Chapitre 21: Karina

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Plus silencieux que l'eau sous la glace, plus bas que l'herbe dans le froid hivernal. En attendant le moment inévitable, il lui était impossible de se faire connaître. elle prit tout ce qui restait dans sa maison abandonnée à la périphérie du royaume et attendit que Centauri déciderait de rendre visite au famille de Baldr. N'ayant dit au revoir qu'à Balder, elle ne savait plus si c'était une bonne idée ou si toute leur gentilless leur était à nouveau rendue de manière défavorable.

Une fois de plus le destin s'est montré miséricordieux et malgré la maladresse de Karina, elle a réussi à gagner son moyen de transport, son cheval.

Le bruit des sabots de fer transperça la neige épaisse et frappa les fleurs vertes et l'herbe endormies. Les flocons, récemment tombés, volaient en éclats sous l'impact, laissant derrière eux un tapis immaculé qui se refermait rapidement, effaçant les traces de ce passage éphémère. Malgré le froid qui engourdissait l'air, le souffle du cheval dégageait une chaleur palpable, créant de petites volutes de vapeur à chaque exhalation. Le froid semblait s'accrocher à ses mèches, les transformant en fils d'argent étincelants sous la lumière pâle du jour. Le vent hurlait à travers les cimes des arbres, s'engouffrant entre les troncs serrés des sapins qui formaient une barrière dense tout autour. Ces géants de la forêt, impassibles et majestueux, paraissaient danser sous l'effet des bourrasques, leurs branches chargées de neige clignotant devant ses yeux. Le soleil et la lune reprenait le travail l'un après l'autre sans jamais s'arrêter.

Aucun obstacle ne bloqué son chemin. La carte et la boussole lui furent d'une grande utilité, et il ne fut guère difficile de s'extraire de ce labyrinthe. Ses dangereux habitants ne montraient aucun signe de présence, peut-être que seul Neilée a grandi ce mois-ci et qu'il n'y avait plus de place pour elle sur le cheval et sur la neige blanche et ses points noirs ne traînaient pas derrière la maîtresse.

Mais voici, maintenant, deux routes se dressaient devant elle, deux routes opposées : à droite était le royaume de la justice et à gauche était le royaume du crime, et les deux étaient en guerre éternelle.

Qui a eu cette idée de placer deux royaumes opposés l'un à côté de l'autre.

La forêt sombre entourait la jeune femme de toutes parts, et il semblait même que les étoiles avaient refusé de briller en cette heure funeste. Elle était assise sur son cheval, le guidant prudemment le long d'un sentier étroit. Dans le silence de la nuit, on n'entendait que le léger craquement de la neige sous les sabots et la respiration feutrée de sa compagnon, Neilée qui avançait doucement à ses côtés, ses pas à peine audibles sur le tapis de neige.

Soudain, un bruit étrange se fit entendre parmi les arbres. Karina arrêta son cheval et se figea, à l'écoute. Le léopard aussi s'était tendu, ses oreilles frémissant légèrement, ses yeux perçant la noirceur. L'instant d'après, des silhouettes sombres émergèrent des ténèbres. Six ou sept hommes en haillons, leurs capes déchirées, l'encerclèrent. Leurs visages étaient cachés par les ombres de leurs capuchons, mais la lueur froide de leurs armes était bien visible.

"- Eh bien, quelle chance", lança l'un d'eux d'une voix rauque, s'approchant. "Une fille avec un bon butin."

Le cœur de la jeune femme s'emballa, mais elle ne laissa rien paraître. Elle leva la main gauche, montrant trois profondes griffures.

"-Vous reconnaissez ça ?" dit-elle d'une voix aussi dure que l'acier. "- Je fais partie de ceux qui... " Mais elle n'eut le temps de finir.

L'un des bandits fit un pas en avant, scrutant sa main, avant de ricaner méchamment.

"-Il semble qu'on se soit trompé, les gars. Elle n'est pas des nôtres. Tuez-la et prenez tout ce qui a de la valeur."

La jeune femme comprit immédiatement son erreur. Son regard se tourna vers le léopard, qui s'était déjà hérissé, prêt à défendre sa maîtresse. Sans un mot, elle dégaina son épée de la main droite, la tenant fermement. Son cheval piétinait nerveusement, ressentant la tension de sa cavalière.

Les bandits attaquèrent presque simultanément. Neilée se jeta sur le plus proche, le renversant au sol et plantant ses crocs dans sa gorge. Karina fit tourner son cheval, esquivant le premier coup, avant de trancher d'un geste rapide l'un de ses assaillants. L'acier tranchant pénétra dans sa chair, et il s'effondra sur la neige, haletant et serrant sa blessure.

Ses adversaires ne reculaient pas. Ils l'encerclaient de plus en plus, attaquant de tous les côtés. Le cheval hennit et se cabra, mais la jeune femme resta en selle, frappant à gauche et à droite. Sa amie bondissait parmi les assaillants, son pelage blanc taché de sang, mais cela ne faisait que renforcer sa férocité.

Cependant, les forces de la jeune femme commencèrent à s'épuiser. Son bras tenant l'épée s'alourdissait, et ses yeux étaient brûlés par la sueur et la neige. À un moment donné, l'un des bandits la frappa avec son bouclier, et elle perdit l'équilibre, tombant de son cheval. Neilée se précipita vers elle, mais un coup de masse le fit reculer. Tout était comme sur le navire "Tempête Sanglante de Phénix" mais cette fois-ci Manrat n'était pas là pour la sauver.

Allongée sur le sol, Karina vit les dernières ombres se refermer sur elle, et l'obscurité l'engloutit complètement. La dernière chose qu'elle entendit fut le grondement sourd de sa fidèle compagnon et le rire rugueux des bandits.

Légende du monde perdu [TOME 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant