The Baby Sitter Of The Devil's Brother

Chapitre 28 : Anastasia

Plusieurs jours se sont écoulés depuis l'enterrement des parents Clark et Michel a retrouvé son mutisme. Cependant, je ne suis pas inquiète. Il me reparlera. Il a juste besoin de temps puisqu'il ne comprend pas comment il peut gérer et la seule manière qu'il connait est de se retrancher. Alors je nous ai installé un énorme espace pour peindre et dessiner. Lui au sol et moi sur la table. Nous passons notre après-midi comme ça alors que les gars sont en réunion à l'étage avec leur chef.

Ce n'est que lorsque je prépare le dîner qu'ils redescendent. Crow parti, ils nous rejoignent dans la salle à manger à coté de la cuisine. Lucifer se penche vers son double miniature et examine ses dessins avec un léger sourire. Quant à Dylan c'est vers les miens qu'il se dirige.

-Ania ? Je peux regarder ? Quête-t-il en me pointant mon carnet.

-Oui vas-y.

Les garçons habitent presque avec nous maintenant, la menace étant trop présente. Mais j'aime ça. J'adore les avoir autour de moi : on dirait une famille. Qui veille les uns sur les autres, même au péril de leurs vies.

-Tu es vraiment douée, me complimente Rayan qui s'est ajouté à la découverte de mes dessins.

-Pourquoi tu dessines autant ? Demande Jack.

-C'est un exutoire, expliqué-je. Ca me permet d'évacuer ce que je ressens et de le transformer.

-En tout cas Méduse est incroyable, continue Nolan.

Je relève la tête et croise des yeux bleus qui me scrutent, qui comprennent. Méduse, symbole d'une féminité bafouée. Cette femme qu'aucun homme ne peut maintenant approcher sans y laisser la vie. Tous la connaissent en tant que personnage emblématique de la mythologie grecque transformée par Athéna après que Poséidon est abusé d'elle, pour finir tuée par Persée. Peu apprécient son autre personnalisation : celle de toutes les femmes maltraitées. Elle est l'image même de ce qui m'est arrivée. Voilà pourquoi elle sera mon premier tatouage. Force et changement, c'est ce qu'elle représente pour moi.

Lucifer ne fait aucun commentaire mais je sais qu'il sait, parce que rien ne lui échappe. Non rien qui me concerne du moins. C'est un sentiment particulier que de savoir que quelqu'un lit en vous avec plus de facilité que jamais vous n'en aurez. Sans rien dire, cette personne saura. Sans mot, cette personne comprendra. Un lien si particulier. J'aime à croire que nous l'avons lui et moi. Que nos regards ne sont pas vides. Que nos baisers ne soient pas sans signification. Pour moi, nous avons du sens. Et j'aime ce sens.

Michel nous rejoint toujours sans un mot mais aucun d'entre nous ne le prend personnellement. Les quelques sourires qu'il nous esquisse de temps en temps, nous comble bien assez. Lorsque nous avons finit, je laisse les garçons s'occuper de la table et je monte avec le petit pour le coucher. Nous nous installons tous les deux dans son lit, mon bras derrière sa nuque et je lui lis une histoire. Il s'endort souvent au milieu de celle-ci mais ce soir, je termine le livre et le découvre en train de me dévisager.

-Tu vas partir toi aussi ?

Je hausse les sourcils, étonnée d'entre sa voix à ce moment là. Mes mots s'emmêlent dans ma bouche, ne sachant plus quoi dire.

-De quoi tu parles ? Finis-je par répondre.

-Tu devais rester jusqu'à ce que papa et maman reviennent. Maintenant qu'ils sont revenus, tu vas t'en aller.

Et là, ça me frappe. Lourdement, douloureusement. Le temps est passé si vite et j'en ai oublié pourquoi j'étais ici, j'en ai oublié ma propre vie à l'extérieur. Les larmes sont venus seules brouillées ma vision. Ma gorge s'est nouée d'angoisse. Mon cœur et mon âme se sont mises à hurler de toute leur force.