10. Douches

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Orlando, Floride.

Amora


Il s'approchait, pas à pas, son regard verrouillé dans le mien. Je respirais à peine et mon cœur manqua de s'arrêter quand il se pencha à mon oreille, son parfum se répandant autour de moi. L'exacte même odeur que sur la chemise noire que j'avais gardé.

— Tu vas me laisser dormir ou je suis obligé de te tuer ? me murmura-t-il d'une voix faussement doucereuse.

Je déglutis difficilement puis je relâchai un souffle que je ne m'étais même pas rendu compte que je retenais dès qu'il s'éloigna.

Je fronçai les sourcils et touchant mes poignets qui me semblaient plus légers. Les chaînes. Il venait de retirer les chaînes qui me retenaient.

— T'as de la putain de chance que j'ai très envie de dormir et que Soren soit putain de claustrophobe, cracha-t-il en attrapant mes poignets rougis par les chaînes.

Nous nous dirigeâmes vers l'étage, au salon plus précisément. Soren attendait sur le canapé qui semblait bien trop luxueux pour qu'on s'asseye dessus.

Il vit, ce boug.

Jude me poussa presque et fit volte face pour remonter à l'étage, montant les marches quatre par quatre comme s'il ne souhaitait qu'une chose : fuir. Ou me fuir.

— Ça va, princesse ? fit Soren en tournant la tête vers moi avant de prendre une nouvelle bouchée de ses céréales.

Je haussai les épaules en m'asseyant doucement sur le canapé coûteux, de peur de l'abîmer. J'avais déjà assez provoqué Jude pour toute une vie, je ne devais surtout pas endommager ce magnifique canapé.

Soren regardait une série que je n'avais jamais regardé, puis ricana en me voyant.

— Tu sais, princesse, tu ne vas pas le casser, hein. C'est un canapé en cuir, pas en cristal.

Je levai les yeux au ciel, attrapant un plaid qui traînait sur le dit canapé. Je m'enroulai dedans, soupirant d'aise en sentant la chaleur m'envelopper.

La série continuait en arrière-plan alors que le silence était pesant entre nous. Je regardai en coin Soren qui fixait toujours la télé.

— C'est Friday Night Lights, tu connais ? me questionna-t-il finalement en terminant ses céréales et buvant le reste du lait dans son bol.

— Non, je n'ai jamais regardé.

Ses yeux s'écarquillèrent et il s'étouffa avec sa boisson. Il se mit à tousser violemment, se tapant le torse pour reprendre sa respiration. Il sortit de l'épisode et mit le premier de la saison 1.

— OK, tu vas voir c'est incroyable ! Tu veux manger un truc ?

Je hochai légèrement la tête et nous nous levâmes. Il me conduisit vers la cuisine qui était aussi luxueuse que la cuisine. Meubles en marbre, appareils dernier cri, ce connard de Jude avait tout : l'argent, la beauté...

Pas la gentillesse, ni le respect mais bon, on peut pas tout avoir.

Je me tournai vers l'énorme frigo et l'ouvris, révélant... un vide presque intersidéral. Il n'y avait rien. À part... non rien.

Soren gloussa en voyant que je fronçai les sourcils devant le frigo étonnamment vide pour sa taille.

— Jude est du genre à faire des courses tous les trois mois et quand il les fait, il achète la moitié du magasin. Je lui dirais qu'il faut faire des courses quand il se réveillera.

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