La lumière tamisée de la lampe à huile baignait la pièce d’une douce chaleur orangée. Assises autour de la petite table en bois, Ndi Go’o, sa sœur Juma, et Camille savouraient un dîner simple.
Entre deux bouchées, Juma leva les yeux vers Camille, fascinée par la cascade de cheveux blonds qui encadraient son visage.
— Dis, Camille, est-ce que je pourrais tresser tes cheveux ? demanda Juma, les yeux brillants d’excitation. Ils sont si lisses, ce serait parfait pour essayer des coiffures !
Camille esquissa un sourire timide, tandis que Ndi Go’o haussa un sourcil, légèrement amusée.
— Juma, ne commence pas avec tes idées folles, répliqua-t-elle en riant doucement. Tu n’as jamais réussi à coiffer qui que ce soit sans tout emmêler.
— Ah ! C’est l’hôpital qui se moque de la charité ! Juma éclata de rire, se tournant vers Camille avec un clin d’œil. Ndi Go’o, elle, préfère les cheveux en bataille, c’est plus rapide. Elle, ne veux jamais se coiffer, plaisanta Juma en mimant un geste dramatique de désespoir.
Leurs rires furent brusquement interrompus par des coups secs à la porte. Le silence tomba comme une chape de plomb. Juma échangea un regard inquiet avec sa sœur.
— Il est déjà neuf heures du soir… Qui viendrait à cette heure ? murmura-t-elle, presque pour elle-même.
Ndi Go’o, dont le regard s’était durci, se leva doucement. Un mauvais pressentiment lui noua l’estomac. Et si c’était Michael Stoeffel ? Et s’il les avait retrouvées ?
— Juma, emmène Camille dans ta chambre. Quoi qu’il se passe, restez cachées, d’accord ? ordonna-t-elle à voix basse.
Juma, comprenant la gravité de la situation, hocha la tête, prit la main de Camille et la guida rapidement vers sa chambre. Une précaution devenue presque instinctive depuis qu’elles craignaient d’être retrouvée par Michael Stoeffel.
Restée seule, Ndi Go’o inspira profondément, avançant lentement vers la porte. Elle prit une grande inspiration et demanda, sa voix tremblante d’appréhension :
— Qui est là ?
Au lieu d’une réponse, elle entendit des voix étouffées à travers le bois de la porte.
— Josepha… tu es sûre que c’est bien ici, la maison d’Indigo ? chuchotait une voix.
— Mais oui voyons... J'ai peut-être un mauvais sens de l'orientation mais pas à ce point...
Ndi Go’o soupira de soulagement, reconnaissant les voix de Sandra et de Josepha. Elle ouvrit la porte pour découvrir ses amies, visiblement inquiètes.
— Ndi Go’o ! s’exclama Sandra en entrant précipitamment, son visage trahissant une sorte de reproche affectueux. On s’est fait un sang d’encre ! Boucarré nous a dit cet après-midi que tu avais… démissionné ?
Ndi Go’o esquissa un sourire désolé.
— Oui, j’ai décidé de... partir.
Sandra posa une main sur sa poitrine, comme pour contenir son émotion.
— Mais alors, qui va me protéger contre Lonra et sa fille Camille ? Elles vont me réduire en miettes, Ndi Go’o !
Dans la chambre, Camille entendit des fragments de conversation, et un léger malaise l’envahit en repensant aux mesquineries qu’elle avait autrefois infligées à ses collègues.
Elle se souvenait des regards fuyants, des sourires forcés de ses anciennes collègues, et une amertume naissante l'assaillait.
VOUS LISEZ
La peau noire
Historical FictionDans le Paris des années 20, Ndi go'o Mukaté, une jeune femme d'origine camerounaise, rêve de révolutionner le monde de la mode. Avec son talent de couturière et sa vision unique de la mode, elle souhaite mêler l'élégance parisienne à ses racines af...