(POV Anaïs)
La lumière crue m'éblouit lorsque j'ouvris les yeux, mais ce n'est pas elle qui m'avait tirée de mon sommeil. C'était un bruit, un écho lointain, un reste de tension qui résonnait encore dans ma tête. La douleur dans mon flanc me ramena brutalement à la réalité : l'explosion, les tirs, notre fuite désespérée.
Je réalisai que j'étais allongée sur un lit d'hôpital de fortune. Les murs autour de moi étaient blancs, ternis par le temps. Lorsque je tournai la tête, mes yeux tombèrent sur Élias. Il était assis près de moi, l'air tendu, ses doigts tapotant nerveusement sur le bord de la chaise. Quand nos regards se croisèrent, il se pencha en avant. Je pouvais lire le soulagement sur son visage.
— Tu es réveillée.
Sa voix était grave, chargée d'une fatigue que je comprenais bien trop bien.
— Où sommes-nous ? murmurai-je, ma gorge sèche et douloureuse.
— Un refuge. Un ancien contact. Il a accepté de nous cacher.
Je hochai la tête, mais quelque chose dans son expression m'alarma. Il était sur ses gardes, tendu. Avant que je puisse poser d'autres questions, une voix s'éleva de l'autre côté de la porte.
— Ils ne pourront pas rester ici longtemps. Vous le savez.
Je me redressai légèrement, malgré la douleur, tendant l'oreille. Une autre voix répondit, calme mais ferme :
— Ils ont besoin de temps pour récupérer. Nous ne pouvons pas les abandonner maintenant.
Je jetai un regard interrogateur à Élias, cherchant des réponses.
— C'est qui ?
Il hésita, puis poussa un soupir.
— Des alliés. Mais ils ont peur. On a détruit une partie de l'organisation, mais il reste des ramifications. Ils veulent s'assurer qu'on ne les mette pas en danger.
Avant que je ne puisse répondre, la porte s'ouvrit brusquement. Un homme grand, vêtu d'un manteau usé, entra. Son visage était marqué par les années, mais ses yeux perçants ne laissaient place à aucune ambiguïté.
— Vous devez partir. Maintenant.
Élias se leva d'un bond.
— On avait un accord, Marco.
— Un accord qui tient jusqu'à ce que des agents passent la frontière pour vous chercher, rétorqua Marco en me jetant un regard appuyé. Ils savent que vous êtes en vie. Et ils ne vont pas s'arrêter avant de vous retrouver.
Son ton était sans appel. Mon cœur s'accéléra, glacé par cette nouvelle. Être traquée, encore ? Ce poids semblait insurmontable.
— Combien de temps avant qu'ils arrivent ici ? demandai-je, ma voix plus ferme que je ne m'y attendais.
— Quelques heures, tout au plus.
Je croisai le regard d'Élias. Nous n'avions pas besoin de parler pour comprendre. Nous savions ce que nous devions faire.
(POV Élias)
La nuit était glaciale alors que nous quittions le refuge. Marco nous avait donné une voiture et des papiers, mais je savais que ça ne suffirait pas. Tant qu'on n'aurait pas détruit les dernières traces de notre existence, nous serions en danger.
Nous roulâmes pendant des heures jusqu'à une zone industrielle abandonnée. Une femme nous attendait dans un entrepôt sombre, son visage tendu. Elle me tendit une clé USB lorsqu'on arriva.
— Ceci contient toutes les informations restantes sur vous. Vos noms, vos visages. Tout ce que l'organisation peut encore utiliser contre vous. Vous voulez les effacer ? C'est maintenant.
Je pris la clé, la tenant un instant dans ma main. Ce petit objet contenait tout ce qui nous rattachait encore à notre ancienne vie.
— Fais-le, murmura Anaïs à mes côtés.
J'acquiesçai et me dirigeai vers un vieux terminal installé dans un coin de l'entrepôt. Je branchai la clé et lançai l'effacement.
Un bruit de moteur retentit alors à l'extérieur.
— Ils sont là, murmura Anaïs, sur le qui-vive.
Je me retournai, dégainant mon arme. Par la fenêtre sale, je vis plusieurs hommes descendre de leurs véhicules, armes levées. Ils s'éparpillèrent pour encercler le bâtiment.
— Finis l'effacement ! criai-je à Anaïs, sans détourner les yeux de la menace.
Elle s'approcha du terminal, ses mains tremblant légèrement alors qu'elle entrait les derniers codes. J'ouvris le feu, essayant de ralentir leur progression.
L'affrontement fut bref, mais intense. Les balles ricochaient sur les murs de métal, les éclats de verre jonchant le sol. Anaïs resta concentrée. Enfin, un bip retentit.
— C'est fait ! hurla-t-elle.
Je tirai une dernière fois avant de la rejoindre. Nous nous précipitâmes hors de l'entrepôt, grimpant dans la voiture. Le moteur rugit, et nous nous éloignâmes à toute vitesse, laissant derrière nous les cris et les détonations.
(POV Anaïs)
Les premières lueurs de l'aube s'étendaient à l'horizon. Le silence dans la voiture était lourd, mais je sentais une différence. Un poids s'était envolé.
Nous avions détruit les dernières traces.
Il n'y avait plus de données, plus de preuves.
Je tournai la tête vers Élias. Ses mains agrippaient fermement le volant, mais son regard restait fixé droit devant.
— Tu crois qu'ils abandonneront ? murmurai-je.
Il resta silencieux un moment, réfléchissant, avant de hausser les épaules.
— Peut-être pas. Mais maintenant, on a une longueur d'avance.
Je hochai la tête, et pour la première fois depuis longtemps, je sentis une étincelle d'espoir.
— Et maintenant ? demandai-je doucement.
Il tourna la tête vers moi, un sourire en coin.
— Maintenant, on vit.
Et cette fois, je le crus.
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Entre l'Ombre et le Feu
RomanceAnaïs Morel, une serveuse solitaire d'un village isolé, rencontre Élias Delorme, un homme mystérieux et taciturne qui semble fuir son passé. Intriguée, Anaïs s'approche de lui malgré sa froideur, découvrant peu à peu que Élias est en fuite, poursuiv...