XXXI. 𝙾𝚛𝚙𝚑é𝚎 𝚊𝚞𝚡 𝙴𝚗𝚏𝚎𝚛𝚜

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XXXI.




« Non mais, je trouve que Yéti, c'est très bien. »

Les pas des deux hommes résonnaient dans la petite rue Champeau à ces heures de début de crépuscule, à cet endroit précis de la chaussée où les pavés se renfonçaient pour mieux tordre les chevilles. Le reste d'une bruine de septembre pailletait les dalles ; une ombre presque parcheminée se répandait sur eux. Au-dessus, c'était les aquarelles roses et bleues du soleil qui se couchait.

Rasmus ne parvenait à écouter que d'une oreille.

Tout d'abord, il était épuisé. La journée avait été sacrément éprouvante (si toutefois on pouvait appeler ça une journée ; lui appelait ça une trop longue insomnie) et le soir qui commençait à tomber n'aidait pas son œil gauche, lequel semblait sérieusement vouloir se fermer tout seul. Yéti s'était endormi dans ses mains. Sa patte droite pendouillait mollement et son museau dépassait, aussi, un peu, — soulevant comme un petit souffle apaisé. Rasmus réalisa avec une quasi-surprise à quel point il s'était habitué à prendre soin de l'animal sans même y faire attention.

« C'est parfait pour le Département, » reprit joyeusement Charles. Ils approchaient de l'angle où la silhouette massive du 5, rue Champeau projetait une ombre épaisse comme une coulure d'asphalte sur les pavés. L'universitaire gravit rapidement les deux marches du perron, et frappa trois coups légers, poursuivant sans lâcher Rasmus du regard : « et puis, regarde-le. C'est déjà un très bon chien. Il est...oh, bonjour ! »

Un large sourire fendit le visage de Charles alors qu'une silhouette qui lui était parfaitement inconnue faisait son apparition dans l'encadrement de la porte.

Rasmus la connaissait, bien sûr. Colombe Geschwitz commençait à faire partie du paysage — avec cet air imperturbable de qui ne croit qu'aux chiffres, et, peut-être, ...un peu aussi en l'humain lorsqu'il accepte suffisamment de laisser tomber à terre ses préconçus et stupidités. Il se croyait pratiquement capable, à force, de distinguer son pas comme celui d'une connaissance.

Charles ne l'avait jamais vue.

...Il en fallait plus pour le décontenancer.

« Vous êtes ? » demanda-t-il gentiment, avec cet air totalement tranquille et heureux qui le caractérisait toujours. À vrai dire, Rasmus se demandait sincèrement si Charles était doté du moindre instinct de survie. Il n'aurait pas été si surpris que ça s'il était venu à apprendre que l'universitaire avait déjà fait un câlin à un rottweiler.

Colombe le toisa de haut en bas avant de répondre. « Colombe Geschwitz. Une cliente, » éluda-t-elle. « Et vous ?

— Charles Touradon, » se présenta Charles Touradon, tendant vers elle une main joyeuse comme si tout était parfaitement normal. « Je, ben, travaille ici. » Il y eut un silence que seul Charles sembla ne pas trouver gênant. « J'imagine que...je suis sur un cas parallèle, pas le vôtre » (Rasmus acquiesça énergiquement d'approbation).

Colombe serra la main, une demi-seconde. Elle n'était pas une grande partisane des contacts physiques, encore moins avec des hommes, mais Charles ne s'en formalisa pas — n'importe comment il fut immédiatement coupé par la voix d'Hawthorne depuis ce qui ressemblait au salon :

« CHARLES ! » La voix s'approchait si rapidement que le visage du chasseur de vampires ne tarda pas à apparaître comme un diable en boîte dans l'encadrement de la porte. « Vous fichiez quoi, depuis le temps ? Vous étiez aux Maldives ?

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LE DÉPARTEMENT DES DOSSIERS SURNATURELS - 5, rue ChampeauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant