Chapitre 11 - A l'aube de la Vérité

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Gabriel se tenait devant la maison de l'ancien policier, la respiration suspendue, partagé entre l'appréhension et l'obsession de découvrir la vérité. La bâtisse semblait porter le poids du passé, une lourdeur visible jusque dans les volets de bois ternis et les murs de briques anciennes. Il frappa et attendit, écoutant le silence pesant autour de lui. Enfin, le vieil homme apparut, son regard usé mais encore perçant, une lueur de gravité dans les yeux.

« Entre, Gabriel », dit-il d'une voix rauque, légèrement étouffée, comme si chaque mot portait un secret.

Gabriel pénétra dans le salon à l'atmosphère chargée de souvenirs et de mystères. Des dossiers poussiéreux jonchaient la table en bois massif, et l'ancien policier sortit plusieurs photos, les déposant une à une devant Gabriel. Chaque image semblait capturer un moment figé dans la terreur. Des fragments de vêtements d'enfants, des chaussures abandonnées dans la boue, des tentes effondrées au milieu de la forêt.

« Ce sont... les preuves recueillies durant cette affaire, celle des nuits d'horreur», expliqua-t-il en désignant les photos, un tremblement dans la voix.

Les doigts de Gabriel frémirent alors qu'il s'emparait d'une photographie montrant une chemise d'enfant déchirée, tachée de terre et de sang. Une étrange douleur s'éveilla dans sa poitrine, comme un picotement d'abord, puis une brûlure qui s'intensifiait. En parcourant les images du camp de scouts, il sentit son souffle devenir plus court, chaque respiration difficile à prendre.

Les photos semblaient déclencher en lui une vague de sensations incontrôlables : il entendait des cris étouffés, des sanglots brisés, des murmures suppliants, et une image floue de tentes balayées par le vent s'imposait à son esprit. Les sons semblaient réels, comme s'ils résonnaient dans la pièce. Ses mains se mirent à trembler, ses doigts se crispant sur la photo alors que des éclairs de douleur lui traversaient le crâne. C'était comme si quelque chose de profond, de refoulé, surgissait enfin à la surface.

Les battements de son cœur s'accéléraient, provoquant une pression insupportable dans sa poitrine. Une vive douleur éclata soudain, irradiant depuis sa tête jusque dans sa cage thoracique. Le monde autour de lui devenait flou, ses oreilles bourdonnaient tandis qu'une violente crise le submergeait, paralysant son corps et son esprit.

« Gabriel ! » Le vieil homme se précipita, posant une main ferme sur son épaule, tentant de le ramener à la réalité. Gabriel vacilla, ses pupilles dilatées de terreur, un souffle court et haché s'échappant de ses lèvres. Il essaya de respirer, mais chaque inspiration semblait étouffée, comme s'il manquait d'air.

« Calme-toi, respire, tout va bien... », murmura l'ancien policier d'une voix douce, son visage empreint d'inquiétude. Il lui tendit un verre d'eau, soutenant son dos pour qu'il puisse boire quelques gorgées. Gabriel, en sueur, but d'un trait, sentant l'eau fraîche apaiser un peu la brûlure dans sa gorge. Il prit une longue inspiration, sa respiration redevenant peu à peu régulière, bien que son corps tout entier soit secoué par l'angoisse.

« Est-ce que... ça t'arrive souvent ? » demanda l'ancien policier, l'observant attentivement, son visage empreint d'une compassion sincère.

Gabriel hésita, tentant de reprendre contenance. « Non... c'est... c'est rare », murmura-t-il, préférant cacher la vérité. Car ces crises le rattrapaient de plus en plus fréquemment, chaque fois plus violentes, comme si elles cherchaient à faire émerger quelque chose de terrible enfoui dans les tréfonds de son esprit.

L'ancien policier hocha la tête, mais Gabriel vit dans ses yeux une lueur de suspicion. L'homme reprit alors son récit, détaillant les indices et les horreurs découvertes lors de l'enquête. « Ces traces de lutte, vois-tu, ce sont des marques de désespoir... Les enfants se battaient contre quelque chose. » L'ancien policier laissa planer ses mots, les yeux fixés sur une photographie déchirante où des arbres portaient les griffures profondes des petites mains s'agrippant, cherchant un dernier espoir. Les marques semblaient encore vivantes, un souvenir figé dans l'écorce des arbres, comme si elles retenaient l'écho de leurs cris.

L'envers des ombresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant