Je me reveillai, le soleil était haut dans le ciel.
- Bien dormi ?
Je me retournai vivement, m'attendant à tout moment à voir Pan. Je cherchais le propriétaire de la voix. Soudain, il apparu devant moi, c'était un jeune homme du même âge que Peter environ, qui lui ressemblait, mais ce n'était pas lui. Il était torse nu, ce qui me permit de le détailler : il était grand, musclé, mais contrairement à Pan il avait des cheveux noirs comme les ailes d'un corbeau. Ses yeux bleu foncés me regardaient d'un air intrigué, il avait un grand sourire sur les lèvres. Il paraissait digne de confiance, contrairement à Pan, qui me regardait souvent avec un air de supériorité. Détestable.
- Heu... oui, merci, répondis-je machinalement, en me relevant, me mettant à présent en position assise. Je suis où ?
- Chez moi ! Il arborait toujours son grand sourire, qui apparemment devait rarement le quitter. Comment tu t'appelles ?
- Moi ? Oh, heu... Elsa... et toi ?
Son air sympathique m'avait tout de suite mise en confiance. Je décidais que je n'avais rien à perdre, avec un peu de chance, ce n'était pas un garçon perdu, donc pas un sbire de Pan. Mais je ne pouvais m'empêcher de bégayer lorsqu'il me parlais.
- Je m'appelle Gabriel... Que fais-tu là, je n'ai jamais vu de fille à Neverland ?
- Je sais. Mais j'ai atterri là sans savoir pourquoi, c'est Pan qui m'a sauvée, je voulais mourrir...
Son visage s'assombrit, mais un voile de compassion passa dans ses yeux.
- Oh...
Il s'assit à coté de moi, posant le sac de toile qu'il avait dans les mains.J'avais remarqué que lorsque j'avais prononcé le nom de Peter, un malaise s'était installé.
- Tu le connais ?
- Qui ?
- Fais pas l'idiot, Gabriel, je parle de Peter Pan ! Tu le connais ?
- Oui... je suis un ancien garçon perdu, mais j'ai déserté et maintenant il en a après moi, confia-t-il en baissant les yeux.
Merde, il avait encore fallu que je dise une connerie et que je blesse quelqu'un avec mes questions. Quelle idiote !
- ... Je suis désolée si je t'ai blessé... M'excusai-je.
- Ce n'est rien. Il se releva, et repris son sourire habituel. Il se leva et ouvrit son sac de toile qu'il avait dans les mains quand je l'ai rencontré. Le sac était rempli de fruits.
- Tu as faim ? me demanda-t-il.
Nous mangeâmes de bon coeur, j'apprenais à le connaître, puis il était drôle et gentil. On rigolait pour rien, j'apprenais à le connaître, il me racontait ses débuts en tant qu'orphelin devenu garçon perdu, puis déserteur depuis quelques mois, à cause de l'autorité exessive de Peter Pan. Au bout de quelques heures, quand la nuit tomba, nous étions devenus proches. Il me traîtait comme sa petite soeur, car il avait un an de plus que moi, et cela me faisait rire. Il m'avait montré la plage en fin d'après-midi ainsi que les quelques endroits importants à connaître autour de la grotte qui nous servait d'abri. Il m'avait aussi appris à tirer à l'arc en cas d'attaque, remarquant à mes tirs que je ne débrouillais étonnament bien. "T'as ça dans le sang", m'avait-il dit.
Après une deuxième journée, nous étions inséparables. En fin de soirée, après avoir mangé, je voulu faire un tour en bord de mer, seule, pour réfléchir. Gabriel me comprenait, c'est pourquoi il n'a pas refusé, bien qu'il m'ait donné un arc et des flèches et qu'il m'ait conseillé de hurler en cas de problème. Un vrai grand frère. Je me sentais bien en sa présence, il me rassurait, j'avais enfin l'impression d'avoir de la famille. En arrivant à la plage, je me rendis compte que je souriait. Une chose qui ne m'était plus arrivée depuis longtemps. Je m'assis dans le sable blanc, mes pieds devant moi qui se mouillaient à chaque vague. J'écoutait la mer.
- Alors, t'as compris ?
Je me retournai d'un coup, me relevant par la même occasion, sur le qui-vive. Peter Pan était là, appuyé à un arbre, souriant méchamment. J'avais décoché une flèche, prête à tirer.
- Tu ne tireras pas, dit-il.
- Tu m'as abandonnée ! Crai-je. Tu n'as pas d'autorité sur moi, je ne serai pas ton esclave, je ne t'obéirai jamais, tu entends ?
Il ricana. Il me faisait peur, à présent. Mon sauveur me faisait peur. Il était entre moi et la forêt, je ne pouvais pas m'échapper. La marée montait rapidement, et je ne voulais pas me retrouver à l'eau.
- Je sais que tu as peur, lança-t-il
- Je n'ai pas peur, crachai-je violemment. Après un instant, son sourire m'exaspérais. Je repris : Pourquoi m'as-tu sauvée, moi, une fille qui-plus-est ?
- J'ai bien peur que tu doives ta passer de cette réponse, ma belle.
Je bouillais intérieurement. Je sentais que je n'allais pas pourvoir contenir ma rage plus longtemps sans lui sauter dessus et l'étrangler là, sur la plage. Je tirai ma flèche. J'avais un courts instant espéré qu'elle le blesserait au bras et que je pourrai plus tard lui faire avouer pourquoi j'était là. Mais je fus stupéfaite de la voir avec la flèche dans la main droite, en train de jouer avec comme avec un ballon, essayant de la faire tenir en équilibre sur son doigt, toujours en souriant.
- Mais qu'est-ce que... ?!
La nuit étais tombée, mais je voyais parfaitement bien Pan se foutre de moi sous mes yeux, le regard amusé. Sale gosse ! pensai-je. Ma rage était telle que je pouvais sentir l'énergie de la haine et de l'incompréhension couler dans mes veines. Je serrai les poings tellement fort que je risquait de me faire claquer une phalange.
- Tu devrais voir ta tête ! souriait-il.
Soudain, le visage juvénile et amusé de Pan blêmit d'un seul coup. Il me regardait, une crainte incompréhensible voilant ses beaux yeux verts. Gabriel arriva en courant à ce moment -là. Il avait dû s'inquiéter car je mettait du temps à rentrer. Lorsqu'il aperçu Pan, leurs regards se croisèrent, ils se regardèrent d'un oeil mauvais.
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Never Lands
FantasyJ'observais avec fascination le ciel nocturne de Londres, la lumière des lampadaires filtrant à travers mes rideaux bleus. Assise sur le bord de la fenêtre, les jambes fouettant l'air et, attirée par le vide sous mes pieds, j'attendais, j'écoutais...