Un goûter enfantin

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   J'aurais peut-être dû refuser l'invitation, mais mon esprit insouciant ne pouvait pas encore se douter de ce qu'il allait se passer.


   La maison d'Angela se trouvait à deux pâtés de maison de la mienne, nous étions donc voisines. Elle m'avait dit d'entrer et j'avais déposé le sac de course que je tenais dans la cuisine. Angela m'avait demandé de la suivre dans la salle de bain et je m'étais exécuté, prête à recevoir des soins. 

   Elle m'avait demandé de m'asseoir sur le rebord de la baignoire pendant que j'observais malgré moi la pièce d'eau de son chez-elle. Je remarquais deux serviettes sur un séchoir, deux brosses à dents dans un gobelet, un dentifrice à la menthe et un panier à linge sale dans un coin. La baignoire n'était pas de première jeunesse mais elle se trouvait en bon état. Il s'y trouvait deux fleurs pour se laver près de la pomme de douche, un tapis antidérapant placé au centre et un carrelage d'un blanc délavé. Un miroir était également disposé au-dessus du lavabo, ce qui me permettait de voir son reflet pendant qu'elle cherchait de quoi soigner ma futile blessure dans sa trousse à pharmacie. 

   Une bonne odeur de gel douche envahissait la pièce que je respirais à plein poumons. Quand ma voisine se tourna vers moi, elle avait dans les mains un pansement, un flacon de Mercurochrome afin de me désinfecter et un coton pour effectuer cette tâche. 

   En levant ses ustensiles de soigneuse, Angela me déclara fièrement :

"Les atouts indispensables à une bonne guérison !"

   Pour toute réponse, j'avais levé la jambe gauche de mon pantalon afin de lui laisser la place d'accomplir sa mission auto-confier. Elle avait pris un tabouret qui se trouvait sous le lavabo afin de s'asseoir face à moi, à une hauteur plus petite. Elle avait commencé à verser le produit désinfectant sur le coton et, avec celui-ci, à me badigeonner le genou pour y noyer ma plaie et recouvrir les zones non-affectés se trouvant autour. Je l'avais regardé faire, ses gestes sûrs et rapides. Une mèche de cheveux s'était détachée du reste du groupe mais elle n'avait rien fait pour la remettre dans le droit chemin. 

   Tout en me soignant, elle m'avait demandé :

"Ça fait longtemps que vous êtes arrivé ?

-Avant-hier. Ma rentrée se fait lundi. 

-Je vois. Ne t'inquiète pas, c'est un bon lycée."

   J'avais hoché la tête pour approuver sa remarque, je la croyais, évidemment.

   Elle avait ensuite positionné son pansement dans la trajectoire de la tranchée de Minimoys et collé ce bouclier sur ma peau. J'avais redescendu ma jambe de pantalon en la remerciant et elle m'avait affirmé que ce n'était rien, tout en mettant sa mèche rebelle derrière son oreille, le visage souriant. 

   Une fois le flacon rangé et le coton jeté, elle m'avait fait entrer de nouveau dans sa cuisine.

"Tu veux quelque chose à boire ?

-Je ne veux pas déranger...

-Mais tu ne me déranges pas du tout ! Mais peut-être que tes parents t'attendent ?

-Non, ils sont tous les deux en mission repérage sur leur travail.

-Ah je vois."

   Elle avait laissé échapper un petit rire. 

"Jus d'orange ?

-Jus d'orange. 

-Moi aussi."

   Angela avait sorti ensuite un paquet de gâteau Oreo dans un placard et, le secouant légèrement dans sa main, déclara sur le ton de la confidence :

"C'est mon petit défaut."

   J'avais souris en lui apprenant que moi aussi j'étais complètement folle de ces gâteaux. Une fois toutes les deux installés sur le lino central de sa cuisine, nous avions continué la conversation.

"Tu crois que ça intéresserait tes parents de venir manger à la maison demain soir ?

-Oh je pense que ça leur ferait plaisir, surtout que vous...

-Oh s'il te plaît tutoie-moi ça me vieillis.

-D'accord, avais-je ris doucement. Alors, je pense qu'ils accepteraient, surtout que tu es gentille. 

-Oh tu es mignonne ! Moi aussi je te trouves gentille."

   Nous avions engloutis un paquet d'Oreo entier et vider deux verres de jus d'orange bien frais avant que l'on ne se quitte. J'étais rentré chez moi en pensant à la façon dont j'allais demander cela à mes parents. 


   Cela a était la prolongation de notre relation. Ce n'est toujours que le début, mais c'est en acceptant une proposition que l'on possède l'occasion d'en redemander une nouvelle. Alors, ne me doutant encore de rien, je voulais réellement que mes parents acceptent.


Cœur briséOù les histoires vivent. Découvrez maintenant