Finale importante

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Une réussite difficile est d'autant plus jouissive et sûrement davantage méritée, que la facilité.


   Le chronomètre n'affichait plus que quelques secondes. Le public s'était levé. Les cris résonnaient de toutes parts. Ma respiration essoufflée et ma sueur prouvaient mon effort depuis le début du match. L'adversaire se tenait devant mon ami. Clément me lança le ballon. Je lançais la balle. Les secondes se rétrécissaient. La balle se rapprochait. La balle passa. La fin fut sonnée. Le point était marqué.

   Nous avions gagné !

   Je m'écriais de joie, sautant partout, prenant Clément dans mes bras. Je tapais dans la main de toute l'équipe, et l'adverse aussi, saluais de loin mes parents et prenait dans mes bras Eloïse qui avait rejoins le terrain. Nous avions finis par un câlin collectif, d'abord tous les trois, avec Clément et Eloïse, puis toute l'équipe ensemble.

   La bête était partie.


   Je me trouvais assise sur un banc, entourée de Clément et d'Eloïse. Cette dernière nous félicitaient encore, nous ne savions plus quoi lui dire. Nous nous contentions de sourire, la laissant finir son monologue avec joie. Puis la discussion s'agrandie et j'en vins à parler.

"Avant le match, je suis allée voir Angela. Je lui ai donné un paquet d'Oreo et on l'a mangé ensemble, comme avant. On a parlé de tout et de rien, de ce qu'il fallait et peut-être aussi de ce qu'il ne fallait pas. Je lui ais dit que je n'étais plus amoureuse et c'est sûrement vrai. C'est vrai. Ça m'a fait du bien, à elle aussi je crois."

   Ils approuvèrent, souriaient, me soutenaient.

   On continua à discuter, de choses moins sérieuses, de choses qui ne nous regardaient pas.


   J'avais compris que mon amour pour Angela était aussi sincère que ma vie. J'avais compris que si cet amour n'était pas partagé, ce n'était pas à cause de notre différence d'âge, ni de sa couleur de peau, encore moins parce que nous étions du même sexe. J'avais compris que cet amour n'était pas partagé pour la simple et bonne raison qu'elle ne pouvait m'aimer. Son cœur était déjà pris, à moi de faire en sorte que le mien m'appartienne de nouveau. Et j'avais réussi.


   Toujours sur ce banc, on regardait les passants.

"Je sais ce que je veux être.

-Plus tard ? demanda Clément.

-C'est vrai ? ajouta Eloïse.

-Ouais. Je me vois bien en philosophe.

-Prof de philosophie ?

-Et pourquoi pas ?"

   Ils souriaient. Nous avions trouvés nos voix, je ne doutais pas sur nos réussites.

"Il est pas mal le mec, là-bas.

-Tu plaisantes, me répondit Eloïse. Regarde un peu ses cheveux, on dirait qu'il s'est mouché dedans.

-Alors-là t'es dur" , ajouta Clément.

   Parce que les gestes insensés sont toujours pour une bonne raison. Et parce que la vie ne réserve pas toujours que de bonnes surprises, il faut apprendre à continuer malgré tout. Car tout peut toujours arriver. Et car ça mérite quand même d'être vécu.

Fin

Cœur briséOù les histoires vivent. Découvrez maintenant