Soutient

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Se rendre compte de sa faute, est essentiel pour pouvoir avancer.


   Clément m'ouvrit la porte de son appartement. Ses parents étaient sortis et ne reviendraient que le lendemain soir. Il m'avait expliqué que leur travail ne leur permettait pas toujours de rester très longtemps chez eux, ce qui lui laissait une liberté considérable, même s'il avouait ressentir un certain manque.

"Tu veux manger quoi ?

-Pizzas !"

   Il leva les mains en l'air en s'esclaffant :

"A vos ordres, je ferais tout ce que vous voudrez."

   Je lui lançais un regard entendu où il répondit par un petit rire. Il appela donc et, une fois la commande faite, me fit visiter son chez lui.

"C'est pas un grand appart, mais c'est suffisant."

   C'était chaleureux, accueillant et calme. Clément avait mis un fond de musique, un peu de jazz, pour ne pas que le silence nous envahisse. Il finit par sa chambre. Son parquet accueillait quelques feuilles tombées à terre, un bureau pourtant bien organisé et un lit avec ses couvertures en désordre. Sa fenêtre lui permettait une vue sur le parc et, en ce moment-même, sur la lune encore récente.

"C'est super."

   Ma réponse sembla lui convenir. La sonnette retentit et Clément partit ouvrir. Je le suivis et alors que je prenais les pizzas pour qu'il puisse payer, le livreur me lança un clin d'œil. Voyant que je ne répondis pas à son geste, il me lança :

"Je m'appelle Zachary, et toi ?

-Vierge Marie pour te servir, au revoir."

   Clément referma la porte en riant :

"J'espère qu'il n'espérait pas trop.

-J'espère que ce n'est pas le seul livreur du coin."

   Le jazz continuait en fond sonore alors que nous mangions les pizzas, assis par terre dans son salon. Il venait de déposer deux bières sur la table basse. Il me tendit la première, sans l'ouvrir et je restais un moment immobile. Je fixais la boisson. Cette boisson qui pouvait faire un peu de miracle, ce genre de miracle qu'on aime : l'oublie provisoire. Bon, il m'en faudrait sûrement plusieurs mais comme je ne tenais pas l'alcool, l'effet en serait plus rapide. Seulement... Seulement je savais que ce n'était pas la bonne solution. Me bourrer la gueule ne servirait à rien, oublier durant un moment ne ferait que renforcer la douleur quand tout me reviendrait en mémoire. Si je dois oublier, cela se fera naturellement, quand je serais en bonne compagnie, comme se soir par exemple. Je refusais d'un geste.

"Tant mieux, je suis content de l'entendre. C'était un test."

   Je le regardais, mi-étonnée et à la fois "fière" d'avoir réussi. Bon, c'était peut-être égoïste de penser ça, mais ça me faisait du bien. Il rangea les bières.

   Après manger nous allions dans sa chambre. Tous les deux penchés contre le rebord de sa fenêtre. Il devait sûrement assister à de beaux coucher de soleil.

"Tu comptes faire quoi ?

-Comment ça ? demandais-je.

-Est-ce que tu veux vraiment oublier tout ce qu'il s'est passé ? La dernière fois je t'ai demandé de le faire, de tout oublier, sans même te demander ton avis. Je veux dire... J'ai même pas cherché si ce serait bon pour toi d'oublier tout ça. J'ai...

-Je ne sais pas."

   Il s'était rendu compte de ses anciennes paroles et je me rendais compte que j'avais le choix.

"Je ne sais pas ce qui serait bon pour moi et... et si j'ai vraiment envie de faire quelque chose qui me ferait du bien.

-Tu hésites.

-Ouais."

   Il semblait me comprendre.

"Peu importe ce que tu choisisses, je serais là pour toi."

   Je le regardais droit dans les yeux. C'était sincère. Ma réponse l'était tout autant, comme un "merci" déguisé :

"Je sais."

Cœur briséOù les histoires vivent. Découvrez maintenant