-Louis-
''Je... Je peux pas Harry.'' J'étais partant, c'est vrai. J'ai dit oui. Je voulais bien essayer de retourner dans mon appart et arrêter d'encombrer ma mère ou Anne. Mais là, devant la porte, dans le couloir, la main sur la poignée, l'ouvrir devient quelque chose d'insurmontable pour moi. Trop compliqué.
''Allez mon bébé. Tu peux le faire.'' Je devrais parce que, quand j'étais à l'hôpital psychiatrique, ma mère payait pour moi, et maintenant, même si c'est moi qui paie, je n'y suis pas retourné. Ce serait mieux si je laissais l'appart à Jimmy. Si je déménageais. Je pourrais trouver un appart dans mes moyens. Il serait plus petit que celui-ci mais au moins j'en aurais un.
Les lèvres de Harry sur ma joue me ramènent à la réalité. Je frissonne et tremblote un peu. Je resserre ma prise autour de sa main et appuie sur la poignée en même temps. Jimmy n'est pas là, Mary non plus. L'appartement est vide, noir, froid et silencieux. Je pousse la porte du bout des doigts et elle ouvre le passage sur le vestibule. Je prends une inspiration et pose mon pied à l'intérieur. Je me débarrasse de mes chaussures, question d'habitude. J'emprunte le couloir en effleurant le mur avec mes doigts. Je remplis mes poumons de l'odeur familière qu'il y a ici, légèrement recouverte par celle d'une fille. La main de Harry se resserrent autour de la mienne, on est arrivé dans le salon. Le bar de la cuisine est sur notre gauche. Je tremble et frisonne en voyant le canapé sur lequel j'ai dormi et sur lequel j'ai fait ce cauchemar. Depuis, c'est toujours le même cinéma la nuit : Je fais un cauchemar, je pleure parfois cri. Quelqu'un vient me calmer dans mon sommeil ou alors je me réveille en sursaut avec les mains tremblantes parfois légèrement couvertes de sang à force de gratter et griffer ma peau dans mon sommeil.
Je fais un pas et observe le bar. La corbeille de fruit monotone tout le temps vide qu'il y a dessus. Je passe derrière et regarde le sol, là où je me suis tenu, là où j'ai attrapé le couteau en céramique pour m'ouvrir les hanches, là où Jimmy a versé les premières larmes que je lui ai vu, là où j'ai voulu mourir. Je pose mes doigts sur le plan de travail et avance jusqu'au tiroir. Je ferme mes doigts autour de la poignée et tire pour l'ouvrir. Le couteau a disparu. Puis je me rappelle qu'il c'était brisé quand Jimmy est arrivé. Je regarde ma main. J'avais oublié. Ma main. Il y a de petites cicatrises blanches dessus, là où ma main s'est ouverte quand elle est tombée dans la céramique brisée. Je referme le tiroir d'un coup sec et fais demi tour. J'en ai vu assez, j'en ai vu assez, j'en ai vu assez. Je m'apprête à retourner à l'extérieur, mais Harry attrape mon épaule pour que je ne bouge pas. ''Louis. Affronte tout ce qui te fait peur, sinon ça n'ira jamais mieux.''
Je me tourne vers lui et lui lance un regard implorant. Il l'ignore ouvertement et me fait signe de continuer ma visite. Je m'exécute, de toutes façons le pire est passé. J'entre dans ma chambre. Elle n'a pas bougé. Mon lit est toujours défait de la même manière que je l'avais laissé et le bordel est toujours pareil. C'est ici que j'ai fait les premiers cauchemars, mes crises de larmes.
Je ressors en secouant la tête et retraverse le salon sans prêter attention à la cuisine et entre dans la salle de bain. C'est là que j'ai vu mon état empirer, se dégrader. Là que j'ai remarqué que j'étais incomparablement laid. J'observe mon reflet dans le miroir. C'est là que j'ai fait mes premières cicatrices. Je déglutis.
J'observe le rasoir avec attention en tremblant. Je le scrute sous tous ses angles, tous les côtés. Je reporte mon attention sur le miroir en face de moi. Jimmy n'est pas là. Je peux en profiter, je ne pense pas pouvoir faire un truc pareil si il est à côté. J'hésite. Le faire ou pas ?
Je mérite une punition. J'ai fait du mal à beaucoup trop de monde, je mérite d'avoir mal, je mérite de voir mon sang couler, de souffrir. Je le mérite, je suis un poids pour tout le monde, je mérite d'être puni et si personne ne veut le faire alors je le ferai moi même. Je ferme les yeux un instant pour empêcher mes larmes de couler. Je prends une inspiration et sers la mâchoire. J'explose le rasoir contre le bord du lavabo et récupère une lame. Le métal froid brûle ma peau. Je tends mon bras gauche devant moi et pose le bord de la lame sur ma peau nue. Je réfléchis. Sur le bras. L'endroit où tout peut être vu. Ce n'est pas assez discret.
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Time has passed, Forgive yourself (Larry Stylinson)
FanfictionLouis vivait heureux. Vingt trois ans, dernière année à l'université, de bons amis. Puis soudain... Un réveil, des souvenirs, de la peur, de la douleur... Et de la culpabilité. Et vous? Pourriez vous vous pardonnez? _________ Où: Harry, Louis et Z...