra aucun signe d'hésitation.

"- Aujourd’hui, nous allons commencer doucement," dit-elle d'une voix calme, comme pour apaiser la tempête qui grondait sous la surface d'Ignatiusa. "Le but n’est pas de marcher immédiatement, mais de réveiller les muscles et de réapprendre à les utiliser. Je serai là tout le long du chemin, pas à pas."

Ignatiusa ne répondit pas, ses mâchoires serrées, luttant contre l'inquiétude et la frustration qui montaient en elle.

Je suis obligée de marcher le plus vite et point final.

"- Monsieur Rubtanof, j'aurais besoin de votre aide. " dit-elle à Arlan " aidait lui a s'assoir et vous mademoiselle Senna essayer de tendre tout vos muscles de la haute partie du corps et se concentrer uniquement sur le bas."

Arlan hocha la tête et se leva sans un mot. Ses pas étaient silencieux alors qu'il s'approchait du lit d'Ignatiusa. D'un geste mesuré, il glissa un bras sous son dos, prenant soin de ne pas lui faire mal, et l'aida à se redresser. Ignatiusa grogna faiblement, ses muscles se tendant sous l'effort, mais elle se mordit les lèvres pour ne pas laisser paraître sa douleur.

"- Voilà, c'est bien, maintenant Senna éteignez tous les muscles des bras, du dos, monsieur Rubtanof vous tiens." Ignatiusa posa son dos contre les bras d'Arlan comme contre un mur et ne le sentais plus, ses bras posés n'étaient plus contractés, elle ne pensa plus qu'à ces jambes et leurs sensations.

L’infirmière ajusta doucement les coussins sous les jambes d’Ignatiusa et plaça ses mains sur ses mollets.

"- On va commencer avec de légers étirements, d’accord ? Concentrez-vous sur la sensation, même minime, que vos muscles vous renvoient. La connexion doit se rétablir, et pour ça, il faut de la patience." Elle commença à bouger lentement les jambes inertes d'Ignatiusa, étirant ses muscles raides.

À chaque mouvement que l’infirmière faisait avec ses jambes, Ignatiusa ne sentait rien. Pas la moindre étincelle, pas le moindre picotement. C’était comme si ses jambes appartenaient à quelqu’un d’autre.

Aller, Aller, Aller ALLER ! ALLER !

"- Vous sentez quelque chose ?" demanda infirmière

"- Rien."

Rien. Elle répétait ce mot de nouveau et de nouveau dès que l'infirmière la questionna jusqu'à la fin du scéance. La seule bonne nouvelle était que maintenant elle pouvait se déplacer dans l'hôpital et même dans le jardin mais dans un fauteuil roulant. Il n'était pas aussi mal que ça, c'était plus rapide que marcher et demander moins d'effort.

Assie toi et profite.

Ce murmure sarcastique s'infiltra dans son esprit, la tentant de céder, de se contenter de ce fauteuil qui lui offrait une fausse liberté de se promener dans l'hôpital et même dans le jardin.

Légende du monde perdu [TOME 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant