Le Pas Caché

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En sortant d'une énième mercerie sans succès, Ndi Go'o soupira.

Elle avait parcouru le quartier de la Madeleine, entrant dans les boutiques les unes après les autres, à la recherche de sa machine.

La première mercerie avait été trop chic, pleine d'articles hors de prix qui la faisaient presque sourire par leur extravagance. Tout était beaucoup trop cher pour ses pauvres sous. Tout semblait taillé pour les riches, bien loin de ses 140 francs ridicules.

Dans la deuxième, les prix étaient plus abordables, mais malgré la variété des produits, rien ne semblait lui « parler ».

Chaque machine paraissait terne.

Impersonnelle.

Comme si aucune ne contenait l'âme qu'elle cherchait.

Alors qu'elle franchissait le seuil de la dernière boutique, Ndi Go'o aperçut, à l'autre bout de la rue, deux silhouettes familières. Lavoyette et Boucarré sortaient d'un café, discutant avec animation. Boucarré, repéra presque immédiatement Ndi Go'o. Ses yeux se fixaient sur elle avec une intensité qui la mit mal à l'aise.

— Indigo ! cria-t-il, son regard brillant d'un éclat curieux.

Elle sentit une pointe de panique monter en elle. Boucarré, avec son tempérament persistant, ne manquerait pas de l'assaillir de questions sur ses nouvelles activités. Et surtout, elle n'était pas prête à affronter son insistance sur la fameuse offre qu'elle avait refusée.

Sans réfléchir, elle tourna les talons et entra précipitamment dans un magasin voisin au hasard. Le son de la clochette à l'entrée coupa le bruit de la rue et la plongea dans une ambiance feutrée.

En relevant les yeux, elle se rendit compte qu'elle avait atterri dans une sorte de boutique de bric-à-brac, pleine de bibelots anciens et d'objets éclectiques.

Elle parcourut les rayons pour éviter d'être vue par la vitrine, et peu à peu, son regard fut attiré par les nombreux objets insolites autour d'elle.

Elle fut frappée par le désordre qui y régnait. Des étagères poussiéreuses débordaient de bricoles, de vieux livres, et de babioles exotiques. Un vieil homme à l'air bourru, portant une casquette de marin usée, l'observa entrer.

— Vous cherchez quelque chose de particulier, mademoiselle ? Demanda-t-il d'une voix rauque, l'œil curieux.

Ndi Go'o hésita, gênée.

— Eh bien... oui, je cherche une machine à coudre. Mais pas n'importe laquelle. Il me faut... quelque chose de spécial.

Le vieil homme éclata de rire.

— Ah ! Une machine spéciale ? Voyez-vous ça ! Et vous pensez la trouver ici, parmi mes trésors ? Il agita une main vers les étagères encombrées.

Elle esquissa un sourire.

— On m'a dit que ce n'est pas moi qui choisis la machine, mais que c'est elle qui me choisit.

Il sembla soudain intéressé.

— Ah, c'est Coco qui t'a dit ça, n'est-ce pas ? lança-t-il avec un clin d'œil. Cette femme a l'œil, c'est sûr.

Surprise, Ndi Go'o ouvrit de grands yeux.

— Vous la connaissez ?

— Bien sûr que je la connais ! Enfin... Il hésita, grattant sa barbe poivre et sel. Disons qu'elle est déjà venue dans mon humble boutique, comme toi aujourd'hui il y'a des années. D'ailleurs, elle a un sacré caractère, pas vrai ? ajouta-t-il avec un sourire malicieux.

La peau noire Où les histoires vivent. Découvrez maintenant