Véritablement véritable vérité

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   Le moment était venu, le sentiment si fort qu'il fallait le déclarer et ma détermination si préparé que mes pas m'avaient guidés. Le secret allait être dévoilé et la souffrance disséminé.


   La porte d'entrée avait été en vue. J'avais marché tranquillement jusqu'à cette fameuse maison. Je m'étais imaginé la scène plusieurs fois dans mon esprit, me convainquant que tout allait bien se passer. Mais prête à passer à l'action, mes pieds avaient refusés de faire le moindre mouvement, mon cœur avait pulsé plus fort contre ma poitrine et j'avais oublié de respirer.

   Un temps indéterminable s'était écoulé jusqu'à ce que cette porte d'entrée s'ouvre sur ma voisine. Mon amie s'était avancée vers moi, hésitante.

"Qu'est-ce qu'il y a Lili ?

-Angela..."

   A sa vue, mon cœur avait redoublé ses va et vient, mes jambes s'étaient mises à trembler légèrement, ma respiration s'était faite soudainement saccadé et je devais me concentrer sur la voix d'Angela pour ne pas entendre le sang qui coagulait dans mes oreilles.

"Qu'est-ce qu'il se passes Lili ?"

   L'inquiétude avait percé dans sa voix, je m'étais dit qu'elle pouvait s'attendre à tout, sauf à cette vérité inexplicable.

"Je t'ai déjà dit que je te trouvais super ?"

   Ma voix avait été d'une timidité rare, mes mots s'échappaient, ne trouvant rien à dire qui méritait de l'importance, ne trouvant rien qui pourrait décrire ce que je ressentais pour elle.

"Lili, quel est le problème ?

-J'aime bien quand tu prononces mon nom."

   Elle m'avait regardé sans comprendre et c'était tout à fait compréhensible.

"Sérieusement, il s'est passé quelque chose ?

-Non. Rien de grave en tout cas.

-Tu veux renter ?

-Non. Je vais devoir y aller, j'ai des devoirs à faire."

   Il avait fallu que je me lance, que je lui dévoile tout, alors j'avais fait une chose dont je ne me serais pas cru capable sur le moment, en cause de mon état physique pétrifié. J'avais prise Angela dans mes bras, noyant mon visage dans son coup, pouvant sentir son shampoing, caresser lentement avec ma joue sa peau sombre et douce. Elle avait hésité avant de me rendre mon étreinte, étant toujours en incompréhension des plus totales.

"Lili..."

   Je n'avais pas eu envie de répondre, rester ainsi pendant toute une éternité, mais mon éternité de paix n'avait duré que quelques secondes car j'avais eu une soudaine et surprenante vague de courage pour approcher mes lèvres de son oreille et lui murmurer ces mots :

"Je sais à présent pourquoi mon cœur bat, pourquoi mon sang continue à couler dans mes veines et dans mes artères, pourquoi je me bats tous les jours dans cette vie. Je sais ce que j'éprouve et je sais également qu'il me faut l'assumer. Angela, depuis que je t'ai rencontrée, j'ai tout de suite su que tu pouvais me comprendre, mais je n'aurais jamais pu deviner tout ce que j'allais ressentir juste en pensant à toi. Ça va te paraître fou mais c'est réel."

   Je m'étais reculé de quelques centimètres afin de pourvoir guetter les expressions de son visage avec la terrible envie de l'embrasser. Bien sûr, je m'en étais abstenu. Son visage n'avait reflété que de la surprise.

"Je ne comprends pas...

-Je suis amoureuse de toi."

   Angela avait tout de suite lu dans mes yeux que je n'avais pas plaisantés, que c'était vrai et que je ne m'amuserais pas à lui mentir. Elle avait aussitôt porté une main à sa bouche, les larmes aux yeux.

"Mais tu ne peux pas...

-Et pourquoi ça ? J'ai le droit d'aimer qui je veux !

-Mais... Et Clément ?

-Clément ? Je ne suis pas amoureuse de lui, je te l'ai déjà dit. C'est toi que j'aime Angela, je sais que ça peut paraître complètement dingue mais je t'aime."

   J'avais pris ses deux mains dans les miennes, plongeant mon regard dans le sien, oubliant tout le reste sans aucunes difficultés.

"Tu ne peux pas m'aimer...

-Si, je le peux, la preuve.

-Mais, Lili..."

   La tristesse avait marqué sa voix, j'avais lâché ses mains en me reculant d'un pas, soudainement en colère :

"Je ne peux pas décider de qui j'aime et de qui je n'aime pas. C'est comme ça, sinon crois-moi que j'aurais choisis quelqu'un qui pourrait m'aimer en retour comme moi je l'aimerais, mais ce n'est pas le cas. C'est toi que j'aime, pas quelqu'un d'autre, c'est toi et seulement toi et je n'y peux rien !

-Mais tu ne peux pas tomber amoureuse de moi, on est amies ! Et j'ai presque l'âge de ta mère !

-Et alors ? Clément aussi était mon ami et cela ne l'a pas empêché de tomber amoureux de moi. Je le sais, mais la différence d'âge ne me fait pas peur !

-Je suis hétéro Lili, je suis avec un homme.

-Je le sais, et je sais que tu l'aimes. Je ne veux que ton bonheur, même si j'avais espéré."

   Le calme était revenu plus vite que ce que j'aurais pensé. Je l'avais alors serré dans mes bras si fort que ma respiration en avait été coupée. Elle m'avait rendu mon étreinte en murmurant des excuses. Je m'étais ensuite écarté et avais conclu :

"Au moins je ne te l'aurais pas caché."

   Mes jambes m'avaient conduit chez moi machinalement, sans que je ne me sois retourné.


   Ces mots entendus avaient été enregistré dans ma mémoire et je savais que plus jamais je n'aurais pu les oublier.


Cœur briséOù les histoires vivent. Découvrez maintenant