Ma rentrée

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   Dans une classe composée en majorité de garçon de mon âge, j'avais eu le choix. Cela aurait pu tomber sur n'importe quelle personne que je pouvais voir tous les jours de la semaine. Mais aucun de ces adolescents ne possédaient son charme, sa gaieté de vie et sa façon d'être. Personne n'était à sa hauteur. Alors comment avais-je pu croire que je pouvais la mériter ? 


   La sonnerie m'avait attiré hors de mes pensées. Mon établissement était grand, les lycéens nombreux, quoique leur nombre étant inférieur à celui que je côtoyais auparavant. Je n'avais encore parlé à personne et aucun d'entre eux ne m'avait adressé la parole. Je ne crois pas que ce silence ait joué beaucoup dans mes sentiments, mais peut-être après tout, maintenant, plus grand chose ne risque de m'étonner. 

   Le professeur avait voulu que je me présente, et c'est ce que j'avais fait en seulement quelques mots. Je savais que quelques commentaires avaient fusé, il y en avait partout, mais je m'étais efforcé de les ignorer, comme toujours. 

   Mon deuxième cours avait été EPS, et je devais bien avouer que même si j'aimais bien le sport, je n'excellais pas dans cette matière. Ce trimestre, le programme était le basketball, un sport que j'appréciais. Je fus la dernière prise dans une équipe, comme je m'y était attendue. A peine avais-je atteint le groupe d'adolescent surexcité, qu'une fille s'était presque jeté sur moi pour se présenter et ainsi faire connaissance. Je devais bien admettre que cela m'avait amusé de la voir comme ça, mais j'étais tout de même gêné. C'est vrai après tout, ça se rapprochait du harcèlement.

   Un garçon de grande taille, blond et mignon, m'avait alors lancé le ballon que j'avais intercepté au vol avant que je ne me le prenne sur le nez. 

"C'était pour voir si tu allais le rattraper. 

-Et qu'est-ce que ça t'a apporté ? , demandais-je en haussant un sourcil.

-Tu seras attaquante."

   J'avais hoché la tête pour signifier mon accord et le professeur avait sifflé. Les deux équipes s'étaient placées sur le terrain et le match avait commencé. Les détails n'intéressent personne alors je passe outre les dribbles exceptionnels du garçon qui avait voulu me tester, les paniers écrasant de l'équipe adverse et, sans vouloir paraître prétentieuse, mon panier à trois mètres de distance face à un géant qui nous a assurer la victoire. 

   A la fin du cours, le professeur m'avait demandé si je voulais faire partit de l'équipe de basket du lycée et j'avais bien évidemment accepté. A ma réponse positive, la fille à mes côtés qui m'avait accablé de questions et d'informations même en plein match, Eloïse, avait littéralement sauté de joie :

"C'est génial ! Maintenant, il y a presque autant de fille que de garçon.

-Tu fais partie de l'équipe ?

-Non, mais je suis à fond dans la mixité, m'avait-elle expliqué devant mon regard interrogateur."


   Eloïse ne mangeait pas à la cantine, mais moi si, je n'avais pas le temps de rentrer. J'étais encore en salle de classe, prenant les cours de rattrapage que le professeur d'histoire avait eu la gentillesse de me donner, avant de vouloir filer à la cantine où une interminable queue de lycéens impatients et inconnus devait sûrement attendre. Mais à peine dans le couloir, un bras tendu m'avait arrêté. J'avais relevé les yeux jusqu'au visage de mon stoppeur, pour découvrir que c'était le garçon blond de tout à l'heure. 

"Excuse-moi, je ne voulais pas te faire peur.

-Tu ne m'as pas fait peur.

-Alors surprise ?

-Si tu veux."

   J'allais pour repartir mais sa voix m'avait de nouveau apostrophé :

"Heu, je suis désolé mais je me demandais si tu voulais manger avec moi à la cantine ?

-Comment peux-tu savoir si je mange ou non à la cantine ?

-Je t'ai vue avec ta carte tout à l'heure, me répondit-il en me montrant l'objet qui pendait au bout de mon bras. Je mange tout seul aussi, ce serait bête que l'on soit chacun dans notre coin alors que l'on peut être ensemble."

   Cela m'avait réellement intrigué mais dans le même temps il m'avait fait plaisir, alors je lui avais répondu dans un un sourire :

"Après tout : pourquoi pas ?"

   Un sourire avait alors étiré ses lèvres pendant que nous nous dirigions vers la cantine, pratiquement vide, et que l'on parlait de nos différents goûts, loisirs, phobies et autres. J'appris ainsi qu'il s'appelait Clément et qu'il avait, comme moi, le rose et les moustiques en horreur. C'était un garçon très gentil et très simple, qui me ressemblait beaucoup et je commençais déjà le comprendre à la fin de notre repas.


   Sur le chemin du retour, que j'effectuais seule, j'avais rencontré à ma grande surprise Angela. Elle m'avait interpellé et j'avais traversé la route pour être sur le même trottoir qu'elle afin de faciliter notre discussion :

"Alors t'a rentrée Lili ?

-Plutôt bien.

-Tu me raconteras tout ça plus tard, je dois y aller, mais je suis contente que ça ce soit bien passé.

-Attend, que je vienne te voir : ok. Mais tu ne travailles pas ?

-Si, mais je travaille chez moi : ce n'est que de la paperasse et je travaille vite et bien, alors tu ne me dérangeras pas.

-Très bien, alors à plus tard.

-Tu diras bonjour à tes parents !

-D'accord, et toi à Gaïtant !"

   Elle était partit en trottinant, sa peau sombre brillant sous le soleil, un soleil qui commençait à devenir hivernal, un soleil froid et sans âme qui, même lui, n'allait pas pouvoir refroidir mon cœur. 


   Ce qui avait alors le plus égaillé ma journée, ce n'était pas cette Eloïse, ni ce Clément, même si je devais avouer qu'ils ont eu un rôle important. Non, ce qui m'avait vraiment redonné le sourire, c'était Angela, cet ange qui ne faisait que passer mais qui m'éblouissait à chaque fois.


Cœur briséOù les histoires vivent. Découvrez maintenant