Ma rencontre

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   Si je m'étais douté de ce qui allait se passer, jamais je ne serais passé par cette rue. 


   Mon nom c'est Lili et le sien c'est Angela. Oui, c'est un ange. Un ange plus sage que moi. Je marchais de ma dégaine d'adolescente de seize ans, dans cette rue nouvelle pour moi. Je venais d'emménager avec mes parents dans cette petite ville. Pour l'instant c'est une histoire banale qui ressemble à beaucoup d'autres, mais la mienne est différente. Elle est unique et douloureuse, pour tout le monde.


   Mes yeux rebondissaient partout à la fois, je voulais engloutir en moi chaque détail. Je n'étais pas très rassuré par tout ce nouveau décor, je ne me sentais pas à ma place, habitué à ma bonne vieille cité. Je savais que je devais m'accommoder mais je savais aussi que la route serait longue et difficile. Pourtant...

   Je tournais à l'angle de la rue en regardant la hauteur des arbres. Mes pieds s'étaient alors percutés contre une racine faisant barrage au passage. Mon buste fut bousculé vers l'avant et je m'étais retrouvée les paumes au sol, le regard sur le béton. Je m'étais bien ramassé. 

   Je m'étais relevé en vitesse en m'époussetant sans trop de précaution, remarquant que je venais de troué mon jean à mon genou gauche. J'avais alors lâché un juron en relevant la tête. Et je l'avais vus... Sur l'instant je n'avais rien ressentis. 

   Elle était face à moi, les bras chargé de paquets rempli de course pour au moins deux semaines. Elle portait des Converse, comme moi, une robe qui lui allait vraiment très bien, fleurie et légèrement serré à la taille, mettant en valeur ses formes tout en restant discrète. Sa peau était sombre et semblait douce, ses mains étaient grandes et fines. Puis son visage... Je pouvais en distinguer tous les détails, des lèvres pulpeuses et fines à la fois, des joues bombés accueillants de jolies fossettes. Son nez était fin et ses yeux d'un vert indéfinissable, si envoûtants avec ses pointes d'orange rouillés et de gris clairs. Un visage si harmonieux, sans une once de maquillage. Ses cheveux bruns était rattachés en un chignon réaliser dans la précipitation mais qui éclairait son visage d'une façon merveilleuse.

   J'avais baissé la tête de honte, être tombé ainsi parce que je n'avais pas fait attention. Mais à la place d'un commentaire mesquin ou d'une remarque inutile sur la jeunesse d'aujourd'hui à laquelle je m'étais attendue, elle m'avait demander, le visage soudainement inquiet :

"Vous allez bien?"

   Je n'avais pu laisser échapper qu'un timide sourire avant de répondre de ma petite voix timide :

"Oui, ce n'est rien. J'ai l'habitude."

   Elle souriait elle aussi mais cela ne l'empêchait pas de se pencher pour pouvoir regarder mes genoux. Elle inspectait ensuite avec précaution mes mains sans que je n'ai pu riposté, surprise par sa gentillesse naturelle. Sa voix aussi était d'une douceur enivrante et jamais personne n'aurait voulu lui faire de mal. 

   Par politesse mais également par envie de l'aider, j'osais demander à cette femme mûr :

"Excusez-moi, je peux vous aider avec vos sacs de courses ?"

   Elle relevait soudainement son visage radieux à la hauteur de mes yeux pour m'affirmer d'une voix certaine :

"Ce serait vraiment gentil de votre part. Je vous donnerais de quoi vous soigner pour votre genou dans le même temps.

-Oh ce n'est vraiment pas la peine madame ! J'ai ce qu'il faut à la maison, et puis ce n'est pas la première fois que cela m'arrive.

-Mais comment pourrais-je laisser une jeune demoiselle qui saigne, rentrer chez elle en montrant à sa mère sa blessure ? Non, vous venez avec moi, je vais arranger ça en un clin d'œil, vous verrez."

   Cette très gentille femme m'avait ensuite fait un clin d'œil auquel j'avais répondu par un sourire. Dire que j'ai accepté pour lui faire plaisir ne serait pas un mensonge, mais même si je ne m'en étais pas tout de suite rendue compte, je devais bien admettre que c'était également parce que sa compagnie me rassurait. 

   Sur le chemin, nous nous étions présentés par quelques formules de politesse mais la bonne humeur d'Angela était contagieuse et près d'elle j'oubliais mon angoisse qui accompagnait mon emménagement dans cette ville. 


   Ce n'est que le commencement de mon histoire avec Angela, mais il est important de raconter le début de chaque récit, car sans celui-ci il n'y aurait pas de suite, et si je n'avais pas tourné à l'angle de cette rue et continuait mon chemin, le regard perdu dans les arbres, je n'aurais jamais rencontré cette femme protectrice et chaleureuse.


Cœur briséOù les histoires vivent. Découvrez maintenant