Les larmes du crépuscule

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L'ombre surgit devant moi avec une vitesse qui me coupe le souffle. Je recule instinctivement, mes mains s'élevant pour invoquer une barrière d'eau. Mais elle ne fait que ralentir l'attaque, l'énergie sombre de l'ombre frappant la barrière comme une tempête déchaînée.

Ren se jette entre nous, son épée s'illuminant d'un éclat argenté. Avec une puissance impressionnante, il frappe, mais l'ombre bloque son coup d'un simple geste. Sa main ténébreuse s'élance, des tentacules noirs en jaillissant pour s'enrouler autour de Ren. Il grogne de douleur, incapable de bouger.

- Lâche-le ! Criai-je, mais l'ombre ne daigne même pas me regarder.

Ses yeux dorés fixent Ren avec une intensité glaciale, une sorte de dédain brûlant dans son regard.

- Pathétique cambion, crache-t-il. Tu souilles ce monde, un être impur, rejeté par tous.

Cambion ? Encore ce mot, qu'est-ce qu'il veut dire. Mes pensées tourbillonnent.

Ren serre les dents, essayant de se libérer, mais l'ombre resserre son emprise, le maintenant à genoux. Mon cœur se serre à la vue de sa souffrance, et une vague de colère monte en moi.

-Je vous ai dit de le lâcher ! Hurlais-je, puisant désespérément dans le pouvoir en moi.

Je tends les bras, et une lance d'eau jaillit, se dirigeant droit vers l'ombre. Elle frappe sa cible, mais l'être sombre la disperse comme si elle n'était qu'un souffle d'air. Il pivote enfin vers moi, une lueur de mépris traversant son visage.

- Voilà donc la prétendue protégée de Naïdea, murmure-t-il, moqueur. Une enfant fragile, incapable de maîtriser ce qu'elle possède.

Il disparaît et réapparaît aussitôt derrière moi, son mouvement est si rapide que je n'ai pas le temps de réagir. Une vague d'énergie me frappe dans le dos, me projetant au sol. La douleur me fait haleter, mes mains tremblent alors que je tente de me relever.

- Tu es faible, déclare l'ombre, sa voix résonnant avec une froideur implacable. Naïdea a fait une erreur. Tu n'es qu'un poids, incapable de porter ce qui t'a été donné.

Ses mots me poignardent plus que ses attaques. Je sens mes forces m'abandonner, mes membres lourds et ma magie vacillante. Je ferme les yeux un instant, cherchant désespérément une étincelle, une raison de continuer... mais je ne trouve rien.

Puis une voix douce, profonde, résonne dans mon esprit.

- Relève-toi, ma fille.

Mes paupières s'ouvrent brusquement. Ce n'est pas Naazel. C'est une voix que je ne connais pas, mais qui semble étrangement familière, réchauffant mon cœur brisé. Je ferme à nouveau les yeux, et cette fois ,je le vois.

Un homme se tient devant moi, vêtu d'une armure dorée étincelante, une couronne sobre ornant sa tête. Ses yeux sont clairs, pleins de sagesse et de force. Mon cœur se serre.

- Père... ? murmurai-je, incapable de comprendre.

Il sourit, un sourire empreint de fierté et de tendresse.

- Oui, ma Zaelia, ou devrais-je t'appeler Ellie. Je suis fier de toi. Tu es forte, bien plus que tu ne le crois. Tu dois te battre. Non seulement pour toi, mais pour ceux qui t'aiment... et pour Élyndor. Notre royaume, ton royaume.

Les images affluent soudainement : des souvenirs flous de moi, enfant, courant dans des couloirs dorés, ma petite main dans celle de cet homme. Sa voix, me racontant l'histoire de notre lignée. Et puis... la trahison. La chute. Les ténèbres.

Un sanglot m'échappe alors que la douleur et la vérité s'abattent sur moi. Je suis sa fille. La fille du roi d'Élyndor. Ce royaume perdu... c'était mon foyer.