Peter, debout, tenant Gabriel fermement devant lui, avec un poignard posé sur sa gorge.
"Peter, qu'est-ce que tu fais ?!" lui hurlai-je.
- La ferme ! Si tu souhaites qu'il reste en vie, connecte toi à l'île et rétablis sa structure ! cria-t-il.
- Quoi ?! Tu déconnes, là j'espère ?! Et pourquoi tu fais ça ?!
- Comme je te dis, répondit-il avec un sourire narquois, si tu veux qu'il vive, connecte toi maintenant !
- Elsa ne fais pas ça, ne l'écoute pas, il veut détruire l'île ! Me cria Gabriel. Peter le coupa en lui assénant un coup de poing dans la mâchoire, et Gabriel recracha mince un filet de sang, sonné.
- Arrête ! Ne le touche pas ! Criai-je, paniquée. J'arrête de me connecter uniquement si tu relâches Gabriel !
- Hors de question, répondit-il, son éternel sourire vicieux lui déformant le visage. Tu te connectes maintenant, et seulement après, je le relâcherai, enfin, on verra... Ricana-t-il méchamment.
Je ne savais plus quoi faire. Je ne pouvais ni utiliser ma magie, au risque qu'il tue Gabriel...
- Pourquoi tu fais, ça, Peter ?
Il sourit : - Parce que, vois-tu, si tu continues à te connecter à l'île, tu finiras par rétablir sa structure. Certes, cela te tuera, comme te l'avait avoué notre vieil ami...
Je repensai à Jack et à sa mort tragique. Mon coeur se serra.
Il continua : ... Cependant, si l'île n'est plus en péril, je récupère mes pouvoirs, et redeviens le maître de Neverland... Je veux juste accélérer les choses... Je t'avais conseillé de faire attention à la quantité de magie que tu délivres, tu te souviens ? C'était pour gagner ta confiance. Pour que tu prennes ton temps, et comme tu écoutes rarement ce que l'on te dit...
Je sentais ma colère monter d'un cran. Mon ami était pris en otage par son propre frère... S'il fallait tuer Peter, je n'hésiterais pas une seule seconde, mais Gabriel... Je ne voulais en aucun cas le blesser...
J'étais obligée de me connecter, dans les deux cas, si je rétablissait la structure ou non, j'allais mourir... J'étais piégée, je ne pouvais rien faire. Le seul moyen de sauver mon ami était de me connecter... Comme s'il lisait dans mes pensées, Peter sourit. Il me dégoûtait. Je commençais à me baisser vers le sol. J'entendis Gabriel se mettre à crier :
- Elsa non ! Ne le fais pas, ne l'écoutes pas !!!
Trop tard. J'abattis ma main contre la terre. A ce moment là, tous les sentiments que j'avais refoulés durant mon enfance me revinrent de plein fouet. La peur, la colère, l'inquiétude, la tristesse, le désespoir, la joie, les rires, l'amour...
La terre rayonna d'une lumière dorée et une onde de choc se déclencha, secouant toute l'île et couchant les arbres autours de nous. Peter maintenait toujours Gabriel contre lui, le couteau toujours contre sa gorge, malgré les vents qui fouettaient la végétation et soulevaient la poussière. On aurait dit une tornade. Peter écarta les bras en relâchant Gabriel, comme pour accueillir la magie environnante. Elle le frappa, et il se mis à briller d'une lumière verte. Je vis Gabriel tenter d'avancer vers moi. Soudain, tout s'arrêta d'un coup, Peter retomba et je m'effondrai sur le sol.
Lorsque j'ouvris les yeux, je me mis à genoux et regardai autour de moi. Je vis Gabriel se relever tant bien que mal, puis se précipiter vers moi pour m'étreindre.
-Tu est folle, Elsa... Tu l'as fait pour moi ?
- Oui, parce que je t'aime.
Il pris mon visage entre des mains, et alors qu'une larme coulait sur ma joue, il l'essuya, me regarda dans les yeux. Il avait des yeux magnifiques. Puis il m'embrassa. Le temps s'arrêta pendant de longues secondes. Ce baiser était magique.
- Moi aussi je t'aime, Elsa, souffla-t-il, alors que nous nous séparions.
Soudain, il s'écarta brusquement de moi, en regardant a droite, une terreur sans nom dans les yeux. Je suivai son regard et vis Peter. Il avait une arbalète dans les mains. Et il visait Gabriel.
La tension était à son comble. Personne ne bougeait. Je vis Peter sourire méchamment, et souffler :
- Et voilà le meilleur moment...
Il tira. La flèche fendit l'air. Et au moment où elle allait toucher Gabriel en plein coeur, je me précipitai devant lui. Une douleur. Je posai la main sur mon ventre, puis regardai. Je saignais. Et beaucoup.
Je me senti vaciller, et pris ma tête dans mes mains, tout tournait autour de moi. Je tombai à la renverse mais quelqu'un me rattrapa par derrière. Je détournai légèrement le regard et reconnu Gabriel. Il était paniqué. Il entoura mon visage de ses mains, et une larme coula le long de sa joue blessée. La chaleur de ses paumes me rassurait. La dernière chose que je vis fut ce même visage murmurant « ne pars pas, Elsa, je t'en prie... Je t'aime ».
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Never Lands
FantasyJ'observais avec fascination le ciel nocturne de Londres, la lumière des lampadaires filtrant à travers mes rideaux bleus. Assise sur le bord de la fenêtre, les jambes fouettant l'air et, attirée par le vide sous mes pieds, j'attendais, j'écoutais...