Orlando, Floride.
Amora
Depuis combien de temps étais-je réveillée ?
Je n'en avais aucune idée. Le silence autour de moi était pesant, presque suffocant, et pourtant, c'était un silence que je n'avais plus l'habitude de connaître depuis que ce connard m'avait kidnappée. Missy dormait profondément, roulée en boule contre moi, son souffle régulier me rappelait une normalité que je n'avais plus, un peu de paix dans ce monde de chaos. Mais moi, je n'arrivais plus à fermer l'œil.
Je pouvais entendre la respiration lente de Jude juste derrière moi, profondément ancrée dans la pénombre de la nuit. Chaque expiration, chaque inspiration, me rentrait dans les oreilles comme un putain de métronome, et ça m'énervait. J'essayais de l'ignorer, mais c'était plus fort que moi. La tension dans mes muscles était insupportable, mon esprit m'était complètement étranger. J'avais l'impression que tout mon corps était en feu, que la douleur dans ma tête était trop forte pour que je puisse encore y échapper.
Putain, tu veux te calmer un peu, non ?
Je fermai les yeux avec l'espoir qu'en évitant de voir tout ça, peut-être que je réussirais à me rendormir, même juste une minute. Mais non. Le sommeil s'était volatilisé depuis des jours et la douleur dans ma tête était comme un couteau qui me poignardait encore et encore. Chaque seconde était une épreuve.
Pourquoi tu fais ça, bordel ?
Je tournai lentement la tête sur le côté, juste assez pour apercevoir l'autre connard qui avait ruiné ma vie. Celui qui m'avait enlevée, celui qui me maintenait captive sans la moindre honte. Je voulais le haïr encore plus, le détester de tout mon être, mais il y avait quelque chose en lui, quelque chose d'irritant, qui m'en empêchait.
Dans l'obscurité, je peinais à voir son visage. La lumière de la lune ne filtrait pas assez pour m'offrir une vue claire, mais mes yeux, habitués à l'obscurité, commencèrent à s'adapter. J'eus alors un aperçu de lui, des traits qui m'étaient devenus familiers, même si je n'aurais jamais voulu l'admettre. Ses cheveux noirs tombaient en mèches indisciplinées sur son front, et je me surpris à remarquer à quel point sa peau était lisse, parfaite, comme celle d'un putain de modèle. Même ses sourcils, qui d'habitude étaient si durs, semblaient détendus maintenant qu'il était endormi.
Putain... Arrête de le regarder, bordel...
Mais c'était plus fort que moi. Chaque détail de son visage me captivait. Je n'arrivais pas à détourner les yeux, comme si mes prunelles étaient prisonnières de lui. Il était moins... moins... laid quand il dormait. La dureté de ses traits, la froideur qui habitait ses yeux quand il était éveillé, avaient disparu, comme si tout ce qu'il était tombait dans un sommeil paisible.
Non, Amora, arrête...
Sa bouche était légèrement entrouverte, et merde, j'avais presque l'impression qu'il me permettait d'y glisser un mot. C'était absurde, totalement insensé. Je le haïssais ! Je devrais le haïr ! Mais une partie de moi, une petite partie que je voulais tuer, trouvait ça presque... attirant ? Non. Impossible.
Fous-toi de ma gueule...
Je fermai les yeux de nouveau, essayant de me concentrer sur autre chose. Mais tout ce que j'entendais, tout ce que je sentais, c'était lui. Ses bras, qui avaient l'air si forts quand il m'attrapait, reposaient maintenant de manière presque inconsciente à ses côtés. J'étais tellement consciente de sa présence, trop consciente, comme si l'air autour de nous était chargé de son essence, et ça me foutait en rogne.
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THROUGH YOUR EYES
RomanceUn contrat. Une mission de plus. La trente-huitième. Pour lui. Un jour. Une journée de plus. La cent quarante-cinquième. Pour elle. Deux destins. Deux vies qui ne sont pas liées. A première vue. Lui, le tueur à gages précis et implacable. Un démon s...